On ne peut s’empêcher de tenir les narines quand elle est présente dans une salle. Elle est méconnaissable. Le côté gauche du visage est brûlé. Il n’y a pas de peau sur la joue, la tempe et le front. L’œil se ferme à peine. Les seins ont des plaques rougeâtres. Une blessure en début de putréfaction dans le dos. Les cuisses et les fesses portent des marques qui attestent du récent contact de la peau avec un fer à repasser chaud. Un corps mutilé. Pourtant jusqu’au dimanche 25 mars 2007, la jeune femme n’imaginait pas le drame qui la guettait.
"Nous revenions d’un voyage où j’avais accompagné mon mari récupérer un enfant qu’il a fait hors mariage quand mon téléphone a sonné. Pendant que je m’apprêtais à répondre mon correspondant à raccroché", explique-t-elle avec difficultés car le fait de parler sollicite les muscles du visage traumatisés.
Slip
Après un moment, elle poursuit : "Arrivés à notre domicile, mon mari a voulu savoir qui m’a appelé. J’ai dit que je ne reconnaissais pas le numéro. Pendant que je prenais mon bain, il a regardé le numéro qui était encore affiché, ensuite il s’est mis à me frapper et pris le fer à repasser et m’a repassé comme un tissu ". Delphine Mbenga n’a eu la vie sauve que grâce à sa voisine qui a cassé la porte et fait appel à ses parents qui l’ont conduite à l’hôpital militaire de Bonanjo. Qu’est-ce qui a pu susciter cette réaction chez un homme apparemment normal ?
Un seul coup de fil n’aurait pas justifié un tel acte, ce que confirme d’ailleurs l’auteur du crime. Tout commence au mois de février 2007 lorsque le petit frère de Victor Mbenga, qui réside en France, est en congé à Douala chez son frère. "Après son arrivé, il a commencé à avoir une attitude peu normale vis-à-vis de ma femme.
Deux fois de suite, rentré à la maison à l’improviste, je l’ai surpris sortant de ma chambre à coucher torse nu et quand j’y suis entré ma femme était en train d’enfiler son slip", raconte Victor Mbenga pour se défendre. Pourquoi n’a-t-il pas réagi à ce moment ? Il se réfugie derrière de molles excuses " j’ai refusé de croire qu’il couchait ensemble parce que j’avais honte. Je n’ai rien dit, mais ils ont continué. Mon épouse à même pleurer le jour de son départ".
L’appel du 25 mars dernier a été l’affaire de trop, car il avoue " avoir fouillé le téléphone de ma femme et rappeler le même numéro. C’est alors que je me suis rendu compte que c’est celui de mon petit frère qui a prétexté s’être trompé car il voulait plutôt joindre notre père. Je suis devenu fou de jalousie et j’ai de la peine à croire que j’ai fait ça". Delphine Mbenga a porté plainte à Victor Mbenga à la Légion de gendarmerie à Bonanjo d’où il a été déféré au Tribunal de grande instance de Douala vendredi 30 mars 2007.
Source: Quotidien Mutations
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