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Douala : les cybercafés ne se sucrent plus
(02/04/2007)
Pour attirer une clientèle comme blasée et pour survivre, les tenanciers proposent d’autres services et améliorent leur cadre.
Par S.T

C’est décidé. Blandin Ngatchou, jeune homme d’affaires un brin Bcbg, va prendre une connexion Internet au bureau. La nouvelle ne fait franchement pas plaisir aux deux ou trois employés de l’Oubangui.com, cybercafé couru au quartier Akwa. Ça leur fait un client en moins. Et quel client ? Huit heures d’Internet par jour en moyenne ! Blandin s’en va parce que le cybercafé vient d’augmenter ses tarifs. " Le cadre était bien, dit-il, les prix abordables. Mais je ne supporte pas cette augmentation et je ne veux même pas savoir à quoi elle est due ". Euh, ça nous intéresse, nous.

Ça ne va pas fort pour les cybercafés à Douala, ces temps-ci. Plusieurs ont même mis la clé Usb sous le paillasson. Toujours à Akwa, Cyberix et Dot.com avaient pignon sur rue, le boulevard de la Liberté en l’occurrence. Ils ont fermé alors même que, visiblement, ça marchait. D’autres enseignes tiennent la route. A quel prix ? Rentrons donc à l’Oubangui.com. Le proprio n’a pas fait dans la dentelle. Baie vitrée. Salle climatisée ou plutôt " splittée ". Une dizaine de boxes dont les occupants et occupantes sont protégés des regards indiscrets par… des rideaux roses. Ça ne s’invente pas.

Des rideaux roses ? Bien vu en tout cas, quand on sait ce qui se passe derrière. Bonjour la webcam. " Internet oooyé, viens nous sauver. La vie est ndjindja au pays… " Intermède musical signé John Boergson. Il y a aussi deux cabines téléphoniques pour exclusivement joindre l’étranger. Ici, on ne fait donc pas que de l’Internet. Tenez, voici, collée à la paroi du comptoir, une feuille sur laquelle on peut lire que l’établissement propose bien d’autres services : " Impression noir et blanc, impression couleur, scanner, photocopie, photocopie couleur, gravure avec Cd du cyber, gravure avec cd du client, fax urbain, réception de fax ".

Ouf, ça fait beaucoup et ça rappelle cet autre cyber qui est à la fois un laboratoire photo, toujours à Akwa. Panja Maurice, le jeune webmaster de chez l’Oubangui.com, explique : " Nous diversifions nos activités pour attirer le maximum de clientèle et pour rentabiliser davantage notre commerce. Le cybercafé seul ne peut donner la marge suffisante pour équilibrer entrées et sorties, bref pour amortir l’investissement et faire tourner l’affaire.

Les charges sont de plus en plus lourdes : le loyer, la bande passante, l’électricité, le personnel, etc… " Voilà donc pourquoi les prix de la connexion Internet en particulier ont augmenté. 400 francs pour les 31 minutes, 700 francs pour les 1 heure et 31 minutes, 1 400 francs pour les 2 heures 02 minutes.

Confort et multiservice

Des prix qui n’ont rien à voir avec ceux pratiqués en dehors d’Akwa, de Bonanjo ou de Bonapriso où l’heure de surf ne coûte que 300 francs Cfa. Et même moins à Makepe où Henriette tient, selon l’enseigne, un salon de coiffure. Seulement, une fois à l’intérieur, la jeune fille qui vient faire ses mèches, s’aperçoit qu’elle peut également se connecter pour parler avec son correspondant. " Internet oooyé, viens nous sauver ! ".

Quatre machines d’une génération antédiluvienne sont là. Le débit n’est pas très pressé et il faut être patient. De toutes les manières, on n’a pas beaucoup le choix de ce côté-ci de la ville où les cyber sont de moins en moins nombreux. Pour le confort, faudra également repasser.

Oh bien sûr, fait remarquer Julie Burrel, propriétaire d’un cybercafé plutôt chic à Bonanjo, " ça n’a rien à voir avec nous ". En effet, chez elle, tout près des grandes banques et sièges de compagnies aériennes, c’est le nec. Et l’histoire est encore plus curieuse. Mariée à un expatrié, cette brave Camerounaise a ouvert une agence de voyages il y a quelques années. Avec le développement du billet électronique, il lui fallait une bonne connexion Internet. Aucun provider local ne l’a satisfaite et c’est à l’étranger qu’elle a trouvé le bon.

Pour faire d’une pierre deux coups, Julie profite de sa connexion super haut débit pour installer un cyber. Son local a une mezzanine et c’est là haut que la salle Internet est logée. Avec des machines à écran plat -excusez du peu- et d’autres commodités pour asseoir le confort de ses clients. Elle vient même de changer les chaises du cyber. Encore un investissement qui lui rappelle les 700 000 francs qu’elle a déboursés pour chacune de ses machines. Ici également, l’air est conditionné, il y a la moquette. On peut faire des photocopies et appeler à l’étranger.

Contrairement à Julie, Maurice, lui, fait des statistiques. A une époque, les cyber étaient bien plus fréquentés qu’aujourd’hui. 80 personnes en moyenne poussent la porte chaque jour. Il y en a beaucoup moins pendant le week-end. La fréquentation chez Julie est bien en deçà de ces chiffres et c’est de là que vient une partie de ses ennuis. " J’ai imaginé des trucs pour que, en un même lieu, le client trouve plusieurs services.

Mais les tracasseries des Impôts sont telles que je me demande si j’ai eu raison d’investir autant d’argent que je ne l’ai fait. Je n’ai vraiment pas le sentiment que le cyber était une bonne idée. De toutes les manières, le mois prochain, je ferme et je quitte le pays ". La vérité claque. Alors que la voix de Julie Burrel baisse d’un ton.


Source: Cameroon Tribune


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