Nadia, jeune mannequin
Ebenezer Bona est cadre dans une entreprise à Yaoundé. Ceux qui ont assisté, le vendredi 16 mars 2007 à la soirée organisée à l'occasion des dix ans de l'agence de mode Sonomod ont pu le voir sur les planches.
Car, en fait, le jeune homme est également mannequin. Et malgré son autre activité, il ne manque pas, lorsqu'il en a l'occasion, de s'offrir le plaisir de défiler. Car, en fait, le mannequinât, pour lui aujourd'hui, est plus une distraction qu'autre chose. "J'y suis arrivé parce que j'aime le contact avec le public, c'est un hobby." Un hobby, pas un métier, semble-t-il sous entendre. Une raison sans doute pour laquelle, il a poursuivi ses études, a suivi une formation en marketing, pour finalement se trouver un métier.
Rosine Wakap, elle, a été élue Top model 1999. Pourtant, elle n'a pas fait du mannequinat une profession. Après 7 ans d'activité, elle est aujourd'hui hôtesse à la Camair, mais n'oublie pas que cet emploi, elle le doit à son passé de mannequin. "Grâce à la mode, j'ai pu avoir un boulot à la Camair", indique-t-elle. En fait, Rosine Wakap s'est retrouvée dans la mode un peu par hasard. "J'étais en classe de première, j'avais 16 ans et on me disait toujours que je pouvais faire du mannequinât. Plus tard, j'ai remporté le concours miss Afrique images et je suis allé à l'émission Tam Tam week-end. Là, j'ai rencontré Renel Kok, qui m'a convaincu de travailler avec lui."
A partir de ce moment-là, pour le nouveau mannequin, il va falloir vivre au rythme de trois séances de gymnastique par semaine, d'une alimentation contrôlée, et de défilés. Mais pour Rosine Wakap également, il faudra arrêter pour faire un "vrai " travail. "Je ne pouvais pas travailler en même temps que je continuais à défiler. Déjà, j'avais changé de ville, et en plus, avec la Camair, j'avais un salaire alors que dans la mode, ce n'est qu'à l'occasion d'événements qu'on avait un cachet ", affirme-t-elle. Renel Kok, responsable de l'agence Sonomod, la toute première agence de mannequin au Cameroun, indique d'ailleurs que la plupart de ses mannequins poursuivent leurs études. Celles qui sont au Cameroun, tout comme celles qui ont choisi de s'exiler à l'étranger. Et lorsqu'il jette un rapide coup d'œil dans le rétroviseur des différentes éditions de l'élection top Model que son agence organise depuis huit ans, le constat est encore plus saisissant. La toute première, Audrey Balana ? "Elle est en France et a déjà en âge avancé". Et les autres ? Selon Renel Kok, Dorothée Mbamba est à Genève.
Minime est installée en Italie et défile de temps en temps. Edith Cissé fait des études d'aéronautique. Kati Bâ s'est envolé pour la France il y a quelques jours, pour rejoindre son tout nouvel époux. Clémence Mbega séjourne à Francfort en Allemagne où elle poursuit ses études. Solange Klorane, après l'obtention de son baccalauréat au Cameroun s'est inscrite à l'université. Quant à Ghislaine Ella, la toute dernière lauréate, elle est actuellement étudiante en deuxième année de biochimie à l'université de Yaoundé I.
De toute la série, il n'y a véritablement que Christin Bell, top model 2005, qui mène aujourd'hui une activité de mannequin professionnel. Elle est installée en France où elle tourne avec le styliste et mannequin camerounais Imane Ayissi. La jeune fille, au Cameroun, a travaillé pour les agences First Model, Sup Star et Sonomod, avant de s'envoler, il y a quelques mois, pour la France.
Le faible taux de mannequins qui se sont véritablement installés dans la profession ne semble pourtant pas poser de problème pour Renel Kok qui, en 1997, a pensé que mieux organisés, les mannequins seraient non seulement mieux formés, mais pourraient également mieux vivre de leur art. Le mannequin d'alors avait alors décidé de s'ériger en formateur et en manager. Aujourd'hui, il pense que les choses ont bien évolué.
"Les mannequins sont mieux formés et mieux suivis", avoue-t-il. Il se félicite surtout de ce que les mannequins peuvent désormais percevoir des cachets don ils n'auraient pas rêvé à l'époque. "Le Top Model 2006 a perçu un cachet de 500 000 Fcfa", indique-t-il. Il précise aussi qu'en général, les cachets des mannequins, pour les défilés au Cameroun, se situent autour de 50 000 Fcfa et vont même à 100 000 Fcfa lorsqu'ils sont payés par le ministère de la Culture.
Concernant les contrats qui lient les agences (dont juste quelques unes sont légalisées) aux mannequins, ils diffèrent selon les cas. A Sonomod, l'agence prélève 30% du montant de la rémunération. Du côté des mannequins, pourtant, on ne semble pas vraiment voir l'embellie qu'annonce Renel Kok. Même si Ebénézer Bona pense que l'on ne peut pas vivre sans espoir, il affirme qu'il faudra d'abord que la société camerounaise change le regard qu'elle porte sur les mannequins. Pour lui, la société camerounaise continue à considérer les mannequins comme des personnes qui n'ont pas trouvé mieux à faire. "Au Cameroun, vivre de cet art, c'est une utopie. Le styliste qui est la pièce maîtresse ne vit déjà pas de son art, ce n'est pas le mannequin qui va s'en sortir. " Rosine Wakap émet la même réserve : "Un mannequin vivre de son art ?
Au Cameroun non, mais peut-être en Afrique de l'Ouest" Quelques groupes, formels ou non, continuent cependant au quotidien de canaliser le rêve de jeunes gens qui veulent devenir mannequins. A Sonomod, on a décidé de faire de la lutte contre la prostitution un leitmotiv et de ne plus admettre que des mannequins ayant au minimum le baccalauréat. Et que ce soit dans cette agence ou dans les autres, on continue d'attendre la manne que constituent les défilés, mais surtout les contrats publicitaires. Et c'est pourquoi Renel Kok insiste particulièrement auprès de ses mannequins sur la notion de droit de l'image, qui constitue un élément fondamental de leur formation.
Source : Quotidien Mutations
|