De l’extérieur, l’on peut apercevoir, des personnes bien nippées en pleine conversation. Quelques hôtesses s’activent. A l’intérieur de la barrière, une odeur de peinture accueille le visiteur. Dans la manufacture proprement dite, au milieu d’un vacarme assourdissant, une trentaine d’employés en tenue de circonstance sont en pleine activité. Qui pour empaqueter les cigarettes, qui pour s’assurer que les emballages sont bien placés, qui pour détecter l’intrus dans la chaîne de production.
Sous une surveillance stricte d’un asiatique. “ Je manque des mots pour vous dire ce que je ressens aujourd’hui. Rares sont ceux qui comme moi savaient que la Sitabac va reprendre ses activités un jour. C’est un grand jour pour moi… ” Le quinquagénaire – quinze années au service de la société industrielle de transformation du tabac (Sitabac) – ne peut retenir ses larmes. Pour lui, le rêve est devenu ; la Sitabac relance ses activités.
La relance est officiellement confirmée quelque instant plus tard par James Onobiono, le Pdg de la Sitabac, au cours d’une conférence de presse. Devant les journalistes, M Onobiono signe son retour sur le marché par le lancement d’une nouvelle marque de cigarette. “ C’est une cigarette fabriquée à partir d’un mélange des meilleurs tabacs du Cameroun et d’ailleurs par des Camerounais et pour les consommateurs exigeants… ”
Défier les contrebandiers
Sur les raisons de la suspension de ses activités, le Pdg de la Sitabac évoque les maux qui minent l’économie camerounaise à savoir la contrebande, la fraude douanière, la concurrence déloyale, la corruption, la pression fiscale… “ Il est difficile pour toute entreprise camerounaise dans un environnement comme celui dans lequel nous évoluons de lutter contre tous ces maux… ” Question de journaliste : le contexte économique reste le même avec les mêmes maux.
Comment allez vous faire pour ne pas suspendre une fois de plus vos activités ? Réponse “ Avec les prix que nous pratiquons, nous allons défier les contrebandiers. Nous allons jouer sur leur terrain et je suis sûr que nous allons nous en sortir… ” Et d’interpeller le gouvernement afin qu’il apporte des solutions idoines aux freins à l’investissement privé. 2 milliards de Fcfa sont investis pour la relance de la Sitabac.
Le centre de formation et de traitement de tabac (Cepfort) de Bokito dans le Mbam et Inoubou a relancé ses activités. Ce qui va permettre de maîtriser entièrement le cycle de production, depuis la plantation du tabac jusqu’à la cigarette finie, “ contribuant ainsi à réduire le prix de revient de la cigarette et surtout de préserver les devises pour notre économie ”. James Onobiono révèle aussi à la presse que tous les investissements pour la relance le sont sur fonds propres. Il se refuse d’évoquer le départ du Cameroun de la British American Tobacco (Bat)
La Sitabac en chiffres
Créée en 1983, la société industrielle des tabacs du Cameroun (Sitabac) est une société anonyme au capital social de 9,356 milliards de Fcfa. Dès 1985, elle lance la production de cigarettes sous la marque Delta dans sa nouvelle usine de Bassa au Pk 14. Construite sur 15 000 m2 dont près de 7 000 m2 couverts. Elle a une chaîne de production à la pointe de la technologie d’une capacité de production de 2,5 milliards de cigarettes par an.
En 1993, la Sitabac crée un centre de traitement et de préparation de tabac à Bokito. Cout total de l’investissement 15 milliards de Fcfa. Entre 1987 et 1993, la Sitabac représente 60% de parts de marché de la cigarette au Cameroun. Depuis sa création en 1983, cette société a versé 165 milliards de Fcfa de taxes et autres impôts. Plus de 500 emplois directs créés.
Source: Le Messager
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