“ Quand nous avons découvert le corps, lundi 12 mars vers 15 heures, il était déjà en état de décomposition avancé. Nous avons dû acheter certains produits pour permettre aux sapeurs pompiers de Ngodi, de travailler en toute sérénité. ” Le chef de la division provinciale de la police judiciaire (Dppj), du Littoral à Douala, ne trouve pas de mots plus justes pour dire l’horreur de la découverte en pleine capitale économique du Cameroun. A Bonaloka, un quartier situé sur l’axe lourd Douala-Yaoundé, juste à proximité de la Société camerounaise des pâtes alimentaires, dans l’hôtel Le Golfe.
C’est là que le corps sans vie d’un Noir Américain, dont le titre de séjour délivré par les autorités camerounaises et en cours de validité, indique qu’il répondait au nom et prénom de Late Willy, né aux Etats-Unis en 1938, est resté enfermé plusieurs jours dans l’indifférence générale. “ J’ai senti une odeur nauséabonde se dégager d’une chambre et inquiet de ce que je n’avais pas vu depuis plusieurs jours le locataire qui l’occupait, j’ai décidé d’alerter la police judiciaire ”, confiera celui que tout le monde appelle affectueusement Papa Paul dans le coin. C’est lui le propriétaire de ce vieil édifice dont les murs extérieurs ont été badigeonnés à la chaux vive pour tromper la vigilance des clients. C’est aussi dans ce bâtiment que logeait le noir américain depuis au moins l’an 2000.
Autopsie
Après un examen furtif du cadavre, le verdict du médecin légiste, le Dr. Djoméni Bruno de l’hôpital Laquintinie est sans appel : “ c’est un homme qui est mort depuis au moins mercredi 7 mars ”. Il est donc curieux que, malgré les odeurs de putréfaction, la direction et le personnel de l’hôtel n’aient pas donné l’alerte beaucoup plus tôt.
Depuis, le corps a été déposé à la morgue de ce même hôpital en attendant une autopsie. “ Dès qu’il y a une mort suspecte, nous demandons systématiquement qu’une autopsie soit pratiquée. C’est la manière la plus sûre, parce que scientifique, de connaître les causes réelles de la mort ”, explique le patron de la Pj dans le Littoral qui a par ailleurs ouvert une enquête dans le même sens.
De quoi est mort cet homme réputé mystérieux, vivant seul dans le cadre lugubre de l’hôtel Le Golfe ? Bien malin qui se hasarderait à le dire, sans attendre les conclusions du rapport d’autopsie. Ce qui en revanche est incontestable, c’est que l’on a retrouvé dans les effets de Late Willy, une boîte de Maalox, ce médicament utilisé contre les problèmes gastriques. Des témoignages indiquent par ailleurs qu’il avait des problèmes d’hypertension. Le personnage n’en demeure pas moins couvert de zones d’ombre. “ Personne ne savait vraiment ce qu’il faisait, s’il travaillait ou même s’il avait une famille au Cameroun ”, reconnaît-on dans le quartier Bonaloka. Tout ce qu’on sait, c’est qu’il payait régulièrement sa chambre d’hôtel, 65.000 Fcfa par mois. Une somme qui lui était versée régulièrement par sa fille qui vit aux Etats-Unis. Autre énigme à propos de ce Noir Américain, sa carte de séjour mentionne comme profession “ commerçant ” alors qu’il a plutôt laissé entendre dans son entourage qu’il était “ exploitant forestier. ” Enfin, M. Late Willy avait été interpellé à plusieurs reprises par les services de renseignements généraux camerounais, qui le soupçonnait d’“ espionnage sur le territoire national. ”
Source : Le Messager
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