Lors des réunions de concertation organisées les 05 et 06 mars dernier au ministère du Commerce, des griefs ont été portés contre la Snec, Aes-Sonel, Camtel, Orange Cameroun et Mtn, qui sacrifient les intérêts des consommateurs, constamment floués. Pour le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, qui multiplie les rencontres avec ces opérateurs économiques, ça doit changer. Il faut parvenir “ à une stabilisation généralisée du niveau des prix tout le long de l’année 2007, avec le concours de tous ”. Nous revenons, filière après filière, sur les manquements soulevés par les participants à cette série de rencontres.
1-Snec, une tarification faussée
Les participants à la concertation du mincommerce observent que la Snec ne respecte pas la réglementation en vigueur dans le cadre de la tarification. En effet, un arrêté du ministre du commerce, signé le 5 août 2005, institue la tarification par pallier. La première tranche, dite sociale et qui va de 0 à 10 kw est exonérée de la Tva et bénéficie d’un tarif réduit, parce qu’elle est réservée aux ménages de petite taille. Pour ces 10 premiers kw, le mètre cube coûte en principe 178 Fcfa. Le 11e kw qui est déjà dans la deuxième tranche doit coûter 205 Fcfa. Mais dans la pratique, lorsque le compteur de l’abonné affiche 11kw, la Snec balance toute sa consommation dans la deuxième tranche, et lui impose le mètre cube à 205 Fcfa pour tous les 11 kw, en y ajoutant d’ailleurs la Tva pour la totalité de la consommation. L’autre accusation portée contre la Snec concerne les frais de retard de paiement de facture qui sont de 4750 Fcfa. Ce que ne prévoit pas le contrat de concession qui reconnaît plutôt les frais de rétablissement de la fourniture après coupure. Ces frais, qui ne devaient servir à rien d’autre qu’au déplacement de l’agent Snec commis pour ce rétablissement de la fourniture sont de 1000 Fcfa, selon une décision du Premier ministre prise en 1997, en réaction à la revalorisation de ces frais par la Snec qui, unilatéralement, les avait portés à 4750 Fcfa. Aujourd’hui, la société civile et le ministre du Commerce exigent que la Snec respecte la réglementation sur la tarification par pallier et le rétablissement de la fourniture. En outre, qu’elle serve une eau saine aux populations. Qu’elle mette aussi un terme aux coupures intempestives qui interviennent régulièrement sans préavis. Trois mois lui ont été accordés pour se conformer.
2-Aes-Sonel, une prime à réviser
Les complaintes des usagers sont multiples, face à une Aes-Sonel visiblement inébranlable. Ces accusations proviennent aussi bien des industriels que des ménages, tous victimes de délestages aux conséquences très fâcheuses. Mais la concertation avec le ministre du Commerce a davantage planché sur les problèmes qui touchent les ménages. En constatant avec amertume que la prime fixe est exagérément élevée et doit absolument être révisée à la baisse, à défaut d’être carrément supprimée. La location compteur, d’un montant de 668 Fcfa que le client paie éternellement a aussi été dénoncée par les participants qui estiment qu’elle est trop chère et doit être payée sur une durée bien déterminée et non pas toute la vie. Le déficit de communication entre Aes-Sonel et les consommateurs est également décrié. Comme résolution, il est recommandé à Jean David Bile et son équipe d’avertir chaque fois le consommateur lorsqu’il doit être privé de l’électricité et en faire de même lorsqu’il y a retour du courant. Pour lui éviter les dommages d’appareils électroménagers qui explosent à cause de l’arrivée brusque du courant, parfois à très forte intensité. Pour le programme d’investissement dont les réalisations sont toujours attendues, la société civile demande que les pénalités prévues par le contrat de concession soient appliquées à Aes-Sonel. Aussi, l’on a mentionné que depuis son arrivée au Cameroun en 2001, Aes-Sonel n’a pu franchir le seuil de 4800 nouveaux abonnés, alors que le contrat de concession qui le lie à l’Etat du Cameroun prévoit qu’il en abonne 50.000 personnes en moyenne chaque année. D’où le programme dit de branchement social lancé en août dernier. Malgré son ambition de faire 50.000 abonnés désormais tous les ans, les limites ne manquent pas. Les dossiers des demandeurs s’amoncellent, devant un personnel en nombre très réduit et surpris par le flux de sollicitations.
3-Camtel, la mésaventure du Ct-phone
Pour faire face à la montée en puissance de la téléphonie mobile au Cameroun, Camtel, l’unique opérateur de téléphone fixe, alors indésirable pour la plupart de consommateurs fatigués de ses lenteurs dans la fourniture des services d’abonnement, s’est jeté sur le Ct-phone, sorte de téléphone transportable, à cheval entre le fixe et le portable. Avec ses tarifs préférentiels, il a attiré du monde, et surtout grâce à une communication très agressive sur les avantages de ce produit nouveau et assez original. Mais très vite, les observateurs notent que la trouvaille de Camtel n’est qu’une expérience non concluante. “ Les terminaux proposés à la clientèle ne sont que des gadgets, non professionnels, qui ne peuvent pas supporter une communication qui dure plus de cinq minutes ”, a-t-on entendu dire au cours de la concertation au Mincommerce. Par ailleurs, Camtel, le seul fournisseur d’accès au réseau satellitaire, est accusé de pratiquer des prix exorbitants et même asphyxiants pour les autres opérateurs. Ce qui ne facilite pas l’accès, à des prix compétitifs, à la gamme de services offerts par les nouvelles technologies de l’information et de la communication, tels que Internet, le téléphone mobile, etc. Comme recommandation, Camtel est invité à exploiter la fibre optique récemment acquise par le gouvernement grâce à un partenariat avec la Cotco, pour améliorer l’accès des opérateurs au réseau satellitaire. De bons points tout de même : les tarifs de communication de Camtel sont très compétitifs en interurbain et à l’interconnexion. Mais en international, un effort reste à faire pour baisser ces prix qui sont tout de même abordables, comparer aux offres des deux opérateurs de la téléphonie mobile au Cameroun.
4-Mtn et Orange, encore chers
Grâce à l’intervention de l’Agence de régulation des télécommunications (Art), secoués par les cris de la société civile, les services fournis aux consommateurs se sont nettement améliorés chez les deux opérateurs de la téléphonie mobile au Cameroun. Les tarifs de communication ont connu une baisse, “ mais demeurent au dessus du pouvoir d’achat des populations ”, remarque-t-on au ministère du Commerce où le patron des lieux fait savoir que le but de la concertation ayant connu la participation de ces opérateurs, est de “ préserver, de manière constante, le pouvoir d’achat des ménages ”. En dehors de ces tarifs encore élevés, il est reproché à Mtn et Orange, la mauvaise couverture du territoire. Comme réponses à ces flèches, ces derniers parlent des coûts de production élevés et le manque à gagner cause par la rationalisation de l’énergie électrique par Aes-Sonel qui déleste quand elle veut, et ne s’occupe cependant pas des pertes enregistrées dans les entreprises sevrées ainsi arbitrairement du courant. Sur l’insistance du Mincommerce, les deux opérateurs se sont finalement engagés à intensifier leurs infrastructures pour couvrir tout le territoire national à l’horizon 2010. Un fonds de développement des télécommunications existe à cet effet au Ministère des postes et télécommunications, et doit chaque année encaisser 2% du chiffre d’affaires de chaque opérateur, y compris Camtel, l’opérateur à capitaux majoritairement publics. Environ 4 milliards de Fcfa y sont ainsi attendus par an.
Source : Le Messager
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