Ville d’Ayos, jeudi 1er mars 2007. Il est presque 13 heures. De l’autre côté du fleuve, c’est la province de l’Est qui s’annonce. Le gouverneur Abakar Ahamat, les préfets des départements du Haut Nyong et du Lom et Djerem attendent en tenue d’apparat. Avec à leur côté les mandataires de l’entreprise Pantechniki, titulaire du lot 1 (Ayos-Abong Mbang) et du Groupement d’entreprises Pantechniki S.A./Edock-Eter Cameroun S.A., titulaire du contrat du lot 2 (Abong Mbang-Bonis). Pour tous, il s’agit d’un moment crucial dans le projet de construction de cette route, dont on parle depuis plus de 10 ans.
Le comité de suivi des travaux, récemment mis en place par le ministre des Travaux publics, doit évaluer l’avancée desdits travaux. Il est donc question pour Abono Paulin Moampamb et sa suite de visiter les différents chantiers liés au projet, puis se concerter pour faire des recommandations urgentes dans le cadre de ce projet. La délégation du secrétaire d’Etat parcourt les 191 km du tronçon Ayos-Bonis. Avec des arrêts aux points sensibles du déroulement des travaux. A Bertoua, elle tient la première session du comité de suivi du projet.
Les travaux ont pris un coup d’accélérateur. L’entreprise adjudicataire Pantechniki S.A., après des mois de retard dû, dit-on, aux divers problèmes administratifs, a effectivement démarré le travail sur le premier lot Ayos-Abong Mbang. L’immense nuage de poussière, les impressionnants terrassements de terrain, et la présence constante des engins sur le parcours traduisent l’effectivité des travaux.
Depuis, la circulation a été interdite aux transporteurs de toutes catégories. Evidemment, cette situation a amené des frustrations chez certains transporteurs. Ceux-ci envisageaient même un mouvement d’humeur, n’eût été l’intervention du gouverneur de la province de l’Est qui a ramené les uns et les autres à de meilleurs sentiments.
Les populations attendent
Les travaux sur le tronçon Ayos-Abong Mbang se trouvent désormais à moins de 30 km du chef-lieu du département du Haut Nyong. Au cours de la réunion du comité de suivi du projet tenue à Bertoua le 2 mars 2007, le directeur général de l’entreprise Pantechniki S.A., Panagiotis Marelis a apporté des explications utiles : “ Le niveau actuel d’exécution des travaux aurait pu être supérieur, si ce n’étaient les difficultés rencontrées par l’entreprise qui, de par notre expérience, influenceraient le délai contractuel d’exécution des travaux.
Les causes sont entre autres, la libération de l’emprise dont la procédure a duré 5 mois environ ; l’insuffisance des études initiales ayant entraîné des corrections et améliorations. ”
La présentation technique de l’exécution actuelle des travaux a été faite. Notamment les travaux d’exploitation de la carrière située au village Bent, les études géotechniques des ponts en cours de réalisation, la base industrielle construite à 50 %, les travaux de construction de la base vie, les expropriations et les indemnisations payées.
Le Dg de Pantechniki S.A. a résumé quelques difficultés pouvant gêner le bon déroulement du travail. Il s’agit entre autres de l’abondance des pluies qui s’annoncent ; des travaux de réparation et de réhabilitation de l’ancien pont sur le Nyong à Abong Mbang non prévus par le contrat ; des procédures administratives très longues pour obtenir la dispense de la Société générale de surveillance (Sgs).
On peut ajouter à cela, la délivrance tardive de l’autorisation d’admission temporaire spéciale, et le non-agrément par le Minefi de la deuxième liste des matériaux à importer et consommables soumis au régime de la consommation. Pour le secrétaire d’Etat aux travaux publics, il faut mettre la pression dans le travail, car “ les populations de l’Est ont déjà trop attendu cette route Ayos-Bonis ”, a-t-il dit.
Le lancement officiel des travaux de construction de cette route a eu lieu le 29 juillet 2005 par le Premier ministre. Comme principale résolution, les membres du comité de suivi du projet ont arrêté la date du 15 février 2008 pour la fin des travaux du lot 1 Ayos-Abong Mbang. Quant au lot 2, Abong Mbang-Bonis, dont les travaux de terrassement n’ont pas encore véritablement commencé, la date prévisionnelle de fin des travaux est prévue au 9 avril 2009.
Entre temps, le comité de suivi qui redescendra sur le terrain le 27 avril prochain a recommandé que le processus d’expropriation et de dédommagement soit rendu dynamique (cas du lot 1). Et, que les acteurs intervenants dans l’ensemble du projet restent vigilants et surtout motivés.
Plus de 47 milliards de Fcfa pour les deux projets
La route Ayos-Bonis en construction est située géographiquement dans la partie Centre - Est du Cameroun, à la limite de la zone de forêt équatoriale et de savane arbustive, sur des plateaux vallonnés compris entre 600 et 1000 mètres d’altitude. Cet axe a une longueur de 191 km et traverse le département du Haut Nyong et celui du Lom et Djerem dans la province de l’Est.
Il s’agit d’un tronçon sur la nationale n°10 reliant Yaoundé à Bonis (Bertoua). Il vient en prolongement au tronçon bitumé de 123 kilomètres reliant Yaoundé à la ville d’Ayos et dont les travaux ont été financés, entre autres par le Fonds européen de développement (Fed).
La réalisation de cette route permettra au plan national le désenclavement de la province de l’Est et la contribution au développement économique et social de cette région. Au plan régional, on s’attend à ce que la route Ayos-Bonis contribue à l’effort d’intégration régionale, la facilitation des échanges avec les pays voisins enclavés, notamment la République centrafricaine, le Tchad et la République démocratique du Congo.
Les coûts du lot 1 Ayos -Abong Mbang s’élèvent à 23 milliards de francs Cfa TTC, alors que le lot 2, Abong Mbang -Bonis sera financé à hauteur de 24,4 milliards de francs Cfa TTC. Les sources de financement pour le lot 1 sont : Banque arabe pour le développement en Afrique (Badea) 56 %, Fonds koweitien et de développement économique (Fkde) 39,6 %, et le Cameroun 4,5 %. Pour le lot 2, le Fonds saoudien de développement (Fsd) intervient pour 30 %, la Banque islamique de développement (Bid) 27,70 %, le Fonds de l’Opep 29,99 % et le Cameroun 12,60%.
Concernant les indemnisations, près de 100 millions de Fcfa ont déjà été distribués aux riverains du trajet. Il en reste encore. Et, c’est ce à quoi le comité de suivi entend s’atteler dans les prochains mois.
Source: Le Messager
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