Le sujet est au centre d’un atelier qui prend fin cet après-midi à l’hôtel Djeuga Palace. Y prennent part le directeur Afrique et Moyen Orient de Transparency International, Casey Kelso, des magistrats, des avocats et autres greffiers. Le thème retenu par la section camerounaise de l’ONG milite en fait pour le choix de ces participants.
En effet juste après la traditionnelle cérémonie d’ouverture hier, par le ministre délégué auprès du ministre de la Justice, garde des Sceaux, Maurice Kamto, les participants ont organisé leurs échanges autour d’un thème central : " le rôle du système judiciaire dans la lutte contre la corruption au Cameroun ". Charles Nguini, le président de la section camerounaise de Transparency International justifie cette option par la volonté de renforcer les piliers de l’intégrité au Cameroun. Il ne veut plus que son ONG soit simplement perçue à travers les indices de perception de la corruption qui place le Cameroun à un rang peu honorable.
C’est pour cela que le présent atelier a pour objectif de permettre au pouvoir judiciaire d’envisager la possibilité de s’adresser au gouvernement pour élaborer des lois pour combattre la corruption.
Les travaux de Yaoundé se déroulent dans un contexte marqué par un fort relent de suspicion et le président de Transparency l’a souligné qui rappelle que la " justice commet sciemment des injustices ". Il se dégage en fait des griefs de l’opinion publique que les juges disposent de la liberté des gens à leur guise, quand il ne s’agit pas de leur vie. Tableau somme toute exagéré, mais il s’agit de faire prendre conscience aux différents maillons de la chaîne judiciaire de leur importance dans la lutte contre la corruption.
Le sujet est également au centre des priorités du gouvernement ainsi que l’a rappelé Maurice Kamto. Tout en saluant l’initiative de Transparency International, le ministre délégué reconnaît que la justice est un facteur d’attraction des investisseurs étrangers. La modernisation du système judiciaire à travers l’entrée en vigueur du nouveau code de procédure pénale, la promotion des droits de l’homme et les sanctions les plus sévères à l’encontre des magistrats compromis dans des actes de corruption sont des illustrations de la ferme détermination des autorités camerounaises à combattre le fléau dans la famille judiciaire.
Cette option rencontre l’assentiment de certains pays amis. L’ambassadeur de France au Cameroun, Georges Serre, a ainsi réitéré à l’ouverture du séminaire d’hier le soutien de son gouvernement aux autorités camerounaises. En s’adressant aux magistrats, il leur a demandé d’avoir constamment à l’esprit qu’ils jouent un rôle clé dans la lutte contre la corruption.
Sans leur engagement, le Cameroun ne pourra pas renouer avec la croissance, la lutte contre la pauvreté ne sera que difficilement menée et le climat des affaires sera en permanence gangrené par cette corruption éloignant par ricochet les investisseurs. Toutefois, le diplomate français ne voudrait pas seulement stigmatiser le Cameroun. Il a tenu à dire aux magistrats que même en France, l’estocade donnée à la corruption est partie de l’opinion publique et des juges qui ont eu le courage de s’attaquer au système.
Source: Cameroon Tribune
|