C’est pourquoi je suis venue vous poser quelques questions… ” Concentré à souhaits, mon interlocuteur fait des efforts visibles pour me comprendre. “ Connais pas ”, laisse-t-il finalement entendre. Je me rends compte qu’il ne m’a pas compris. J’insiste. Comme pour me donner raison, l’homme fait appel à une employée ‘’camerounaise’’. La traductrice improvisée m’écoute attentivement et décide de me faire rencontrer la patronne des lieux. “ Elle, c’est journaliste, parler, radio télé. Elle veut poser toi question. Façon toi trouves vie au Cameroun. Si c’est bien toi dire ; si c’est pas bien, toi dire aussi. Comme ça ”, lui explique-t-elle. La patronne a très bien compris, mais ne veut pas parler.
Chez Kaï Kaï, le voisin d’en face. Le même scénario de traduction se reproduit. Ici toutefois, c’est avec un sourire que la patronne fait savoir via une autre traductrice (son employée camerounaise) que son français n’est pas bon. Par conséquent, elle préfère ne pas parler. Pourtant quelques instants plus tôt, on l’a vu convaincre un client, dans un français approximatif, mais compréhensible. “ C’est le système qui veut ça. Les Chinois sont de nature méfiants ”, justifie un individu qui les côtoie depuis longtemps.
Contrairement à ses compatriotes, Liu Yang est très ouverte. “ Les Camerounais sont gentils. On est à l’aise ici au Cameroun. La température est meilleure qu’en Chine. Il fait soit très chaud soit très froid avec la neige ”. A 25 ans, la jeune Chinoise est un exemple d’intégration de sa communauté au Cameroun. Afin de briser le handicap de la langue, Liu apprend le français au Centre pilote. Elle s’est aussi mise à l’apprentissage du Balengou, Bangangté et même de l’anglais que lui enseignent volontiers Ngongang Joseph dit ‘’Masa Jo’’ et Emelda Fokum. Ces deux employés de Mme Hong (mère de Liu) la considèrent comme leur fille et amie. Ils voudraient bien qu’elle épouse un Camerounais. Liu n’est pas contre. A condition d’en être amoureuse.
Mille Chinois au Cameroun
Au service de l’ambassade de Chine depuis 11 ans, Yves Tchoumi apprécie la cohabitation avec les Chinois. “ La cohabitation est bonne. C’est pour ça d’ailleurs que je suis avec eux depuis 11 ans ”, clame-t-il. Yves Tchoumi se souvient néanmoins de ses débuts un peu difficiles en raison de la communication. “ Le langage était… mais on n’arrivait pas à se comprendre. D’autant plus qu’il y a des diplomates qui parlent français ”. L’une des qualités qu’il apprécie chez les Chinois, c’est leur sociabilité.
“ Pour nous qui travaillons ici, si un membre de notre famille est malade, l’ambassade s’en occupe. On vous donne une note qui vous permet d’avoir des réductions à l’hôpital chinois de Mbalmayo, à l’hôpital gynéco-obstétrique de Ngousso, ici à Yaoundé. C’est un point que j’apprécie car vous savez, on est en Afrique. Quand un membre de la famille est malade, on pense directement à moi. Parce que les Chinois sont très forts. Heureusement qu’ils le comprennent ”.
Pour le personnel camerounais, le traitement en cas de maladie dans ces hôpitaux est gratuit. Si les Chinois ont des difficultés de communication dues aux barrières linguistiques, l’activité commerciale et sociale qu’ils mènent avec les Camerounais est un indicateur d’une intégration plutôt réussie.
Au regard des commerces qui ouvrent et ferment depuis quelques années à Yaoundé, on est tenté de penser que les Chinois ont “ envahi le coin ”. Mais, il n’en serait rien, selon les explications de leur représentation diplomatique au Cameroun. Selon M. Han, attaché de presse, “ on n’enregistre pas actuellement les Chinois qui entrent au Cameroun. Pour cette raison, il est difficile de donner un chiffre sûr. ” Cependant, il avance un chiffre approximatif de mille âmes. “ Ils sont pour la grande majorité installée à Douala.
Il y en a très peu à Yaoundé ”. Mais il est permis de douter de la pertinence de ces chiffres, tant les Chinois se rencontrent à tous les coins de rue dans les centres commerciaux des villes comme Douala, Yaoundé, et Bafoussam. Ils excellent dans les métiers de la restauration et les petits commerces, notamment la vente des bibelots, objets de décoration, vêtements, chaussures… Quelques-uns s’essayent dans la téléphonie mobile, l’esthétique pour ne citer que cela.
Source: Le Messager
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