A la question, quelle analyse des incompréhensions ayant entouré le lancement de Sydonia ? Antoine Manga Massina répond sans ambages “ Elles tiennent essentiellement à la résistance des hommes au changement, à l’impréparation de certains utilisateurs… ” Cette réponse du patron de la douane a le mérite de reconnaître que le nouveau système de dédouanement en vigueur depuis le 1er janvier 2007 connaît quelques loupés.
Bien plus, Antoine Manga Massina justifie ces ratés de départ par un instinct conservateur de ses collaborateurs. Ceux-ci ont la peine à se libérer de certains réflexes. Ce qui vient conforter les plaintes des commissionnaires agréés en douane qui accusaient vertement les douaniers d’être à l’origine des blocages constatés dans le nouveau système.
Celui-ci, en plus de simplifier les procédures de dédouanement, élimine de façon radicale plusieurs inspecteurs et autres contrôleurs des douanes du circuit. “ Bien avant l’entrée en vigueur de la nouvelle procédure, le commissionnaire agréé en douane devait se plier aux humeurs de plusieurs fonctionnaires de la douane.
En plus des lenteurs que cela constitue, il faut aussi reconnaître que c’était autant de portes ouvertes à la pratique des pots de vins. Le nouveau système écarte de fait tous ces responsables. Voilà qui peut expliquer le mécontentement de ces laissés pour compte. Normal qu’il déploie des trésors d’ingéniosité pour bloquer le nouveau système ”
Redéploiement du personnel
Avec l’ancien système Pagode, deux formalismes essentiels pour le dédouanement étaient redoutés des intermédiaires de la chaîne : les visas des chefs hiérarchiques et les bons à enlever (Bea). “ A ces deux étapes, il fallait négocier fort avec les responsables pour obtenir les précieux documents. Les douaniers ne voient pas d’un bon œil la suppression des vissa des chefs hiérarchiques et le bon à enlever manuel… ”, reconnaît un consignataire.
Njebayi Moselly, le directeur général de Centre Services Express pense que Sydonia “ est un instrument fondamental de facilitation des opérations du commerce extérieur. C’est aussi un outil de lutte contre la corruption, car il réduit les contacts avec les douaniers ”
Selon des informations glanées à bonne source dans les milieux douaniers, une véritable guerre d’intérêt a été menée dans l’ombre de Sydonia. On parle ainsi de certaines pièces maîtresses du système Pagode qui ont été écartées lors de la conception du nouveau système, des fonctionnaires de douanes qui, après avoir reçu une formation pour l’utilisation de Sydonia en Europe auraient aussi été écartés sans façon au profit des mains moins expertes. Autant de frustrations.
Autre conséquence de Sydonia sur l’administration douanière : le redéploiement du personnel. Les responsables de la douane camerounaise sont unanimes sur le fait que l’entrée en vigueur de Sydonia va pousser les douaniers à se ronger les pouces à longueur de journée, faute d’occupation. Un vaste mouvement de redéploiement des douaniers annoncé par le directeur général des douanes est en cours.
Une perspective redoutée par les fonctionnaires de l’administration des douanes. “ Il est évident que tous ceux des douaniers, qui du fait de Sydonia n’auront plus grande chose à faire au quotidien, seront déployés dans certaines frontières où l’on parle d’une insuffisance criarde de personnel.
Le souhait de ces douaniers est que le nouveau système ne marche jamais… ”, explique un membre du pool de communication de la direction générale des douanes. Antoine Manga Massina a clairement indiqué que le redéploiement “ vise également à lutter contre la tendance de certains des agents à privilégier le service dans les villes ”. C’est tout dire.
Source: Le Messager
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