Une dizaine de personnalités impliquées dans des opérations de malversations financières bientôt interpellées.
Par Arthur G. Bakande
L’une des curiosités du prochain message de Paul Biya à la nation sera sans nul doute la lutte contre la corruption et les détournements de fonds publics. Dans un entretien accordé tout récemment au journal Dikalo, l’Ambassadeur des Etats unis au Cameroun avait déclaré que le gouvernement camerounais devrait mettre en place ou définir une véritable stratégie de lutte contre ces deux fléaux.
A cet effet, il faut reconnaître que même si la bataille est engagée aujourd’hui sur plusieurs fronts, elle n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière quand on sait que plusieurs bandits à col blanc ne sont pas toujours inquiétés ; parce qu’ils continuent de bénéficier de solides protections de la part de certains hauts responsables de la République, proches collaborateurs du chef de l’Etat. On parle surtout du rôle néfaste joué par un ex secrétaire général à la présidence de la République. Il aurait renvoyé aux calendes grecques des piles de dossiers liées à la corruption et aux malversations financières impliquant ses nombreux amis et protégés ; d’où son éviction.
En nommant Laurent Esso au secrétariat général de la présidence de la République, Paul Biya compte surtout sur la discrétion, son courage et la détermination de ce magistrat hors hiérarchie pour mener cette lutte à bon port. Laurent Esso et Amadou Ali constituent alors le duo efficace pour faire l’affaire.
Des sources proches de la présidence de la République nous font état de ce que tous les dossiers étouffés par l’ex secrétaire général, Jean Marie Atangana Mebara seraient en train d’être ressuscités par son successeur ; sur hautes instructions du chef de l’Etat. C’est ainsi qu'une dizaine de personnalités pourraient être interpellées dans les prochains jours ou semaines pour avoir détourner des fonds publics.
Exhumation
On parle par exemple du dossier de l’Albatros, nom donné à l’avion présidentiel, défectueux et acheté sur fond de corruption à plusieurs milliards de Francs Cfa. Un scandale qui éclaboussa un ancien directeur de l’autorité aéronautique qui avait servi de liaison entre l’Etat major particulier du chef de l’Etat, le secrétaire général de la présidence de la République et les partenaires étrangers dans l’achat du vieil avion.
On parle également de la gestion catastrophique des retombées financières de l’épave du Boeing 747 . Une bonne partie des milliards versés par l’assureur n’aurait pas été mise au service de la Camair. Des prébendiers ont fait main basse sur le pactole en s’appropriant une bonne partie des dividendes. Dans cette course effrénée vers l’enrichissement illicite, la Camair aurait également été privée d’une importante somme de 650 millions de Fcfa qui représente la quote-part qui aurait dû être reversée par l’autorité aéronautique dans le cadre des missions bien précises.
Il se dit que l’argent a été domicilié dans un compte privé en France appartenant à l’un des principaux dirigeants des Aéroports du Cameroun( Adc) lequel s’est approprié de manière illégale le marché de la gestion des parkings au sol de la Camair avec le concours et le soutien d’un ex secrétaire général de la présidence de la République. C’est certainement pour cette raison que des hommes en tenue, munis d’un mandat du Procureur de la République, sont venus l’arrêter.
Il fut sauvé de justesse par Aléokol, à l’époque Secrétaire d’Etat à la Défense, spécialement chargé de la gendarmerie. C’est avec ce trésor de guerre qu’il aurait négocié sans succès un strapontin ministériel (ministère des Transports). Malheureusement pour lui, la manœuvre n’a pas marché.
Laurent Esso tient à tout prix à mettre un terme à ces traitements à deux vitesses qui fragilisent la bonne exécution de l’opération Epervier en exhumant tous les dossiers sales des pontes de la République. Des sources concordantes font état de ce qu’une bonne dizaine aurait déjà été transmis à Amadou Ali, le Vice-Premier ministre en charge de la justice, garde des sceaux. L’ouragan pourrait alors emporter tous ceux qui se pavanent dans les rues de la ville de Yaoundé avec de grosses cylindrées acquises malhonnêtement sur le dos des contribuables.