La dame éplorée est veuve depuis le 1er janvier 2007, date à laquelle son mari, Justin Paho, dit “ Sob Tantchou ”, diplomate à la retraite, a trouvé la mort. “ Il était 9 heures en ce jour du nouvel an lorsque Timothée Kombel, un voisin du quartier, est venu tirer mon mari du lit, en lui proposant de payer “ la bonne année ”.
Chaussé d’une paire de sandales, mon mari est sorti en culotte, drapé juste d’un tee-shirt. Il n’a pris ni ses pièces officielles, encore moins son portable. C’est la dernière fois que je l’ai vu vivant. ”, affirme-t-elle.
Ne voyant pas son époux rentrer à la maison, jusqu’à tard dans la nuit, elle a fait part de ses craintes aux voisins du quartier. “ Le lendemain [le 02 janvier, ndlr] autour de 10 heures, Timothée Kombel qui avait entraîné mon époux au bar, est curieusement venu me demander si ce dernier, n’était pas rentré. Je lui ai dit en blaguant que s’il avait abandonné mon mari chez une femme, il devrait m’y amener aussi ”, poursuit la veuve Paho.
Il est 15 heures. Rabeline Aline Njiké, affairée sur son comptoir au bord de la route - où elle vend bananes et avocats -, se rendra à l’évidence de la mort de son mari. Après avoir alerté tout le quartier, la famille du défunt prendra en chasse Timothée Kombel jusqu’à Etoug-Ebé. Ici, elle apprendra qu’un corps non identifié a été sorti d’un domicile présenté comme celui de Timothé, et amené à la morgue de l’hôpital central de Yaoundé.
Des questions sans réponses
Selon certaines informations, “ l’anglophone ” qui habitait le domicile d’Etoug-Ebé, et dont personne ne connaît le nom dans la famille du défunt, a déclaré que Justin Paho, Timothée Kombel – chauffeur de taxi – et lui-même sont partis de la Cité verte pour Mvog-Ada. Après avoir pris “ une bière ”, le diplomate s’est senti mal à l’aise. Dès lors, il a été conduit à Etoug-Ebé. “ Il y a trois points sombres dans cette tragi-comédie.
Je ne comprends pas pourquoi ces quatre compagnons ont traversé la dizaine de buvettes qu’il y a dans le quartier pour se rendre seulement à Mvog-Ada. Il est difficile d’admettre que “ Sob Tantchou ” se soit assoupi, après avoir bu une seule bière. On ne comprend pas pourquoi le défunt a été traîné à Etoug-Ebé, plutôt qu’à son domicile. Pourquoi au niveau de la police, on tente d’étouffer l’affaire en versant dans le dilatoire ? ”, s’interroge Kouako, le frère aîné de la victime.
Selon certaines sources, le présumé suspect, Timothée Kombel en l’occurrence, aurait également indiqué que le diplomate avait succombé suite à un arrêt cardiaque. Si tel était le cas, comment comprendre son attitude à ne pas saisir la famille du défunt alors que le drame s’était produit en début d’après-midi du 1er Janvier ? Comment expliquer que l’affaire ne soit ébruitée que le 02 janvier ?
Aux dernières nouvelles, le présumé suspect serait en liberté. Il en est de même de l’ “ Anglophone ” complice.
“ Il se raconte que Timothée Kombel a été aperçu au quartier. Je me suis rapproché du commissariat du 1er arrondissement pour en savoir plus. L’enquêteur et le commissaire Ondo m’ont mené en bateau. Dans la cellule, il n’y avait aucune trace du présumé suspect. Depuis, la police cafouille ! On tourne en rond ”, affirme Kouako. Notre passage dans ledit commissariat n’a pas permis de démêler l’écheveau.
“ Sob Tantchou ”
Né le 31 décembre 1954 à Bangangté de feu Sob Tantchou Abel et feue Nana Madeleine, Justin Paho a fait ses études primaires à l’école principale Groupe II, suivies des études secondaires au collège Nouton Thomas à Bangangté. Sa vie professionnelle débute avec son entrée au ministère des Affaires étrangères (Yaoundé) en 1976.
Quant à sa carrière de diplomate, après trois années de service à l’ambassade du Cameroun en Guinée Equatoriale (1977-1979), “ Sob Tantchou ” passera une dizaine d’années (1979-1989) à l’ambassade du Cameroun à Moscou (Urss). Il sera de retour au Cameroun en 1990, où il prendra sa retraite au ministère des Relations extérieures au mois de décembre 2005. Justin Paho est médaillé d’honneur de travail, de vermeil et d’argent. Il laisse une veuve et six enfants. Sa vie aura été une affaire de deux extrêmes. Né le dernier jour d’une année, il s’en est allé le premier jour d’un nouvel an… Quel destin !
Source: Le Messager
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