La brume qui allait emplir le football camerounais en 2006 avait commencé à donner des signes dès la fin d'année 2005, lorsque les Lions indomptables manquent la qualification pour la Coupe du Monde. C'est donc à la télévision que Eto'o, Njitap et les autres ont regardé leurs coéquipiers du Fc Barcelone et de Chelsea fouler les pelouses des somptueux stades allemands. Meilleur footballeur africain pour la 3ème année consécutive, vainqueur de la Liga espagnole et de la Ligue des champions 2006, l'avant-centre Camerounais des Blaugrana était parmi les grands absents du Mondial 2006.
Pour se consoler, les Lions indomptables entendaient se rattraper à la 24ème édition de la Coupe d'Afrique des Nations (Can) de football qu'a accueillie pour la 4ème fois l'Egypte du 19 janvier au 22 février 2006. Les performances individuelles et collectives des Lions indomptables à l'issue du premier tour de la Can les placent parmi les probables vainqueurs de cette compétition. Sauf que là encore, tout devra se décider après une confrontation au sommet en quart de finale entre le Cameroun et la Côte d'Ivoire. Les bookmakers donnent le Cameroun favori. Mais le sort en décidera autrement. Puisqu'une fois de plus, le Cameroun échoue à l'épreuve des tirs aux buts.
La sortie des Lions se fera avec celle de son entraîneur portugais. Puisque le 6 mars 2006, Artur Jorge, arrivée le 10 janvier 2005 au Cameroun, décide de lâcher le gouvernail mal maîtrisé de la sélection de football seniors. "Je suis au regret de vous informer que je vous présente ma démission à compter de ce jour et que je mets un terme au contrat qui nous lie...Vous n'êtes pas sans savoir que l'article 2 de mon contrat n'a pas été respecté à plusieurs reprises, néanmoins, je ne souhaite entamer aucune polémique." Tout comme le technicien portugais n'évoquera pas officiellement le problème de retard de salaire.
L'article 2 auquel Artur Jorge fait allusion stipule que le sélectionneur est responsable de l'encadrement, du suivi des joueurs, de la prospection et de la sélection des joueurs retenus pour jouer dans l'équipe nationale, ainsi que de l'organisation technique des stages et des matches amicaux. Mais Artur Jorge n'a pu continuer à faire face aux nombreuses immixtions des responsables camerounais.
Coupe du monde
Le ministre Philippe Mbarga Mboa demandera sa "lecture de la situation" au président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), confiera ce dernier dans une interview publiée le 5 avril 2006 par le site Camfoot. Réagissant à cette démission d'Artur Jorge, Iya Mohammed fera savoir "que il y a trop de gens dans l'encadrement. À quoi nous servent les préparateurs psychologiques et autre médiateur? Il faudrait rationaliser ! Il y a des choses qui se passent, de manière peu classique. J'attends sa réaction, qu'il me donne, comme cela a été le cas pour Artur Jorge, un quitus clair pour que la fédération cherche l'entraîneur. J'entends par ci et par là qu'il aurait commis des gens pour chercher un entraîneur. Si c'est cela, il n'y a pas de problème".
Les vieux démons de l'amateurisme qui caractérise la gestion du sport camerounais, en général, et du football en particulier vont à nouveau faire surface. Les Lions seront les principaux perdant de la tension entre la fédération et ministère des Sports. Ils vont rester sans entraîneur pendant plusieurs mois. Une situation embarrassante pour une équipe qui n'arrivait pas déjà à panser les blessures nées de la non qualification pour la Coupe du Monde allemande et de l'échec égyptien.
"On ne saurait rester sans entraîneur, il faut bien un nouveau", déclarait, pour sa part, le premier vice-président de la Fécafoot, Jean René Atangana Mballa. Pour parer au plus pressé, le ministre des Sports, Philippe Mbarga Mboa, à couteaux tirés avec la Fécafoot, saisira cette dernière en vue du recrutement d'un entraîneur. Des noms vont circuler : Roland Courbis, Jacques Santini, Franco Baresi… Mais c'est le Hollandais Arie Haan qui sera préféré. Le 24 août 2006, il paraphe son contrat avec… six mois de salaire payés à l'avance par Philippe Mbarga Mboa. Un fait inédit au Cameroun.
L'ancien international néerlandais de football, né en 1948, a pour mission principale de qualifier les Lions indomptables à la prochaine Can prévue en 2008 au Ghana. Lors des deux premières journées des éliminatoires de cette compétition, il va enregistrer des résultats positifs. Le Cameroun ira battre le Rwanda le 4 septembre 2006 à Kigali (3-0).
Et le 7 octobre 2006 Song et ses coéquipiers remettront çà face à la Guinée Equatoriale à Yaoundé (3-0).
Match à l'issue duquel Arie Haan a quitté le Cameroun où il n'est revenu que le vendredi 14 décembre dernier. Une sortie "sans permission" que le ministère des Sports a considérée comme "une violation du contrat". De même que la "non résidence au Cameroun" et "l'absence d'un programme de travail", ont ajouté les responsables de la fédération, sommés par le ministre Augustin Edjoa, de répondre de l'absence du sélectionneur des Lions. Des doutes sont de plus en plus formulés sur la capacité de cet entraîneur à mener à bien la mission qui lui a été confiée. Bref, sur son avenir à la tête des Lions indomptables est hypothétique.
Source : Quotidien Mutations
|
