Des sources bien introduites font état de ce que certains des policiers, notamment deux inspecteurs et un gardien de la paix dont les noms n’ont pas été révélés, pour des raisons d’enquête, sont actuellement détenus dans les cellules du GMI 5, à Buea. Ils sont les stagiaires en formation au Centre d’instruction et d’application de la police (Ciap) de Mutengene. Il leur est reproché d’être auteurs des viols et vols des portables d’étudiants.
Les autorités de la police nous ont fait savoir que les instructions de leur hiérarchie sont formelles : ils seront déférés et traduits devant la justice pour répondre de leurs actes, et des sanctions seront prises à leur encontre. Les mêmes sources font aussi état de ce que des armes à feu auraient été introduites dans la ville par des groupuscules de sécessionnistes qui voudraient récupérer l’affaire.
Après les affrontements meurtriers de mercredi, les étudiants de l’université de Buea ont abandonné le campus. La psychose règne à Molyko où les gendarmes ont envahi le campus et les policiers montent la garde à l’entrée et dans les environs de l’université. Des renforts en provenance de Douala et de Yaoundé continuent d’arriver. Les éléments du Gpign ont débarqué, comme l’a précisé le Premier ministre, lors de la réunion de crise du jeudi dernier, pour “ faire régner la paix ”.
Néanmoins, le recteur Corne lius Lambi a multiplié des actions visant la poursuite du dialogue entre les différentes parties
impliquées ; dialogue qui reste toujours très controversé après l’arrestation de certains leaders des étudiants. Notamment Le président de l’Ubsu, David Abbia, et Gideon Jonguh, délégué chargé des affaires avec les facultés, selon les étudiants, sont en détention à la police judiciaire et il ne leur est pas possible d’entrer en communication avec eux.
Le secrétaire régional de la commission nationale des droits de l’homme pour le Sud-Ouest que nous avons rencontré a condamné l’assassinat des deux étudiants, acte qu’il a qualifié de violation flagrante des droits tel que mentionné dans la charte internationale des droits de l’homme ratifiée par le Cameroun.
Ce qui, selon lui, ternit l’image du pays. Il a rapporté qu’il lui a été impossible de rencontrer les étudiants détenus à la P.J et s’est indigné de ce qu’il a considéré comme étant une violation de leurs droits, avant d’insister que “ c’est une violation grave que de détenir les étudiants in communicado ”. Dans un entretien téléphonique, le secrétaire général de l’université de Buea a réfuté les informations sur l’arrestation des étudiants.
Julius Ngoh a fait savoir que des mesures ont été prises pour permettre aux étudiants et aux enseignants de se remettre du traumatisme psychologique que leur a causé la tragédie des jours passés. Il a déclaré que “ les cours sont suspendus, et la congrégation (assemblée réunissant le staff administratif et enseignants de l’université ndlr) est convoquée pour lundi 04 décembre, à 9h, pour statuer sur la situation et prendre des décisions pour la sortie de la crise ”. Il a indiqué que l’un des leaders de la manifestation, Donatus Wanobi, l’a appelé pour lui dire que son “ état major voudrait négocier pour que les choses reviennent à l’ordre ”.
Victor Julius Ngoh a mentionné que le drame est survenu alors que le recteur, Cornelius Lambi, venait d’achever une réunion de concertation avec les leaders des étudiants. Au cours de cette rencontre, les étudiants leur avaient présenté un chapelet de neuf points majeurs à considérer, parmi lesquels l’immunité pour les étudiants manifestants, l’annulation de la liste des 153 noms publiée par Yaoundé, et bien d’autres. Après entretien, le recteur a pris en compte sept points, les deux autres restant pendants.
Evoquant ces deux autres, le secrétaire général a fait savoir que les étudiants ont exigé qu’“ ils ne connaissent que la liste des 127 noms publiée par leur recteur ”, et qu’ils demandent que “ le gouvernement fasse connaître les résultats de l’enquête ouverte après les événements tragiques d’avril-mai 2005 ”. D’après le Pr. Ngoh, ces deux points ne relèvent pas de leur compétence.
Il a tenu à rappeler aux étudiants que seule la liste publiée par le jury, qui avait bien en son sein un représentant de l’université de Buea, en la personne du Dr Akenji, sera prise en compte. Par ailleurs, personne ne saurait “ contraindre le gouvernement à publier le résultat d’une enquête qui n’est pas encore achevée.”
Abus et torture
Dans la zone de Molyko, plusieurs personnes ont souffert des agressions, vols et viols par des policiers qui sont entrés dans les mini-cites et des maisons en défonçant les portes. Le directeur de publication du journal The Heron, Christopher Andu Eze, par ailleurs président de la Cameroon Association for English Speaking Journalists (Camasej), à Buea, a été battu par les policiers qui l’ont fait sortir de sa maison, après l’avoir dépouillé de son téléphone portable, sa carte d’identité, son permis et tout ce qu’il avait sur lui comme argent.
S’étant présenté comme un journaliste, ceux-ci lui ont fait savoir qu’il méritait bien une touche particulière parce que, ont-ils déclaré, “ les journalistes et les reporteurs sont dangereux ”. S’étant écroulé des suites de torture, ses bourreaux l’ont entraîné au campus pour faire croire après qu’il était de ceux qui perpétraient les casses. Il n’a eu la vie sauve que grâce à l’officier de police de deuxième grade Roger Mefire qu’il a pu reconnaître.
Source: La Nouvelle Expression
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