Contrairement aux deux premières audiences, celle d’hier a duré un peu plus de 5 heures d’horloge. Finalement, les débats ont été renvoyés à ce mardi.
D’entrée de jeu, les conseils d’Ondo Ndong soulèvent un préalable. La juridiction est irrégulièrement constituée, du fait de la présence auprès du procureur de la République Christian Ndanga, du magistrat Noah Jean Marie du Tribunal de première instance. “ C’est une violation grave du décret du chef de l’Etat qui l’a constitué en première instance ”, déplore Me Ebanga Ewodo, l’un des conseils de l’ex Dg. Mais cette exception est rejetée par le président du tribunal, après une suspension d’audience de 10 minutes.
Défense
Sur le fond, le juge choisit d’ouvrir la procédure par la chaîne des dépenses. Ainsi, il est indiqué qu’il est entre autres reproché à Emmanuel Gérard Ondo Ndong, d’avoir accordé des primes diverses à des membres du conseil d’administration de l’ordre de 10 millions. De même, une allusion est faite à une somme de 20 milliards de centimes additionnels communaux détournés, et de 6 milliards de francs distraits dans le cadre des missions fictives.
Sur ce, l’accusé répond sans ambiguïté. “ En cinq ans, le budget du Feicom en recettes et en dépenses est de 120 milliards. Mais nous n’avons matériellement géré que 80 milliards. Lorsqu’on soustrait la somme de 52 milliards dont on m’accuse de détournement des 80 milliards de ressources financières physiques, on a plus que 28 milliards de reste. Cela signifie que le Feicom n’a fonctionné qu’avec 28 milliards pendant cinq ans. Cela est irréel, lorsqu’on sait ce que le Feicom a fait.
J’ai construit des marchés, des écoles, des points d’adduction d’eau, des hôtels de ville. Tout cela est visible et bien connu de tous. De même que j’ai payé régulièrement les salaires aux employés du Feicom. Tout cela ne peut pas se faire avec 28 milliards seulement ”, se défend Emmanuel Gérard Ondo Ndong.
Revenant sur la question proprement dite, l’Ex Dg reconnaît avoir attribué des avantages financiers aux membres du conseil d’administration et à certains personnels de son entreprise. “ Lorsque vous avez un personnel qui travaille parfois jusqu’à 22 heures alors que le temps réglementaire au travail va de 7 h 30 à 15h 30, on a des bonnes raisons de gratifier les collaborateurs. Le directeur général a un pouvoir étendu qui lui permet de prendre une telle décision, tel que indiqué dans les textes de 1999. Pour ce qui est des membres du conseil d’administration, c’est ledit conseil qui a institué un salaire mensuel d’un million pour chaque membre ”, explique-t-il poliment à Mme la présidente du tribunal.
Ondo Ndong reconnaît sa gabegie
L’autre point ayant longuement retenu les attentions au cours de cette audience, est l’octroi illégal de 12 millions de francs à deux membres du conseil d’administration du Feicom par Emmanuel Gérard Ondo Ndong. Lekene Donfack et Tsalla Messi, tous membres dudit conseil, auraient reçu 6 millions chacun du Feicom sur instruction de son directeur général, à l’issue de leurs nominations comme membre du gouvernement.
“ J’ai souverainement décidé cela parce que ces deux personnes, avant d’être nommés ministres pensaient les grandes lignes de la politique générale du Feicom. J’ai donc, jouissant du texte de 1999 qui me donne des pouvoirs étendus, décidé de leurs accorder cette faveur pour leur permettre d’organiser la fête ”, indique Ondo Ndong. Selon ses avocats, cette dépense approuvée par la suite par le conseil d’administration aurait été enregistrée dans les documents comptables.
“ Il ne s’agit donc pas d’un détournement car sa hiérarchie ne l’a jamais interpellé pour cela, alors qu’elle est au courant ”, tranche son conseil.
Source: Le Messager
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