La salle d’audience est hilare. En cette après-midi de novembre 2006, les questions posées aux deux protagonistes trouvent des réponses aussi franches qu’inattendues.
Et la jeune femme de 25 ans de répondre : "Je n’ai pas pu la garder faute de moyens financiers." La réponse de Rosalie scandalise l’assistance. Tout comme elle laisse Félix sans voix. Il ne prononce qu’une seule parole à la fin de l’audience : "c’est une femme sans cœur. Je ne pouvais pas imaginer qu’elle serait capable de tuer notre bébé." Rosalie, elle, trouve une explication à son acte. "Il avait décidé de ne pas s’occuper de moi et de mon enfant.
J’ai donc décidé de ne pas le metre au monde", affirme la jeune femme.
Comme d’habitude au tribunal, les protagonistes essaient chacun d’avoir raison. Et le juge doit faire la part des choses. La remarque faite à Rosalie est une illustration. "Savez-vous que l’avortement est répréhensible par la loi ?", interroge le président du tribunal.
Consciente de son acte, Rosalie répond sans ambages : "Je suis consciente que c’est un acte grave de conséquences. Mais, il faut reconnaître qu’il était d’accord avec moi au départ", soutient-elle. Félix n’est pas d’accord avec la version des faits. "Monsieur le président, il est vrai que je n’avais pas d’argent à l’époque, mais je n’ai jamais demandé à cette fille d’avorter de notre enfant", explique-t-il.
Acte immonde
L’affaire remonte en mars 2005. Un beau matin, Rosalie annonce à son petit ami qu’elle attend un enfant de lui. Félix est heureux. Durant les deux mois suivants, il s’occupe entièrement des frais de consultation et des médicaments à payer. Tout sem semble bien marcher jusqu’au jour où “elle est allée avec un autre à Edéa, parce qu’il avait plus d’argent que moi", raconte le gaillard. Félix continue néanmoins de s’occuper de certains frais. "Si je fais le bilan de mes dépenses en cinq mois, cela va au-delà de 500 000 Fcfa", affirme Félix.
De son côté, Rosalie soutient le contraire. "Certes, il avait commencé à s’occuper des frais liés à mon état, mais après, il a laissé tomber parce que je vivais avec un autre homme que lui." Ils avaientconvenu de certains termes quant à la grossesse. "Félix devait s’occuper de tout jusqu’à la naissance de l’enfant, mais après il a laché prise. Il ne faisait plus rien", explique Rosalie.
Au tribunal, Félix a été confondu. Il a reconnu avoir “ omis ” de respecter ses engagements. "Mais, cela ne donnait pas le droit à cette fille de tuer notre enfant", sérine-t-il. Rosalie risque une peine d’emprisonnement ferme.
Mais, elle demande que son ancien concubin soit aussi puni pour l’avoir abandonnée. La loi camerounaise devra trancher. Les débats ont été renvoyés au 17 décembre prochain, pour établir les responsabilités de chacun dans cette affaire.
Source: Le Messager
|
