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Un milliardaire Saoudien en visite au Cameroun
(29/04/2004)
Un milliardaire saoudien dans un pays riche…très endetté.Que cherche-t-il exactement au Cameroun ?
Par Thierry Ngogang

Accueil par une brochette de ministres camerounais à l’aéroport de Yaoundé-Nsimalen lundi dernier. Réception le lendemain mardi par le Premier ministre à l’immeuble Etoile sur instructions du chef de l’Etat, Paul Biya, en déplacement à l’étranger. Rencontre dans la foulée avec les personnalités les plus influentes du monde local des affaires. Couverture exceptionnelle de ses moindres déplacements par les médias public au prétexte insidieux qu’il est la quatrième personnalité la plus riche du monde. En bref, le séjour au Cameroun du Prince Al Walid Bin Talal Bin Abdulaziz Al Saoud n’est pas du tout passé inaperçu. Si l’on considère les deux avions gros porteurs qu’il a mobilisé pour son transport et la batterie de véhicules de luxe loués pour l’importante délégation qui l’accompagne, lui-même n’aura rien fait pour le rendre simple.

Qu’est-il venu donc chercher au Cameroun, pays riche,…très endetté, avec des populations pauvres et des dirigeants presqu’aussi riches que lui ? Dès sa descente d’avion lundi dernier en provenance de Kinshasa au Congo Démocratique, le prince Al Walid n’a pas caché ses ambitions : " Il effectue une tournée en Afrique à la recherche de nouvelles opportunités d’affaires ". Les secteurs qui l’intéressent ne sont pas non plus tabou. Il s’agit principalement de l’immobilier, des banques, de l’humanitaire et surtout du tourisme. Autant de domaines où cet homme, né en 1957 et qui pèse plusieurs milliards de dollars, a déjà eu à démontrer un certain savoir faire. Sa fortune, le prince Al Walid la doit en premier lieu à sa naissance. Son père, Talal Bin Abdulaziz, est l'un des nombreux fils du Roi Abdulaziz d’Arabie Saoudite, tandis que sa mère, Mona, est la fille du premier Premier ministre libanais Riad Al Solh.
Au cours des années 50, son père est considéré comme le leader des Princes libres (par opposition aux officiers libres de Gamal Abdel Nasser en Egypte) qui œuvre pour l’instauration des réformes politiques au sein du royaume. A la fin de cette décennie, ces activistes aristocrates souhaitent réduire les pouvoirs du Roi Saoud et accroître ceux de l’assemblée. Aidé par le clergé, le roi réussi à rejeter cette initiative en édictant une fatwa contre le groupe des “princes libres”.

En 1961, le gouvernement saoudien confisque le passeport de son géniteur et l’oblige à cesser ses activités politiques " subversives ". Il s’exile alors avec sa famille en Egypte et les médias saoudiens le taxe de communiste en le surnommant le " prince rouge ".
Réconcilié avec la famille royale deux ans plus tard, Talal est autorisé à regagner l’Arabie Saoudite à la condition expresse qu’il ne fasse plus état de ses convictions politiques. Durant les 20 ans qui suivent, il se singularise par une intense activité dans le monde des affaires et du commerce. Après le divorce de ses parents, Al Walid passe la plus grande partie de son enfance dans le pays de sa mère au Liban, avant de retourner en Arabie Saoudite en 1968 sous la pression de son géniteur qui souhaite l’inscrire dans une école militaire. En 1976, Al Walid se retrouve au Menlo College de San Francisco aux Etats-Unis pour y suivre des études de commerce et d’économie. Un domaine où il affiche très tôt des prédispositions particulières. Après l’obtention de son diplôme, il regagne l’Arabie Saoudite et tire profit de l’immense marché financier qui se développe à la suite du boom pétrolier.




Influence américaine

Comme la majorité de ses compatriotes, il entre véritablement dans les affaires en devenant un agent des compagnies étrangères qui opèrent dans le royaume. Au début des années 80, il profite d’une nouvelle loi qui oblige les opérateurs étrangers à avoir un représentant local qui touche au moins 5 % de commissions sur tous les contrats passés. Cet afflux de rentrées financières et l’appui de son père lui permettent de monter sa première société dénommée " Kingdom ". Son premier contrat porte sur un montant de 8 millions de dollars (soit environ 4,5 milliards de F.cfa) et concerne une firme sud coréenne qui souhaite construire un club dans une académie militaire près de Ryad, la capitale. Quelques années plus tard, il réalise des profits annuels de plus de 50 millions de dollars (environ 27,5 milliards de F) qu’il réinvestit aussitôt dans le pays. Au milieu des années 80, il retourne aux Etats-Unis afin d’y poursuivre un Masters Degree à l’université de Syracuse.

De retour en Arabie saoudite, il se lance dans le secteur bancaire en reprenant des banques en difficultés financières comme la United Saudi Commercial bank (Uscb) en 1986. Deux ans après, l’institution financière est remise à flot. Il se lance ensuite dans l’agro-alimentaire (il détient la plus importante chaîne de supermarché du pays et de restaurants de type fast food) et le secteur hospitalier. Après avoir installé des fondations solides dans son pays, Al Walid se lance à la conquête du monde à la fin des années 80. Il commence par la péninsule arabique avant de toucher les Etats-Unis où, en 1989, il dépense 250 millions de dollars (environ 138 milliards de F) pour obtenir des parts dans certaines grosses banques américaines (Chase Mahnattan, Citicorp, Chemical Bank, etc).

L’année suivante, il vend ses actions dans trois de ses principales banques et concentre le tout sur Citicorp qui est pourtant la moins performante. Huit ans plus tard, ce risque lui rapporte 7,6 milliards de dollars (environ 4209 milliards de F ). Entre temps on le retrouve aussi sur le marché européen et africain (dans le tourisme et le secteur bancaire notamment). En 1994, par exemple, il rachète 24 % d’Eurodisney à Paris pour un montant de 500 millions de dollars (275 milliards de F). L’année suivante, il acquiert 50 % du New York's Plaza Hotel pour 160 million de dollars(environ 88,5 milliards de F). Sa boulimie ne s’arrête pas à ce niveau. En 2000, il investit massivement dans les compagnies spécialisées dans la haute technologie telles Compaq, Kodak, Ebay, Priceline.com, Amazon.com, et Worldcom.



Humaniste

Cependant, comme on peut s’y attendre, certains observateurs américains jugent avec scepticisme ses succès financiers. En 1999, la très sérieuse revue " The Economist " concluait par exemple que si l’on devait faire un classement, ses performances dans le domaine industriel ne pourraient être classées que vers le bas de l’échelle parce que, en dépit de l’exceptionnelle affaire réalisée avec le groupe Citicorp, ses autres investissements ont été tout simplement désastreux. D’autres observateurs avertis attribuent ses succès à ses accointances avec le gouvernement américain, dont certains membres lui auraient souvent suggéré les placements à effectuer dans les secteurs en plein expansion. Ils rappellent aussi que les liens entre Al Walid et les officiels de la première puissance mondiale sont anciens et multiformes. Au début des années 80, par exemple, non seulement le prince Al Walid aurait apporté un soutien financier considérable aux Moudjahidin qui combattaient l’Union soviétique en Afghanistan, mais en plus, il se serait rendu à plusieurs reprises dans leurs camps à Peshawar. D’autres sources soupçonnent encore le prince Al Walid d’être le représentant visible de plusieurs autres membres de la famille royale saoudienne qui souhaitent investir massivement dans l’économie américaine.

Toutefois, si l’on considère les graves dissensions qui les ont opposés au cours de ces récentes années, cette dernière version ne semble pas très crédible. En fait, les différends entre ces membres de la famille royale seraient partis une fois de plus du père d’Al Walid. En 1998, le Prince Talal a brisé le long silence dans lequel il était astreint par la famille royale pour réclamer ouvertement dans une interview une ouverture politique du régime et un bouleversement dans l’ordre de succession au trône. Cette sortie a été interprétée par certains comme étant une volonté de placer son fils dans la sphère politique. En accordant à son tour une interview au New York Times " dans laquelle il réclame l’organisation d’élections dans son pays, Al Walid a au moins contribué à accréditer cette thèse. La riposte arrive sous la forme d’une violente campagne de presse lancée à travers le pays contre les intérêts de la famille.

Le prince Al Walid comprend la leçon et fait machine arrière en s’occupant plutôt de rétablir sa réputation ternie dans le monde arabe. C’est ainsi qu’en décembre 2001, il joue sur la fibre religieuse en lançant en grande pompe la construction à ses frais de 50 moquées dans son pays. Il offre 4 millions de dollars (environ 2,2 milliards de F) pour le projet de grande mosquée de Carthage en Tunisie et 2 millions (1,1 milliards de F) pour une autre au Liban. Il reste très sensible aux malheurs des populations. On le voit dans l’humanitaire : 27 millions de dollars ( 15,5 milliards de F) offerts aux populations palestiniennes ; 2.200 dollars (1,2 millions de F) pour chacune des familles des 373 victimes d’une catastrophe ferroviaire au Caire en Egypte ; et surtout, 10 millions de dollars (5,5 milliards de F) pour les familles des victimes du 11 septembre 2001 remis au maire de New York de l’époque Rudolph Giuliani.


Source : Quotidien Mutations


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