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Paludisme: De faux médicaments en vente
(29/04/2004)
De faux médicaments contre le paludisme en libre circulation au Cameroun.
Par Le Messager

La contrefaçon de médicaments concerne principalement ceux pour lesquels la demande est forte, tels les antipaludéens dans les régions d’Afrique où le paludisme est endémique. Des chercheurs de l’Ird (1) ont analysé la qualité des médicaments antipaludiques issus des circuits informels de distribution au Cameroun, et évalué l’impact de l’absorption de ces médicaments sur l’état de santé des patients impaludés s’étant approvisionnés sur ce marché illégal.

La pratique courante de l’automédication, quand elle repose sur l’acquisition de médicaments de mauvaise qualité ne permet pas de lutter efficacement contre la maladie. Elle favorise au contraire une augmentation du nombre de parasites résistants aux traitements, donc des échecs thérapeutiques et des dépenses de santé inutiles. Des mesures gouvernementales de contrôle des fraudes se révèlent nécessaires pour protéger la santé des populations.

La distribution à large échelle de médicaments non conformes ou de mauvaise qualité, en particulier dans les pays d’Afrique, est en partie due à l’intensification des échanges commerciaux, à la demande croissante en traitements médicamenteux ou en vaccins, à la prolifération de petites industries pharmaceutiques, ainsi qu’à la régulation insuffisante de la fabrication et du commerce de ces produits.

La contrefaçon, qui affecte toutes les classes de médicaments, concerne surtout les antibiotiques et les antiparasitaires. C’est le cas des antipaludéens pour lesquels la demande est forte dans les pays d’Afrique où le paludisme est endémique. Cette demande assure le maintien du commerce informel des antipaludéens faux ou de mauvaise qualité, qui constitue la dernière étape des circuits de distribution des médicaments contrefaits échappant au contrôle des autorités sanitaires.

Afin d’évaluer l’influence de ce secteur illégal dans la lutte contre le paludisme, une équipe de l’Ird a analysé l’origine et la qualité de comprimés ou de gélules de plusieurs antipaludéens supposés contenir de la chloroquine, de la quinine ou du mélange sulfadoxine- pyriméthamine, collectés entre 2001 et 2002 sur des marchés, auprès de vendeurs de rue ou de patients s’étant approvisionnés hors des circuits officiels, dans plusieurs villes et villages du Cameroun (1).

Au total, 284 échantillons obtenus auprès de 132 sources de vente différentes dans 16 localités ont été soumis à des tests colorimétriques et des analyses par chromatographie. Les chercheurs ont pu déterminer si le principe actif contenu dans ces médicaments correspondait au principe actif pour lequel ceux-ci étaient vendus et évaluer approximativement sa quantité.

Ils ont ainsi montré que 38% des médicaments supposés contenir de la chloroquine, 74% de la quinine et 12% de sulfadoxine-pyriméthamine ne contenaient en réalité soit aucun principe actif, soit un principe actif en quantité insuffisante, soit un principe actif d’une autre nature ou encore des composés inconnus.

Sur l’ensemble des échantillons étudiés, seulement 118 d’entre eux portaient mention de leur origine, 61 provenant de l’Union européenne, 6 d’Europe de l’Est, 39 d’Asie et 12 d’Afrique, sans qu’il soit possible dans la majorité des cas de déterminer l’identité de la compagnie pharmaceutique chargée de la commercialisation, ni le lieu de fabrication. D’autres analyses ont été réalisées sur 15 échantillons vendus pour de la chloroquine et de la quinine collectés auprès de 15 patients les ayant acquis sur le marché informel, sans consultation préalable.

Seulement six de ces échantillons se sont révélés de qualité acceptable (2). Parmi les 15 patients, 8 ont présenté des tests d’urine négatifs, l’absence de trace de principe actif dans les urines résultant de l’automédication avec de faux médicaments ou des médicaments sous-dosés en principe actif antipaludique.



Danger public


Le commerce illégal et la libre utilisation de ces produits non conformes peuvent engendrer une aggravation de l’état clinique des individus malades, susceptible notamment d’entraîner la mort par la maladie elle-même du fait de l’inefficacité des traitements. Ces pratiques induisent bien souvent un allongement de la durée des traitements qui se répercute sur les dépenses de santé.

Elles favorisent en outre la sélection de pathogènes résistants aux antipaludéens authentiques, entravant de fait les actions de la recherche et des programmes nationaux de lutte contre le paludisme.
Cependant, la pratique de l’automédication, à condition qu’elle repose sur des médicaments conformes en termes de qualité et de dosage, pourrait constituer une stratégie d’intervention rapide et précoce en cas de crise paludique en diminuant en particulier le risque d’évolution vers des formes graves de la maladie.

Au Cameroun, comme dans la plupart des pays d’Afrique, l’automédication est en effet une pratique courante. Les populations malades s’affranchissent des consultations médicales en raison de leur prix, souvent prohibitif pour les foyers à faibles revenus, et de l’absence ou de l’éloignement des structures de soins.

L’approvisionnement sur le marché informel permet de bénéficier de prix moins élevés que dans les officines habilitées à délivrer les médicaments.

Il apparaît donc nécessaire que des mesures gouvernementales soient prises en faveur d’une meilleure régulation de l’importation et de la distribution de médicaments génériques de bonne qualité, d’un contrôle des fraudes et de la formation (personnel des autorités sanitaires, pharmaciens, médecins, etc.), afin d’améliorer l’accès aux traitements, le suivi médical des patients et contribuer efficacement à la lutte contre le paludisme.



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