Les nombreux usagers de la préfecture ont dû constater que Joseph Beti Assomo a ouvert ses portes à des " invités spéciaux ". Menottes aux poings, les deux faussaires ont quitté le bureau de l’autorité administrative pour rejoindre les cellules en attendant le démantèlement complet de leur réseau. En effet, ces derniers jours ont été laborieux pour certains candidats aux différents concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM).
Dans la quête d’une signature pour les attestations de présentation d’originaux des diplômes, quelques candidats ont souvent été " aidés " par quelques " bonnes volontés ". Le dossier était bien suivi, signé sans " tracasseries " et déposé à l’Enam. De source digne de foi, Albert M. et ses complices se sont souvent arrangés à intercepter leurs victimes à l’entrée de la préfecture. Un " service express " a généralement été proposé. Selon les cas, les candidats ont eu à débourser 2500 F, 5000, voire 10.000 F Cfa pour " accélérer la signature du préfet et éviter des pertes de temps ".
Alors que les victimes de cette arnaque croyaient avoir bouclé la constitution du dossier, les services techniques de l’Enam vont flairer le louche. " Nous avons été saisis par les responsables de l’Enam qui s’étonnaient du caractère instable de notre signature au bas de certaines attestations ", a déclaré le préfet. En attendant de voir clair sur ces cas litigieux, les cadres commis à la réception des dossiersont procédé à des rejets pour signature non conforme, à la grande surprise des candidats.
Dès lors les victimes retourneront à la préfecture se plaindre. Les enquêtes menées en interne démontrent très vite que les fonctionnaires ayant " traité " les dossiers à problèmes sont inconnus des effectifs de la préfecture. La panique s’empare des candidats, ceci d’autant plus que beaucoup auraient perdu leurs diplômes dans la manœuvre. Le dossier est transmis à la police par le préfet du Mfoundi. Mercredi et Jeudi derniers, les enquêteurs démantèlent une partie du réseau.
Ils découvrirent qu’en dehors de la signature du préfet du Mfoundi, les faussaires imitent aussi celle des sous-préfets et des maires pour ce qui est de la délivrance des copies d’actes d’état civil et de diplômes.
En attendant de réunir tous les éléments nécessaires pour que les mis en cause répondent des faits de faux et d’usage de faux, le préfet du Mfoundi a signé un arrêté ordonnant la garde à vue administrative des faussaires pris par la police. Toutefois, en ce qui concerne la légalisation des pièces, il est demandé aux usagers de ne confier en aucun cas leurs documents aux personnes qui rodent autour des services publics, mais de déposer leurs dossiers au rez-de-chaussée de la préfecture.
Les services compétents des adjoints préfectoraux feront le nécessaire pour que les pièces soient signées sans monnayage. Les prestations de ce genre sont d’ailleurs gratuites une fois qu’on s’acquitte des frais de timbre. Par ailleurs, des dispositions ont été prises pour que des spécimens des signatures et cachets des autorités administratives soient déposés auprès des institutions ayant récemment lancé un concours.
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