A travers un accord bilatéral signé entre les deux pays, Masaki Kunieda a matérialisé le démarrage de l’annulation effective de la dette publique du Cameroun vis-à-vis du Club de Paris, tel que décidé au cours de sa session des 16 et 17 juin derniers. Membre observateur de cette institution réunissant 14 pays comptant parmi les plus riches du monde, le Japon a, en effet, décidé d’éponger la totalité de la dette du Cameroun, qui s’élevait à quelque 50 milliards Fcfa.
Il s’agit, selon les rappels de Masaki Kunieda, de l’argent mis à la disposition du Cameroun pour le financement de deux projets de développement. D’abord en 1982, pour l’achat du matériel d’entretien routier ayant servi à la construction de la route reliant Yaoundé à Nsimalen ; en 1986 ensuite, lorsqu’il a fallu moderniser le terminal à conteneurs du port de Douala, où deux nouvelles grues ont été installées pour accroître son efficacité. Depuis lors, le Cameroun s’est cependant montré incapable de rembourser ces crédits, compte tenu de la crise économique qui secouait le pays. Et, conformément aux Accords du Club de Paris, "le Japon a, à chaque fois, rééchelonné la dette du Cameroun afin d’alléger certaines contraintes liées à la mise en œuvre de son programme économique", a précisé l’ambassadeur du Japon.
Compte tenu du contexte économique particulièrement difficile, le Japon a d’ailleurs cessé d’octroyer de nouveaux crédits au Cameroun. Depuis 1987, la coopération nippo-camerounaise a en effet été basée sur des dons offerts au Cameroun, précisément dans les secteurs de l’éducation et de la santé. La construction de plus de 75 écoles primaires et maternelles; un don de 18 million Fcfa à l'archidiocèse de Garoua ; un autre de 21 millions Fcfa à la Croix Rouge camerounaise; un don de 1,5 milliard Fcfa pour la réfection du stade Omnisports de Yaoundé… en sont quelques exemples. Ce qui, selon les estimations des donateurs, cumulerait le montant de l’aide japonaise au profit du Cameroun à plus de 150 milliards Fcfa !
Enchaînement
Toutefois, "afin de permettre aux populations de base de bénéficier pleinement de l’atteinte du point d’achèvement" de l’initiative Ppte, Masaki Kunieda a souhaité que les autorités camerounaises fassent des efforts supplémentaires sur le plan de la gouvernance. Il faudrait, en plus, faciliter les choses au secteur privé, à travers l’amélioration du climat des affaires et la diminution de "l’insécurité juridique", afin qu’il deviennent le véritable moteur de la croissance souhaité dans les discours officiels. Surtout que, si l’on s’en tient au calendrier rendu public par le Minefi, plusieurs autres pays membres du Club de Paris devraient suivre l’exemple du Japon à partir de ce vendredi, 27 octobre.
Un enchaînement qui débute ce jour, avec une autre cérémonie solennelle d’annulation de la dette du Cameroun prévue au Minefi. Il s’agit des créances d’un montant global de 101 milliards Fcfa contractées auprès du Canada. Un pays dont l’intervention au Cameroun a été jusque-là caractérisé par l’électrification de certaines provinces, la construction de quelques lycées techniques, le projet laitier de Ngaoundéré etc. Après celles annulées par le Canada, les dettes du Cameroun vis-à-vis de l’Autriche, de l’Espagne et de la Belgique devraient, elles aussi, être totalement effacées dans les jours qui viennent. Selon une indication du Minefi, "la signature des accords bilatéraux du Club de Paris avec tous les créanciers du Cameroun doit être achevée au 31 décembre 2006. A titre de rappel, au lendemain de l’atteinte du point d’achèvement, le Club de Paris a décidé de réduire la dette du Cameroun de 1890 milliards Fcfa à seulement 14 milliards Fcfa”.
Source: Quotidien Mutations
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