Un vent de bouleversement souffle sur les milieux du football camerounais. La sérénité qu’affichaient les dirigeants de la Fécafoot et du Minjes avant les sanctions de la Fifa s’estompe. En dehors du limogeage du ministre de la Jeunesse et des sports, d’autres indices montrent que les semaines à venir vont être chaudes pour Iya Mohamed, Bidoung Mpkatt et leurs amis. Le premier indice de malheur est l’envoi des gendarmes au domicile du ministre la veille de son limogeage. Selon des sources dignes de foi, Pierre Bidoung a été entendu à sa résidence, par une équipe de gendarmes, sous la coordination personnelle du général Roland Mambou Deffo. Cet indice a sans doute mis la puce à l’oreille de l’ancien acteur de théâtre, qui a finalement passé la matinée de vendredi à faire le déménagement...
Le deuxième indice est le renvoi de l’assemblée générale élective de la Fécafoot, qui devait se tenir le 24 avril et dont l’organisation avait pratiquement scellé la réélection de Iya et son équipe. On se rappelle que dans la famille du football, une guerre ouverte opposait déjà l’équipe dirigeante de la fédération à un groupe de responsables qui aspirent à lui succéder. Le combat a été si rude que, pour survivre, les dirigeants de la Fecafoot ont dû avoir recours à des pratiques décriées par la presse et par leurs adversaires. L’annulation de cette assemblée générale qu’ils s’entêtaient à tenir aux lendemains de la bouleversante nouvelle des sanctions infligées aux Lions par la Fifa, pour punir l’entêtement des dirigeants camerounais à habiller les Lions indomptables avec des maillots non conformes, lors de la Can 2004 de Tunisie, apparaît d’ailleurs comme un désaveu de l’équipe dirigeante par les plus hautes sphères de l’Etat.
Le troisième indice est arrivé, presque au même moment que la déchéance du ministre Bidoung Mpkatt, sous la forme d’une phrase glissée dans le communiqué de la présidence accompagnant le décret de nomination des ministres: le chef de l’Etat a "prescrit l’envoi d’une commission d’enquête à la Fecafoot ainsi qu’une relecture rapide des statuts de cette association, préalable à de nouvelles élections". Cet autre indice de moments difficiles annonçait ouvertement aux dirigeants actuels qu’en ce moment-là, les carottes commençaient à cuire, non seulement pour leur réélection, mais aussi peut-être, pour leur liberté. Le secteur du football s’est illustré comme une sorte de zone franche juridique où évoluent sans inquiétude, de nombreux délinquants qui, malheureusement cependant, ont en charge la gestion de l’image du Cameroun, avec les moyens de l’Etat. Il est donc à craindre pour eux, que l’enquête à la Fécafoot tourne en un "Pumagate" qui viderait bientôt les bureaux de l’immeuble de Tsinga.
En effet, les détracteurs des dirigeants actuels ne s’embarrassent pas de politesse pour dénoncer nommément des responsables David Mayébi, le quatrième vice-président, Jean René Atangana Mballa, le secrétaire général ou encore Alioum Alhadji, le responsable des finances. Depuis deux jours, il se dit que les passeports des intéressés leur ont été retirés. Ce qu’ils démentent catégoriquement lorsque Le Messager a pu joindre les uns et les autres au téléphone. Pour sûr, dans un contexte sulfureux comme celui qui prévaut actuellement dans les cercles du football camerounais, les cabales et les ordalies ne peuvent être que monnaie courante.
De leur côté, les dirigeants de la fédération accusent Jean-Marie Atangana Mebara, d’être à l’origine de leurs malheurs. On soupçonne le principal collaborateur du chef de l’Etat de soutenir son cousin Nguini Effa, candidat au poste de président de la Fécafoot. Sans décrire exactement comment ce ministre d’Etat peut avoir influencé le président de la République, certains proches de Iya avancent même des arguments régionalistes pour expliquer les décisions qui sont prises ces derniers jours, on veut écarter un "nordiste" pour donner la Fécafoot à un Béti... Dans leur défense, ils rejettent maintenant tout sur l’ancien ministre Bidoung Mpkatt, qui décidait de tout!
Dans tous les cas, les enquêtes ouvertes indiqueront qui est responsable de l’entêtement de la fédération, face aux injonctions de la Fifa. D’autres responsabilités seront établies sur d’autres affaires louches qui se font au détriment du football camerounais.
Pourvu que Ces enquêtes ne se déroulent pas comme celles qui ont entouré la plupart des scandales connus ces vingt dernières années. Ni précipitées, comme dans le cas du “Mounchipougate”, ni enterrées dès la création, comme dans le cas de plusieurs assassinats de personnalités.
Source : Le Messager
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