Le pas alerte, le regard autoritaire, Jean Baptiste passe les troupes en revue. Après la cérémonie de sortie du personnel stagiaire chargé d’assurer la protection des hautes personnalités à l’école de gendarmerie, c’est la deuxième véritable sortie officielle du nouveau patron de la gendarmerie. Vendredi dernier en effet, au cours d’une cérémonie de prise d’arme à Yaoundé, il n’a pas fait mentir ses proches qui affirment que depuis sa nomination, le 22 septembre dernier, au poste de secrétaire d’Etat à la Défense chargé de la gendarmerie nationale, en remplacement de Jean-Marie Aléokol, il est hanté par la lutte contre la grande criminalité.
Dans une communication spéciale au personnel regroupé pour la circonstance, il a tenu à partager cette préoccupation et surtout, à inviter les uns et les autres à une reprise en main de leur principale mission qui est d’assurer la sécurité des personnes et des biens. D’après certaines confidences, depuis sa prise de fonction, il n’hésite pas à effectuer, incognito, des descentes opinées de nuit, dans certaines brigades de gendarmerie de la ville de Yaoundé. Simple zèle du début ou marque d’un homme qui veut véritablement redonner à la gendarmerie nationale son prestige d’antan ? Les plus septiques affirment que seul l’avenir "nous le dira".
En attendant, on s’interroge déjà sur sa véritable capacité et même sur sa consistance à pouvoir mettre en œuvre sa mission d’assainissement sans une réelle adhésion des hauts gradés militaires qui l’entourent. D’après certains observateurs, il n’est en effet pas aisé, pour un civil, d’associer des militaires à une opération de cette envergure. Mais vendredi dernier, la présence effective de la quasi-totalité des officiers supérieurs de la gendarmerie nationale (le général de corps d’armée, Oumarou Djam Yaya, les généraux de division, Roland Mambou Deffo et Claude Laurent Angouand, et les généraux de brigade, Simon Pierre Dagafounanssou et Isidore Claude Obama), au groupement d’escadron n°1 de Yaoundé à l’occasion de sa communication spéciale, a été interprétée comme une caution morale à l’action d’assainissement envisagée. Suffira-t-elle seulement ? Rien n’est moins sûr, il faudra en effet compter avec la mobilisation de toute la hiérarchie intermédiaire mais aussi, celle des hommes de troupes qui sont au quotidien en contact avec les populations.
Jean Baptiste Bokam, né le 10 octobre 1951 dans un petit village de la province de l’Est appelé Bagbeze I, a manifestement du pain sur la planche. A 55 ans, ce diplômé d’Etudes supérieures de sécurité sociale du Centre national d’études supérieures de sécurité sociale de Saint Etienne en France, amorce un nouveau challenge au gouvernement après son passage à la tête des départements ministériels, du Travail et de la Prévoyance Sociale puis, des Travaux publics qu’il a quitté le 19 septembre 1996.
Source: Source: Quotidien Mutations
|