C’est désormais au Secrétariat d’Etat à la défense (Sed) qu’échoit la responsabilité de trouver la clé de l’énigme sur la mort du père Patrick Chi Adeso, retrouvé sans vie dans sa chambre à l’université catholique d’Afrique centrale, au campus de Nkolbisson à Yaoundé, le 29 juillet dernier à 15h30 par des vigiles. Le corps était dans un état de décomposition avancée. L’enquête qui a été ouverte conjointement par la compagnie de gendarmerie de Yaoundé I et la brigade de gendarmerie de Nkolbisson n’a pas pu élucider le mystère. Les gendarmes ont conclu à une mort suspecte malgré le rapport d’autopsie dressé par un spécialiste en anatomie en service à l’Hôpital général de Yaoundé, Dr Orock, qui indique que le défunt a été foudroyé par un infarctus du ventricule gauche.
Le médecin signale également dans son rapport que " [le défunt, Ndlr] n’est pas mort sur le champ. Sa mort est survenue un peu plus tard ". Les premières éléments d’enquête avaient laissé penser à un empoisonnement or, l’autopsie remet en cause cette hypothèse en précisant que l’estomac du défunt était vide. Les collaborateurs de l’ancien enseignant d’Ecriture sainte ont tous déclaré ne pas le connaître souffrant de ce type de maladie rappelant tout juste, comme sa famille, qu’il ne se plaignait d’autre chose que du paludisme.
Cependant, un élément important est inclus dans cette enquête. Ce sont les déclarations du frère du défunt, Donatus Achiri Adeso, par ailleurs médecin, qui persiste en disant que le père Patrick Adeso " a été étranglé " en se fiant à la position du corps sur le sol. En effet, les différentes photos prises ce jour-là montrent le défunt couché sur le ventre, les mains posées près des oreilles. Le bout du pied droit enfoui dans un drap de couleur blanche à peine à un mètre du lit comme s’il avait tenté de ramper. L’abbé Patrick Chi Adeso n’était vêtu que d’un slip de couleur blanche.
Confusion
Dans sa déposition, Dr Donatus Achiri Adeso révèle aux enquêteurs avoir insisté, lors de l’autopsie, auprès du Dr Orock " d’ouvrir la gorge " pour être fixé. Le médecin a " fait fi de cette requête ". D’ailleurs l’examen de cette partie du corps n’est pas mentionné dans son rapport. Ce qui a entraîné la contestation du rapport d’autopsie par la famille. Laquelle a créé un mouvement d’humeur lors de l’inhumation le 1er août 2006. Le cortège funèbre a été bloqué pendant des minutes. " La famille du défunt voulait qu’il soit enterré dans sa ville natale à Bamenda ", a indiqué le secrétaire général de l’université catholique, aux enquêteurs.
A moins qu’on ne procède à l’exhumation du corps pour reprendre l’autopsie, l’énigme semble difficile à trouver. Les premières pistes étaient basées sur une rumeur qui circulait au campus de Nkolbisson stipulant que " le père Adeso aurait été étranglé par un autre prêtre de l’université qui serait homosexuel suite à un sermon très dur qu’il a prononcé sur la question quelques temps avant sa mort ".
La dernière question qui intrigue également les enquêteurs c’est de savoir comment l’ancien aumônier national du Renouveau charismatique est décédé une semaine sans qu’on ne le sache alors que son véhicule de marque Toyota Carina était garé près de son studio? Le contremaître, Julien Banolok, a déclaré à la gendarmerie que personne ne savait que le père Adeso était rentré de son voyage effectué le 19 juillet 2006 dans la province de l’Ouest au couvent des Soeurs servantes de Marie pour accompagner une retraite spirituelle.
Ce prêtre du diocèse de Kumbo détaché auprès de l’Ucac depuis 1998, " discret, solitaire et réservé " qui " faisait seul sa cuisine " est pourtant rentré le 23 juillet à 21h comme l’ont confié les vigiles. Mais ce seront de grosses mouches noires qui indiqueront aux autres responsables de l’université qu’il est bien au sein du campus, mort et en étant de putréfaction. L’enquête suit son court.
Source: Quotidien Mutations
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