L’ordonnance du chef de l’Etat signée à la fin du mois de septembre dernier, et relatif à l’exonération de la taxe sur la valeur ajoutée (Tva) sur les produits dits de première nécessité éprouve toujours des difficultés dans son application immédiate. La signature la semaine dernière, à Yaoundé, des protocoles d’accord consacrant la baisse des prix de ces produits entre les pouvoirs publics et les opérateurs économiques des filières du poisson, du riz et du sel n’a véritablement pas ramené la sérénité dans les marchés. A Douala, au marché Sandaga comme à Mboppi en passant par Douala bar, consommateurs et commerçants s’étripent autour de la non application de ce qui devraient être les nouveaux prix du riz, de la farine, du sel et du poisson. La même guéguerre se vit entre grossistes, demi-grossistes et simples détaillants. Des dissonances qui ont provoqué une descente sur le terrain des autorités du ministère en charge des prix.
En effet, une mission de contrôle de la délégation provinciale du Commerce pour le Littoral à Douala est allée avant-hier mardi, 10 octobre, à la traque de quelques boutiques dans certains marchés de la place. "Les prix homologués, le protocole entre les pouvoirs publics et les opérateurs économiques signé, nous devons veiller à leur applicabilité afin que tous les camerounais tirent profit des actes du gouvernement", indique M. Amougou, le délégué provincial au terme de "l’opération punitive". Cette descente sur le terrain a été sanctionnée par la mise sous scellé d’une quinzaine de boutiques dans les marchés de Mboppi, Ndokoti et Douala bar. La mission ainsi conduite par le délégué provincial dans le Littoral reprochait aux commerçants de vouloir passer outre les prix homologués. Certains ayant même organisé la pression sur les prix déjà pratiqués.
Hier mercredi, au marché de Mboppi, un des plus grands marchés d’Afrique centrale, ça discutait encore et encore entre consommateurs et commerçants. Ça et là, les prix affichés n’étaient toujours pas ceux pratiqués pour le malheur des clients. "Ce riz [américain 50 kg], je l’ai acheté bien avant l’acte du chef de l’Etat à 13.200Fcfa et je le revends à 13.600 Fcfa. Pourquoi m’obliger à le placer à 10.000Fcfa?", s’interroge rageusement Moïse Tedjong, un commerçant. Et, un autre dont la boutique a été fermée d’ajouter, "Tant que les grossistes continueront à appliquer les anciens prix, il sera difficile pour nous les détaillants que nous sommes, de pratiquer les nouveaux prix. Nous attendons toujours les commissions en charge d’évaluer les anciens stocks de nos marchandises". Le sac du sel anciennement vendu à 2 800 Fcfa revient à 2.600 Fcfa au lieu de 2.500 Fcfa. Pour le kilogramme du sucre dorénavant fixé à 480 Fcfa, coûte toujours 600 Fcfa.
"Nous connaissons des difficultés de compréhension. Les commerçants détaillants sont ceux qui souffrent le plus et se sentent lésés. A qui s’adresser par rapport au manque à gagner suite à la baisse des prix?", se demande Alice Maguedjio, secrétaire générale de l’Association des commerçants du marché de Mboppi (Ascodim). Hier, M. Amougou, après une nouvelle descente de contrôle des prix dans quelques poissonneries de la ville a tenu deux séances de travail à la délégation provinciale respectivement avec les syndicats de commerçants détaillants du Wouri et l’Ascodim. Objectif, "sensibiliser davantage les commerçants sur le bien-fondé de l’application des nouveaux prix". Contrairement au sel, au sucre, au riz et à la farine, seul le poisson congelé nage dans des eaux douces. Le maquereau doré, qui coûtait encore 1.000Fcfa le kilogramme est redescendu à 700 ou 800 Fcfa. Le prix du bar Corvina qui oscillait entre 1.000 et 1.200 Fcfa est revenu à 900Fcfa.
Source: Quotidien Mutations
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