Rapprochez vous du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation". Lundi dernier, pourtant, en matinée, des agents de Cfao arpentaient les couloirs du Minatd. Renseignements pris, ils étaient là "pour préparer une livraison de matériel"
De source digne de foi, un contrat a été signé le 14 septembre dernier entre le Minatd et Cfao-Technologies, une lointaine héritière des comptoirs coloniaux français, basée à Yaoundé, au lieu dit Nouvelle route Bastos, en vue de l’informatisation du fichier électoral au Cameroun. L’appel à consultation, prélude à la sélection du prestataire, date du mois dernier.
Quatre entreprises avaient déposé des soumissions: Connect Info, Dupuch Export Sa, Intek, et Cfao-Technologies. La dernière a damé le pion à ses concurrents, en raison, assure un cadre de Cfao-Technologies qui a requis l’anonymat, "de son expérience dans le domaine, de sa capacité d’assurer la maintenance, de la nécessité d’harmoniser les équipements".
Visiblement, passée la phase de la consultation, le contrat a été conclu en toute discrétion. Au niveau de Cfao, seuls quelques responsables du département "Génie informatique et intégrateur de solutions" sont dans le coup. Au Minatd, le silence est aussi de règle. Aucun responsable n’est prêt à parler de ce dossier jugé "délicat".
Grâce à des sources bien introduites auprès des entreprises concurrentes de Cfao-Technologies, nous avons pu recueillir de menus détails sur cette opération. Le travail demandé consiste à collecter les données disponibles dans les districts et les arrondissements et de les remonter vers les départements. Ces derniers constituent le premier niveau d’informatisation. Les éléments d’identité de chaque électeur seront enregistrés sur des fichiers informatiques.
De là, ils prendront la direction des dix chefs lieux de provinces que sont Yaoundé, Ngaoundéré, Bafoussam, Maroua, Buea, Bamenda, Ebolowa, Bertoua, Douala et Garoua. La coordination provinciale du fichier électoral sera assurée par les gouverneurs. A ce niveau, les données subiront une seconde vérification, puis seront transmises et centralisées en un lieu unique à Yaoundé, en l’occurrence dans les locaux du Minatd.
Selon les termes du contrat, Cfao-Technologies aura jusqu’au 30 octobre 2006 pour déposer les équipements informatiques nécessaires à l’opération dans ces sites retenus dans le cadre du schéma adopté par le Minatd, en accord avec les partenaires que sont notamment l’Union européenne.
L’acheminement de ce matériel vers les chefs lieux de département n’est pas une mince affaire, compte tenu de l’enclavement et de l’état des routes, particulièrement dégradée par ces temps de pluies. Le contrat prévoit aussi la fourniture de groupes électrogènes pour pallier les coupures de courant électrique.
Au-delà du 30 octobre, commencera, selon un chronogramme encore officieux au Minatd, la phase de la formation des différents intervenants. Il s’agit de quelques techniciens et ingénieurs, ainsi que des autorités administratives. "Ces derniers seront impliqué à fond dans l’informatisation.
Ils doivent comprendre ce qui se passe. Modernisation ne rime pas avec marginalisation des autorités administratives. Au stade actuel de la législation, la coordination matérielle est toujours assurée par nous", insiste un préfet joint au téléphone.
L’informatisation du fichier électoral est très attendue. De l’avis des principaux acteurs du jeu électoral, ce sera une réponse aux tripatouillages divers dénoncés par les partis d’opposition et les observateurs des scrutins organisés depuis 1992. Il contribuera, à coup sûr, au moins à réduire les querelles relatives aux multiples inscriptions, au phénomène des électeurs ambulants et fictifs.
De plus, il s’agit, officiellement, d’une option du gouvernement, désormais irréversible. Même si on apprend, d’après des indiscrétions arrachées à quelque cadre en service au secrétariat général de la présidence de la République, que, sur ce dossier, les attitudes sont partagées au sommet de l’Etat.
Depuis au moins un an, Marafa Hamidou Yaya peinerait à faire passer le projet d’informatisation du fichier électoral. Il buterait sur les réticences de quelques partisans du statu quo, et sur des difficultés financières. Au terme de moult réunions tenues dans les services du Premier ministre et restées sans effet, le Minatd n’aurait dû la petite avancée que constitue la signature du contrat du 14 septembre 2006 qu’à l’entrée en scène du président de la République en personne.
Source: Quotidien Mutations
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