"On donnerait volontiers le bon Dieu sans confession au jeune Rigobert Owona alias Éric". 24 ans, un beau faciès et une mine angélique, l' impression de candeur qu'il dégage ressort comme une sorte de contraste avec sa présence hier mardi 20 avril, devant la barre du tribunal de grande instance de Yaoundé centre administratif, au boxe des accusés.
Plaidant coupable, il doit en effet répondre de la lourde charge de tentative de meurtre. A l'autre bout de la barre, une jeune fille, le visage déformé par de grossières cicatrices... sa victime et concubine, avec qui il a partagé deux années de vie intime. gée de 20 ans seulement, Delphine Mendouga traîne douloureusement les marques des sévices corporels qu'elle a subit et entend se faire justice.
Les faits remontent au 6 juillet 2002. Delphine Mendouga est calmement couchée en début de soirée (18 heures) dans le salon de ses parents. Rigobert Owona s'amène tout aussi calmement chargé d'une assiette contenant un liquide dont il a seul, connaissance de la composition.
Il s'introduit dans la salle de séjour des parents de sa concubine et sur un geste détendu, verse le contenu de son assiette en direction de cette dernière. Avec le même calme affiché lors de son arrivée, il se retire sereinement, laissant derrière lui les cris et gesticulations de sa victime.
Vus les brûlures qui ont immédiatement envahi le corps endolori de Delphine Mendouga, toutes les personnes témoins de la scène macabre ont conclu qu'il ne pouvait s'agir que d'un acide un produit toxique bien connu de Rigobert Owona. Alertée par la gravité de la situation, la famille de la jeune fille l'a rapidement transporté dans un hôpital de la place où elle a séjourné pendant 04 mois. Des faits relatés par la victime et intégralement confirmés devant la barre par l'accusé.
MOBILES
Rigobert Owona n'a cependant pas pu expliquer à la cour, les mobiles de son acte criminel. Se contentant de déclarer ignorer ce qui lui ait arrivé ce jour là. Delphine Mendouga elle, est doublement affligée. En plus des marques corporelles inscrites sur son corps pour la vie, elle raconte que les parents de son concubin ne voulaient pas d'elle aux côtés de leur fils, au prétexte qu'elle ne donnait pas d'enfants.
Convaincus que la seule raison de la présence de cette fille "stérile" auprès de leur tôlier (tôlerie) de fils était la recherche du profit. Quitter cet environnement hostile pour regagner le domicile de ses parents devenait dès lors pour cette jeune fille sans statut juridique enviable, un impératif. Sa vie "conjugale" était devenu un véritable calvaire.
A la suite de la partie civile qui a sollicité des préjudices évalués à 30 millions de Fcfa, compte tenu des soins que la victime doit suivre, son bras droit étant pratiquement immobilisé par les cicatrices de ses blessures, le procureur de la République a requis une peine d'emprisonnement à vie contre l'accusé.
Se fondant sur la préméditation ainsi que le commencement d'exécution de l'acte incriminé qui a manqué son effet sans la volonté de l'auteur, il a demandé la requalification des faits de tentative de meurtre en tentative d'assassinat. Le représentant du ministère public qui a obtenu du tribunal l'autorisation de demander à la victime d'ôter sa chemise en salle d'audience, a ainsi voulu montrer la gravité des séquelles portés par Delphine Mendouga.
Particulièrement mal à l'aise dans ce procès, le défense de l'accusé a pour sa part plaidé l'aveu spontané de son client, tout en mettant en exergue le mobile passionnel dans son action. Le dernier mot de Rigobert Owona au tribunal s'est résumé en trois mots : "Je demande clémence". Va t-il seulement être entendu par le juge et ses assesseurs ? Réponse le 18 mai prochain, jour où le tribunal videra son délibéré dans cette affaire.
source: Quotidienmutation, Claude Tadjon
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