Dans le garage de la Légion de gendarmerie du Centre, au milieu d'une dizaine de petites voitures, un véhicule 4x4 de marque Suziki est garé et ne passe pas inaperçu. Un gradé de cette unité, rencontré sur les lieux, confesse que la voiture à la plaque minéralogique rouge, portant une immatriculation étrangère, a été conduite dans ces locaux mardi, 5 septembre dernier, peu après 20h.
Et que le véhicule, qui appartenait au colonel à la retraite Pétain Nnanga, a été récupérée au quartier Ekoumdoum, non loin d'Ekounou sur la route de l'aéroport de Yaoundé- Nsimalen, après l'assassinat de son propriétaire par deux individus encore non identifiés. Sur les circonstances de ce drame, un responsable de la Compagnie de gendarmerie d'Emombo, où une enquête a été ouverte, est très peu disert sur la question. "Nous n'avons pas encore assez d'éléments pour en parler", affirme-t-il.
Mais, selon des informations concordantes puisées à bonne source, le drame est survenu mardi, 5 septembre dernier, aux environs de 19h. Heure à laquelle le colonel Pétain Nnanga, qui réside à la Cité verte, se retrouve au quartier Ekoumdoum, au domicile de Marie Archangelo (veuve de l'artiste Archangelo de Moneko), tantôt présentée comme étant un membre de la famille du colonel, tantôt comme une connaissance de longue date de ce dernier.
Le colonel Nnanga, selon ces mêmes témoignages, est accompagné de deux individus dont un adjudant chef. Les trois hôtes de Marie Archangelo, qui visiblement semblent bien connaître les lieux, sont alors surpris par deux individus, qui leur intiment l'ordre de se coucher. La menace est d'autant plus sérieuse que l'un des malfrats brandit une arme. De fabrication artisanale, précisent nos sources.
Interrogations
Mu par son réflexe de militaire, le colonel refuse d'obtempérer. Cette résistance déstabilise le malfrat, qui appuie sur la détente et atteint son vis-à-vis à la poitrine. Les deux individus prennent la fuite sans rien emporter. Avec des plombs dans le corps, Pétain Nnanga, selon nos sources, essaye de suivre ses assaillants. Il s'écroule quelques mètres plus loin.
Et meurt. Avant que le moindre secours ne lui soit porté. Saisie de l'affaire, la compagnie de gendarmerie d'Emombo a commencé, a-t-on appris hier en soirée, les auditions des témoins : les deux compagnons du colonel au moment de son assassinat et Marie Archangelo, chez qui le drame a eu lieu.
L’on se demande si les individus qui ont tiré sur le colonel étaient vraiment des bandits? Ou encore si le colonel Pétain Nnanga, bien qu'étant déjà à la retraite, n'est pas plutôt la victime d'un règlement de comptes maquillé en assassinat banal? Ce d'autant que, indique une source crédible, les assassins du colonel ne lui auraient pas tiré dessus à cause de son sang froid face à la menace d'une arme. Mais lui auraient préalablement demandé de s'identifier avant d'ouvrir le feu.
Un argumentaire d'autant plus plausible que les individus qui ont assassiné le colonel, qui se présentaient pourtant comme des braqueurs, ont pris la fuite dès le forfait commis, sans chercher à intimider les autres membres du groupe et à emporter quelques biens qui ne manquaient pas dans la maison.
Pareilles supputations avaient déjà été entendues au mois de septembre 2005 lors de la découverte des corps, en état de décomposition, du colonel retraité Joseph Sing et de son épouse, Emilie Ngo Bapes, dans leur domicile au quartier Tsinga, à Yaoundé. Les deux dépouilles avaient été retrouvées, l'une dans la douche (celle de la femme), et l'autre dans la bibliothèque, dans une maison aux portes barricadées de l'intérieur.
Qu'avait révélé l'enquête ouverte à cette époque par la brigade de gendarmerie de Tsinga? On ne l'a jamais su.
Le colonel Nnanga Pétain était à la retraite depuis deux ans. Il a été commandant du Bataillon Blindé de reconnaissance à Douala, et, pour l’histoire, il fut le tout premier aide de camp du général Semengue, encore en service dans l’armée Camerounaise.
Source: Quotidien Mutations
|