Après les trois commissaires de police révoqués il y a deux jours, un décret présidentiel vient de sanctionner monsieur Gibiring Garba, commissaire de police principal de 8e échelon, indice 1000, pour indélicatesse grave dans l’exercice de ses fonctions. Par conséquent, il est ramené au grade de commissaire de police de 9e échelon indice 945.
Celui dont il est question était commandant du groupement mobile d’intervention (Gmi) à Douala, il y a encore quelques mois. Il avait été suspendu de ses fonctions pour une période de trois mois qui ont été tacitement renouvelés. Des sources proches de la police indiquent que plusieurs dossiers compromettants relatifs aux tracasseries diverses étaient montés par les usagers et sa hiérarchie, contre ses services et lui-même.
Notamment de nombreux conducteurs de moto taxi qui se plaignaient de la disparition de leurs engins mis dans la fourrière de ses services et qui, quelque temps après, étaient portés disparus. “ Trois révocations, une rétrogradation. Cela est bien maigre, compte tenu des ambitions que l’actuel délégué général à la Sûreté nationale s’était fixées et au vu des dossiers en instance à la Sûreté nationale ”, relève un cadre de la police qui a requis l’anonymat.
D’après la réglementation en vigueur, explique une source policière, plusieurs centaines de policiers font actuellement l’objet de procédures disciplinaires et administratives et de poursuites judiciaires. Et sont soit en prison, soit en liberté. Mais, ils sont pour la plupart suspendus de leurs fonctions et de salaire. Avec la précision que ceux qui sont en prison et ont été au préalable dépouillés de leurs attributs de policiers.
Mais même si toutes les procédures sont à leur terme, il faudra attendre l’aboutissement de la procédure administrative pour que la révocation soit prononcée. Et cette phase intervient au niveau du secrétaire général de la présidence de la République qui est en réalité le patron de la police. Pour l’instant, il n’y a aucune visibilité dans toutes ces procédures.
Mais, au niveau de la présidence de la République, comme nous l’avons signalé dans notre dernière édition, des textes de révocation et des sanctions diverses s’amoncellent. Les mêmes sources indiquent qu’il faut publier ces mesures à dose homéopathique, question de créer une psychose permanente. Par exemple, l’on se rappelle bien des dossiers qui ont défrayé la chronique au Cameroun depuis l’avènement de Alain Edgar Mebe Ngo’o à la délégation générale à la Sûreté nationale.
Jean Paul Motaze, commissaire de police principal, alors chef de la division administrative et des renseignements généraux du Littoral et le gardien de la paix, Touodo Djomo avaient été suspendus de leurs fonctions il y a quelques mois par le délégué général à la Sûreté nationale. Le premier avait prêté son arme au second qui en avait abusivement utilisée pour abatte son collègue, Claude Obam Ndoun avec qui il avait pourtant passé la nuit à boire dans un débit de boisson à Douala.
Le 5 juin 2005 des policiers du 10e arrondissement de Douala avaient séquestré deux jeunes gens pendant plusieurs jours. Et les avaient même présentés à la presse comme de dangereux braqueurs. Il a fallu que la hiérarchie se saisisse du dossier pour se rendre compte que les deux adolescents étaient en détention simplement parce qu’ils n’avaient pas “ bien parlé ”, après leur interpellation. Pris de peur, les policiers les ont précipitamment libérés.
On se rappelle que la fameuse affaire des neuf disparu de Bépanda, à Douala, avait les mêmes contours. Autre cas, dans la nuit du 30 au 31 mrs 2005, Samuel Claude Mpacko Dikoumé, gardien de la paix, avait tiré à bout portant sur Paul Ngosso, un artiste, au quartier Bali de Douala.
Il se serait agi d’un règlement de comptes. On se souvient également de ces commissaires de police qui ont abattu à bout portant des citoyens sans défense à Kribi et à Buea, et dont les forfaits avaient provoqué des émeutes dans ces viles.
Une onde de choc traverse le corps de la sûreté nationale depuis que ces sanctions tombent. Nulle doute qu’elles vont considérablement modifier le comportement de bon nombre de nos hommes en tenue. A moins qu’elles ne s’estompent comme la fameuse opération épervier.
Source: La Nouvelle Expression
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