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Insécurité : Yaoundé pris en otage
(20/08/2006)
Yaoundé est devenue une ville dangereuse et mal faméee. Plusieurs coins obscurs et envahis par la broussaille transformés en coupe-gorge par des brigands.
Par Jean-Bruno Tagne

C’est une jeune fille de 25 ans meurtrie qui vit presque recluse dans la maison familiale au quartier Madagascar à Yaoundé. Le 5 août dernier, elle s’est fait agresser et violer par deux individus à bord d’un taxi au lac municipal, devant le ministère de la Fonction publique. Ce jour là, il est environ 20h. Elle emprunte un taxi au lieu dit Mobil Essos. A bord, déjà, le chauffeur et un homme qui occupe le siège arrière. A la Poste centrale, le chauffeur lui propose un détour par l’Ecole normale, "pour laisser le client". La jeune fille n’y fait aucune objection. Pourvu qu’on arrive...

Au lac municipal, le prétendu passager la tient en respect à l’aide d’un couteau et la muselle avec un rouleau de bande adhésive. Dans le noir et le calme glauque de cet endroit, elle est dépouillée de son téléphone, de ses bijoux et de son sac à main. Comme si cela ne suffisait pas, ses bourreaux la violent et l’abandonnent à cet endroit. C’est un autre chauffeur de taxi qui la ramène chez elle, les vêtements en lambeaux et la terreur dans le ventre.

Manège

Des scènes comme celle-là sont devenues récurrentes à Yaoundé. Certains endroits se sont transformés en véritables coupe-gorge autour desquels, tapis dans l’obscurité ou la broussaille, les bandits agressent les citoyens qui osent s’y aventurer une fois la nuit tombée, à pied ou à bord de taxis. Selon les responsables des Equipes spéciales d’intervention rapide (Esir) de la police, au lieu dit montée Enam et au Lac municipal, on agresse généralement à bord des taxis. Les brigands profitent du calme de cet endroit et de l’obscurité pour dépouiller leurs victimes. Selon nos sources, on compte ici deux ou trois cas d’agression chaque jour et parfois des morts s’en suivent.

Quant au lieu dit carrefour Warda, juste devant le stade en construction et à la nouvelle route Bastos, les bandits sévissent à pied. Tapis dans le noir et les marécages, ils attendent leurs potentielles victimes. Une fois la nuit tombée, toute personne qui s’y aventure est presque sûre de se faire agresser. Vanessa, 23 ans, caissière dans une librairie de la ville s’est fait dépouiller devant le complexe sportif en construction il y a quelques jours. Il était à peine 19h. Lasse d’attendre un taxi en compagnie de son amie, elles marchent et, une fois devant " le stade chinois ", un homme surgit du marécage, lui entaille le bras à l’aide d’un couteau et emporte son sac à main.

Le Parc Repiquet, Sho et les alentours du manège qui s’y trouve sont eux aussi les refuges pour les brigands. Ici, ils "opèrent" avant même que la nuit ne soit tombée. " Il ne se passe pas un seul jour sans que quelqu’un se fasse agresser ici ", témoigne un policier des Esir. Idem pour le marché du charbon et la montée Tsinga Elobi, ainsi que l’affirme le maréchal des logis Bienvenu Atangana, de la gendarmerie de Madagascar. Au commissariat de Mokolo, on affirme d’ailleurs recevoir au moins quatre plaintes chaque jour de personnes qui se sont fait dépouiller. La lecture de la main courante des Esir révèle que les agressions ont atteint des pics ces deux derniers mois. En juillet, on y a enregistré cent cas d’agressions, soit environ trois par jour et depuis le mois d’août, les statistiques font état de quarante cas d’agression. Tous presque aux mêmes endroits. Lesquels ont la particularité d’être obscurs ou d’être bordés de broussaille. Les coupe-jarrets peuvent alors mieux se tapir pour attendre leurs victimes.

117
Ce qui pose le problème de l’éclairage public dans la ville de Yaoundé, responsable, pour certains citadins, de ces nombreuses agressions. Les victimes pointent aussi un doigt accusateur sur les forces de l’ordre, qu’elles accusent de ne pas faire grand-chose pour combattre le banditisme. C’est l’avis d’une dame en service au ministère de l’Education de base, qui s’est fait agresser récemment dans un taxi derrière l'ancienne présidence. "Ce qui est curieux, c’est qu’on connaît les endroits où on agresse, les heures et même la manière de procéder. La police et la gendarmerie n’ont plus qu’à y patrouiller. Tous ces enfants qu’on a ramassé à la pelle dans la police nous servent à quoi ?" se demande-t-elle furieuse.

Les éléments des Esir reconnaissent effectivement que la multiplication des patrouilles pourraient être une solution au banditisme qui sévit dans la ville de Yaoundé en ce moment mais évoquent des écueils qui s’érigent sur leur chemin. "C’est vrai que la présence de la police un peu partout peut être dissuasive. Mais il faut qu’on arrête de tourner les policiers en bourrique dans ce pays. Tantôt on dit qu’ils doivent quitter la route, tantôt on dit qu’ils doivent y venir. Que veulent les gens finalement?", s'offusque un officier de police des Esir. Il évoque aussi le manque de moyens de locomotion pour les patrouilles. Idem à la gendarmerie, où l'on déplore par ailleurs l’approvisionnement insuffisant en carburant.

L’autre problème est la mauvaise utilisation des numéros de détresse, que sont le 117 et le 113. Beaucoup d’enfants notamment, nous confie-t-on, composent ce numéro pour plaisanter. Ce qui fait perdre certains véritables appels de détresse. " Les parents doivent éduquer leurs enfants à ce sujet ", conseille un officier des Esir. Il ajoute, en guise de conseil, qu’il vaut mieux éviter les lieux obscures et emprunter les taxis en course à certaines heures.
S’agissant de l’éclairage public qui fait cruellement défaut à Yaoundé et de la broussaille qu’il y a à certains endroits de la ville et qui permet aux truands d’accomplir leur sale besogne, certains responsables de la Communauté urbaine de Yaoundé affirment que l’éclairage public fait partie des prochains chantiers du délégué du gouvernement, Gilbert Tsimi Evouna, en espérant que cela réduira les coupe-gorge de la capitale.

Liste non exhaustive des lieux dangereux de Yaoundé
- Carrefour Warda et devant le stade en construction
- Nouvelle route Bastos
- Ntaba Nlongkak
- Etoa Meki à partir de la boulangerie Sélecte
- Mokolo vers Messa
- Marché du charbon
- Descente Mokolo Elobi
- Etetag descente Ema Basile
- Ministères de l’Education, devant comme derrière
- Derrière l’ancienne présidence
- Lac municipal et montée Enam
- Rue du Madison night club
- Palais des Congrès
- Mont Fébé
- Foire
- Pont de la Cité verte
- Centre culturel camerounais
- Pont de la gare
- Parc Repiquet
- Descente Elig Edzoa avant le pont
- Devant et derrière l’Hôpital central
- Derrière le Hilton
-Rue Ceper
-Pont Fouda


Source : Quotidien Mutations






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