Il n’aura plus qu’à essayer son tour de passe-passe au Camp-Est...
« Et cette arnaque, en tout, combien de fois l’avez-vous mise en pratique ? » En face de la barre, Lucien Tankoua, 24 ans, qui cultive des airs d’innocent entraîné malgré lui, essaie de minimiser : « Cinq, six fois en tout. Pas plus. » En Calédonie, il n’aura fait que la tenter.
Arrivé illégalement sur le Territoire le 30 mars dernier, il a été interpellé le lendemain. Pour usage de faux documents administratifs, en l’occurrence un passeport français, et tentative d’escroquerie. Avec un principe simple : rien ne se perd, tout se crée.
Lucien Tankoua a essayé de vendre aux commerçants de Nouméa des feuilles de papier noirci comme étant des billets de 10 000 F tachés, mais récupérables avec un produit miracle ! Il suffisait de plonger les vieux papiers dans un seau rempli de gel moussant, de teinture d’iode et de révélateur photo. « Au moment de sortir le papier du seau, vous le remplaciez discrètement par une coupure de banque », rappelle la présidente du tribunal, Marie-Françoise Lamandé.
Un vrai tour de prestidigitation à associer à une jolie histoire de billets sabotés et tachés d’encre noire dans le cadre d’opérations douteuses. Des billets dont le détenteur est prêt à se débarrasser à bas prix, avec en plus le produit miracle. Et ça peut fonctionner. Deux autres escrocs, africains eux aussi, attendent au Camp- Est leur jugement dans une affaire similaire.
Manque d’expérience ou méfiance particulière des commerçants calédoniens, Lucien Tankoua n’a pas réussi à faire fonctionner son système. Le détaillant avec qui il a essayé a immédiatement eu des doutes, au point d’appeler la police pour les prévenir. « Il est venu ici en désespoir de cause, en cherchant un moyen de survivre, a souligné maître Lisa Kibangui. L’expulsion vers son pays d’origine, le Cameroun, serait sans doute ce qui pourrait lui arriver de pire. »
Le tribunal a préféré le condamner à deux mois de prison ferme assortis d’une interdiction d’entrée sur le territoire français, Calédonie comprise, pendant cinq ans.
source: info.lnc.nc, Marie Vecten
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