Vendredi 4 août dernier, Sandrine N. a quitté ce monde laissant sa famille éplorée. Une mort subite et d'un genre particulier, qui laisse l'équipe médicale des urgences de l'hôpital central de Yaoundé, où elle a été conduite, dans l'émoi et l'embarras. Selon les témoignages des sœurs de la victime, Sandrine a été retrouvée évanouie aux toilettes, face contre terre. Au quartier Mokolo où elle résidait, on garde d’elle le souvenir d'une belle jeune femme plutôt timide et réservée.
Evoluant dans un univers où, selon toute vraisemblance, foisonnent des astuces dans le genre, elle a choisi de se purger avec des feuilles de tabac fraîches. "Elle est allée aux toilettes et s'y est écroulée", indique une de ses soeurs en larmes. Sandrine a eu juste le temps de confier à sa famille, paniquée et qui la transporte à l'hôpital, l'acte qu'elle vient de commettre sans donner de détails. Elle décède 30 minutes plus tard, avant même d'avoir reçu des soins. L'ambulancier a juste le temps de placer le corps inerte de la fille, coiffée de rastas d'un blond doré, sur un brancard. En attendant le transfert à la morgue de l'hôpital.
Nul ne sait si la purge a été faite par voie anale ou vaginale, la famille ayant déclaré ne pas disposer de moyens pour une autopsie. Néanmoins, le cas de Sandrine N. a permis à l'équipe médicale de garde aux urgences de faire des révélations sur ces aphrodisiaques qu'utilisent, de plus en plus, les jeunes femmes. Et dont les cas critiques sont enregistrés aux urgences depuis le début des vacances. Selon une infirmière en service à la petite chirurgie, en effet, "les jeunes filles l'utilisent comme aphrodisiaque et comme pilule avorteuse. Selon leur témoignage, se purger avec du tabac permet d'atteindre facilement l'orgasme, ainsi que de se débarrasser des grossesses non désirées".
Balbine, 31 ans, secrétaire de direction et adepte de ce procédé, ajoute que "se purger avec du tabac favorise l'épaississement de la muqueuse utérine. Ce qui procure des sensations fortes pendant la relation sexuelle", précise-t-elle. Une pratique qui, semble-t-il est très vulgaire dans la province de l'Est Cameroun. Selon Mireille Laure, originaire de Bétaré Oya, "quand une jeune fille atteint l'âge du mariage, le premier conseil que lui prodigue sa mère c'est de savoir garder son mari. Et, entre autres moyens, il y a la purge au tabac. Après un premier rapport, l'homme demeure fidèle. Parfois, on introduit des feuilles moulues dans le vagin pour le même but", confie-t-elle. Pourtant, sages femmes et accoucheurs se dressent en faux contre ces pratiques. De leurs avis, le tabac est l'un des posions les plus mortels du monde. "Utiliser par voie rectale, il expose à des lésions gastriques et du duodénum. Une fois qu'il y a ces brèches, si l'utilisation est répétée, les substances du tabac peuvent s'infiltrer dans le sang et attaquer le cerveau. Par voie vaginale, le tabac provoque, par des brûlures, la paroi vaginale et l'expose aux infections et à la perte de sensibilité", explique Daouda, infirmier spécialisé en santé de reproduction.
Source : Quotidien Mutations
|
