Les témoignages concordants des passagers sont alarmistes. Le 05 août, à bord du vol KQ 0504M de la Kenya Airways (Nairobi-Douala), l’attention des passagers est attirée par une jeune dame que des hommes se mettent à cogner nerveusement, et à balancer dans tous les sens dans l’avion. L’opération, qui aurait dû se passer incognito, est ébruitée. C’est que la jeune dame, Mme Kengne, la trentaine, qui porte une grossesse de sept mois, vivait, depuis plusieurs années, en Hollande où elle est légalement mariée, explique-t-elle.
Un après-midi, par ces temps de canicule en Europe, elle est sortie en petite tenue pour faire quelques tours dans son quartier. Elle a été interpellée par la police qui ne lui a pas donné l’occasion d’aller chercher ses papiers qu’elle avait oubliés en sortant. C’est ainsi que pendant plusieurs jours, elle a été gardée et torturée dans les cellules de la police qui a finalement décidé de la rapatrier. Pour le voyage, le gouvernement néerlandais a estimé qu’il fallait lui flanquer une dame policière et deux autres flics costauds. Menottée grossièrement comme une dangereuse terroriste, elle a été embarquée jusqu’à Nairobi où elle a été transférée dans une correspondance pour le Cameroun.
Mais dans le vol, à destination de Douala, elle a demandé à ses bourreaux de la laisser choisir librement sa place dans l’avion. C’est alors que la femme, qui fait partie de ses gardes, furieuse, l’a projetée au mur, avant de commencer à la rouer de coups, devant l’équipage kenyan et les agents de sécurité de l’aéroport. C’est quand les passagers camerounais se sont intéressés à l’incident que Mme Kengne a conté sa mésaventure. D’où la révolte bruyante des Camerounais. Ce qui a eu pour conséquence d’immobiliser l’aéronef pendant plusieurs heures, alors qu’il était déjà sur le point de prendre les airs pour Douala.
Ministre impassible
Finalement, les policiers se sont résolus à descendre avec la captive. Comble du ridicule, un ministre camerounais était à bord de cet avion, et n’a point levé le petit doigt, pour défendre sa compatriote en détresse. On l’a vu pendant ce temps siroter son champagne, en première classe, impassible. Avant que l’appareil ne décolle, les passagers ont encore aperçu les policiers marcher pratiquement sur la jeune dame couchée sur le tarmac de l’aéroport.
Les témoignages des passagers indiquent que les Camerounais, qui voyageaient dans la correspondance suivante (celle d’hier) pour le Cameroun, ont, une fois de plus, opposé une résistance farouche à l’embarquement forcé de Mme Kengne dans ce vol. Ceux d’hier ont même menacé de descendre tous de l’avion, si l’on persistait à vouloir la faire monter.
Samedi déjà, les policiers n’avaient pas pu s’empêcher de la traîner au sol à travers l’aéroport, et de déchirer ses vêtements. Au point de dévoiler son intimité au public, à l’indifférence du gouvernement kenyan. C’est un bienfaiteur qui lui a finalement trouvé un pagne qu’elle noue autour du corps depuis. C’est dans cet accoutrement qu’elle affronte la rudesse du froid de Nairobi où il fait généralement 15°C.
Depuis 72 heures, les policiers hollandais sont campés à l’aéroport de Nairobi, décidés à embarquer leur “ colis ” pour le Cameroun par tous les moyens. Pour l’heure, on ignore quelle est la réaction des responsables de la mission diplomatique camerounaise à Nairobi ; mais, ils ont intérêt à agir vite, car, Mme Kengne porte sept mois de grossesse. On chercherait un acte de racisme qu’un exemple est ainsi bien fourni.
Source : La Nouvelle Expression
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