Le lieutenant Bruno Mboula avait pourtant le sourire aux lèvres vendredi, 4 août, dans la salle d'audience de la cour criminelle de Yaoundé. Inculpé le 1er janvier 2005 pour le meurtre de Guy Merlin Kuitcheu Ndjayi, 17 ans, il a écopé de 18 mois d'emprisonnement ferme. Une peine, légère selon certains témoins. La décision a d’ailleurs provoqué le courroux de la partie civile. La préméditation du crime, soutient cette dernière, a en effet été révélée par l'enquête préliminaire à la brigade des recherches d'Emombo III à Yaoundé.
Les faits remontent au 1er janvier 2005. Il est environ 22h quand le lieutenant Bruno Mboula assène quatre coups de poignard au jeune footballeur Guy Merlin Kuitcheu Ndjayi,élève en classe de 4è. L'homme en tenue lui reprochait une tentative de viol sur sa fille par alliance, Alphonsine Rosine Mbena, 18 ans. Selon la déposition l'accusé a indiqué aux gendarmes avoir été alerté par son neveu, Ndi Noé. "Je me suis précipité sur les lieux. Compte tenu de l'obscurité, je n'ai remarqué aucune présence. Mais je me suis retrouvé subitement empoigné par deux individus qui m'ont renversé dans une rigole. Ayant réussi à me débattre, j'ai arraché le couteau que l'un deux détenait et m’en suis servi pour le poignarder. Je me suis immédiatement rendu à la brigade de recherches d'Emombo avec ledit couteau", déclare le lieutenant Bruno Mboula.
Or, selon le procès verbal de la gendarmerie, l'inculpé est arrivé couvert de sang à la brigade, prétextant avoir été agressé à son domicile par un groupe de bandits. Pendant que le secrétaire de garde s'en va chercher du papier dans un bureau voisin, il réussit à glisser l'arme du crime dans l'un des tiroirs du bureau de ce dernier. La déposition des différents témoins a révélé que le lieutenant n'a pas laissé le temps à l'adolescent de s'expliquer sur cette prétendue agression. Pauline Josiane, 15 ans, et qui a assisté à la scène, a déclaré à la gendarmerie que "le lieutenant a d'abord frappé le poignet du couteau sur le front de Guy. Je ne savais pas que c'était un couteau. La fille du lieutenant a crié dès que son père a poignardé Guy plusieurs fois".
Après son acte macabre, le lieutenant Bruno Mboula va se réfugier à la brigade et revient près de trente minutes plus tard. Entre-temps, la nouvelle de la mort des suites d'une hémorragie de Guy Merlin s'est déjà répandue dans le quartier. La population en furie prend en chasse l'assassin, déjà réputé de violence dans le quartier. Pour dissuader la foule, il tire des cours dissuasifs et va à nouveau se réfugier à la brigade des recherches. Il n'en ressortira que pour être conduit au parquet. Pour le verdict rendu vendredi dernier, il ne reflète pas les dispositions légales en matières criminelles, selon les avocats de la partie civile qui ont aussitôt décidé d'interjeter appel.
Source : Quotidien Mutations
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