On croyait le dossier définitivement bouclé à cause des interventions venant de la présidence de la République et des services du Premier ministre. Que non. Le Sed a rouvert les auditions pour avoir plus de lisibilité sur l’utilisation des fonds remis au ministère des sports dans le cadre des Jeux olympiques de 2004, les éliminatoires couplées Can-coupe du monde 2006 et la gestion financière de l’ex-direction des sports au Minsep. En effet, au début du mois de juillet, la plupart des grosses légumes du défunt ministère de la Jeunesse et des sports sont entendus au Secrétariat d’Etat à la défense (Sed). Il s’agit notamment d’Emmanuel Engogomo ci-devant directeur administratif des équipes nationales de football (Daen) à l’époque des faits, actuellement en service au cabinet civil de la présidence de la République, dame Kala, contrôleur financier, Pierre Noungui, directeur des affaires générales (Dag) au Minsep, dame Adela Margueritte ex-régisseur et Emanye, précédemment chef de la cellule de la communication dans le même ministère, actuellement conseiller technique au ministère de la Jeunesse, Ndjana Robert, ex Daen, ex-directeur des sports et actuellement conseiller technique n°1 au Minsep.
Les auditions portaient en l’occurrence sur la gestion des 240.000 euros décaissés pour la participation du Cameroun au match opposant les Lions Indomptables à l’équipe nationale du Soudan à Khartoum. Les Camerounais, arrivés quelques heures seulement avant le début du match, n’affichaient pas un effectif complet. En plus, la délégation a été prise en charge par la Fédération soudanaise de football. A la suite du match nul (1-1), chaque joueur et encadreur avait reçu 1,5 million de francs Cfa. Le reste d’argent n’a pas été reversé au trésor public. A en croire les gestionnaires desdits fonds, le reliquat de la dotation mentionnée supra avait servi aux règlements des “ imprévus ”. Lesquels (imprévus) n’ont jamais été précisés. Les documents comptables y relatifs n’ont jamais été fournis aux enquêteurs.
“ Les enquêteurs ont également voulu savoir quel est le sort qui a été réservé à toutes les sommes prises pour les matches Côte –d’Ivoire Cameroun du 4 septembre 2005 et Cameroun – Egypte du 8 octobre 2005 ”, nous a dit une source proche du dossier. Les personnes entendues ont nié avoir géré cet argent. Pourtant, “ c’est le directeur des sports qui élaborait les budgets. C’est toujours lui qui en était le principal gestionnaire. Pour ce qui est des derniers matches, il s’agit de plusieurs milliards de francs Cfa”, nous a confié une autre personne entendue. Le conseiller technique N°1, en congé, nous n’avons pas pu avoir sa version des faits.
Gabegie aux J.O.
Autre son de discorde, le marché des équipements sportifs gagné par les Ets Douglas dans le cadre des Jeux Olympiques. Le fournisseur retenu n’a jamais livré lesdits équipements. La facture des équipements s’évaluerait à plus de trente millions de francs Cfa. Du moins, “ les responsables dudit établissement ont déclaré auprès des enquêteurs qu’il leur avait été demandé d’établir les factures. Le reste n’était plus à leur niveau ”, nous a-t-on fait savoir. Mais qui a géré ces fonds ? Toutes les personnes incriminées “ ont décliné leur responsabilité dans l’affaire, puisque c’est le directeur des sports, l’ex-ministre Etame Massoma et son secrétaire particulier Isaac Ndjoume qui ont géré ce dossier ”. Pour l’expédition en Grèce (à l’occasion des J.O.), les équipements ont été mobilisés par Albert Roger Milla.
Outre les équipements sportifs, la gestion des 362 millions de francs Cfa des Jeux Olympiques fait des vagues. Chaque athlète n’a reçu que 500.000 F cfa de prime de participation. On parle de la location de dix-neuf chambres pour une hauteur de 93.000 F cfa. “ Mme Adela Margueritte a été incapable de fournir les factures puisque ne les ayant jamais reçues ”, nous a-t-on dit. Pourtant, elle co-signait les décaissements d’argent avec le ministre. Les 11.000 euros restant n’ont pas été reversés. Il est par ailleurs clairement établi que la prise en charge a été faite par le Comité international olympique (Cio).
Source : Le Messager
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