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Yaoundé : Plus de 10.000 enfants dans la rue
(07/08/2006)
Des milliers d'enfants passent leurs nuits dans la rue à Yaoundé. Faute de structures d’encadrement, les devantures des magasins et les vieilles voitures sont leurs gîtes.
Par Jean-Bruno Tagne

Il fait frais ce samedi 5 août 2006 à Yaoundé. Devant le magasin Score, dans le centre ville, les gens empruntent précipitamment le taxi pour se mettre au chaud chez eux. Il y en a qui grelottent. Il est un peu plus de 19h. Sur le couloir du magasin, il y a une activité incessante d’enfants de la rue. Ils sont légèrement vêtus de tee-shirts où de chemises tombés en loques. Certains sont pieds nus. Ils ne semblent cependant pas particulièrement préoccupés par le froid ambiant. Ils sont une dizaine et ont plaqué contre la bouche de vielles étoffes en boule imbibés de colle qu’ils inhalent avec frénésie. C’est une drogue bon marché qui, semble t-il, leur permet de tenir. Chacun d’entre eux tient entre les mains un, deux, voire trois cartons qu’il déchire pour se fabriquer un lit de fortune pour la nuit.

C’est le même scénario en face du cinéma Abbia. Sauf qu’ici ces enfants dont l’âge varie souvent entre 12 et 16 ans n’ont même pas pris la précaution de ramasser des cartons pour se faire des lits. Ils sont allongés sur le ciment. A l’avenue Kennedy, au carrefour de l’Intendance, à la gare voyageur ou à l’avenue du 20 mai, on en voit qui sont carrément allongés sur le trottoir. Visiblement, la nuit des enfants de la rue à Yaoundé que l’on estime à plus de 10.000 selon une étude citée par la fondation Bernède à Yaoundé, n’est pas un long fleuve tranquille. Dans la journée, ils s’occupent comme ils peuvent soit avec des petits métiers pour les uns, alors que les autres se droguent, volent et agressent.

Pour Christian Menguen responsable de l’association Mômes, une jeune association qui s’intéresse aux problèmes des enfants de la rue, ce phénomène est, selon lui, un véritable problème de société au Cameroun. Selon ce dernier, il n’y a pas au Cameroun une véritable politique de prise en charge des enfants de la rue pour au moins en diminuer l’ampleur si ce n’est l’éradiquer. " Il est impératif, pense Christian Menguem, de resocialiser ces enfants qui ne sont pas fiers d’être dans la rue contrairement à ce qu’on peut penser. Cela est possible soit à travers l’éducation, soit en les ramenant dans leurs familles respectives."

Famille

Pourtant, sur le plan institutionnel, le ministère des Affaires sociales dispose de toute une direction de l’enfance. Dans ce service situé à Etoa Meki où nous n’avons pas pu rencontrer les responsables, il y a une unité chargée spécifiquement des enfants de la rue. Plus encore, le ministère des Affaires sociales, en partenariat avec la Croix rouge belge a mis sur pied le Centre d’écoute du Mfoundi, situé à quelques mètres de l’Hôpital central de Yaoundé et du siège de la Croix rouge camerounaise. Il s’agissait à l’origine d’un projet de réinsertion socio-économique des enfants de la rue.

Ici, une vingtaine d’enfants sont hébergés. Ils arrivent chaque jour à un rythme qui leur est propre et repartent quand le toit qu’on leur propose et la pitance journalière leur paraissent ridicules. Dans ce centre, les éducateurs ont maille à partir avec les enfants. Violence et consommation de drogue sont leur lot quotidien. Ils y sont presque indécrottables. Au-delà de ces problèmes, le centre tourne au ralenti et ne réalise plus ses objectifs de départ. Rien n’est proposé aux pensionnaires comme alternative pour les sortir de la rue, par exemple en apprenant un métier. Ici, on évoque le manque de moyens pour expliquer cette situation. "Nous permettons aux enfants de manger un bout et de prendre un bain. On aurait aimé faire mieux comme il y a quelques années, mais il n’y a pas de moyens ", confie un encadreur du centre.

L’encadrement des structures institutionnelles étant faible, ce sont les initiatives privées à travers les associations et autres Ong qui paraissent les mieux adaptées. Cependant, on se plaint aussi d’une insuffisance des moyens. Mais les résultats sont tout de même probants. Chaque jour ces associations réussissent la réinsertion sociale de certains enfants de la rue à travers l’apprentissage d’un métier ou en les ramenant dans leurs familles. Il en est par exemple de la fondation Bernède située à Ngousso qui, en ce moment, encadre 24 enfants. Les uns sont inscrits au Lycée bilingue, au collège Jean Tabi, etc., alors que les autres suivent une formation en pressing. "Nous pensons que la meilleure chose qu’on puisse donner à un enfant c’est l’éducation ", soutient Lin de la Montagne un des encadreurs de la fondation Bernède.

L’une des fiertés de cette association, confie-t-il est un de leurs pensionnaires aujourd’hui employé dans un restaurant, le Café de Yaoundé. Dans d’autres associations, les enfants sont reconvertis dans la vannerie, la cordonnerie, la peinture, etc. L’artiste Cori du groupe Makaze a dernièrement créé une association dont le but est de sortir les enfants de la rue par la pratique de la musique.
Pour réduire la recrudescence des enfants dans la rue, plusieurs solutions sont évoquées ici et là. Pour M. Mbiakop, sociologue, il faut d’abord voir la cause de ce phénomène qui, selon lui, est moins la pauvreté que la crise de la famille à travers l’irresponsabilité parentale notamment.


Source : Quotidien Mutations






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