Une statue royale Camerounaise au Quai Branly
Et selon Jean-Vincent Tchienehom sur canal 2 mardi soir dernier, il "n'a pas manque d'éprouver de l'émotion " face aux nombreux objets d'art camerounais qu'il y a dans ce musée.Plusieurs dizaines de statuettes et de masques camerounais datant du 19ème siècle , en effet. Il s constituent d'ailleurs une grande partie de la " collection " africaine de ce musée dédié aux "arts premiers " d'Afrique et d'Océanie.
Las! Avant son départ pour la France, le chef de l'Etat n'a pas visité notre musée national. Plus grande aurait été son émotion au Quai Branly. Une émotion à la limite du vertige , en découvrant combien ce musée est plein du Cameroun, alors que celui de Yaoundé est vide de tout. De quoi témoignent, en effet, ces quelques photos au rez-de-chaussée de l'ancien palais présidentiel ? L'affiche sur l'inventaire du patrimoine fang-beti tient-elle lieu de balafon centenaire ?
Un musée, c'est vrai, ne se remplit pas seul. On n'y met non plus n'importe quoi. Les pièces à sélectionner doivent être à la fois anciennes, authentiques et d'une qualité artistique avérée.C'est vrai qu'il ne serait guère aisé de trouver aujourd'hui au Cameroun de tels masques et figurines, qui n'aient dejà une fonction qui les rend indisponibles pour un musée à vocation grand public. En effet, là où il ya quelque chance de trouver un pagne, un tam-tam, une tête sculptée ou une écuelle centenaire, ils sont des objets sacrés. Et quand, par extraordinaire, ils sont accessibles à tout visiteur ou presque, ils appartiennent déjà à un musée privé. Cas des manuscrits en alphabet bamoun rédigés du temps du roi Njoya, qui appartiennent au musée royal de Foumban.
Pour s'émouvoir devant la statuette d'une reine Bangoua, le chef de l'Etat n'aurait-il pas donc d'autre choix qu'aller au Quai Branly à Paris, au British Museum à Londres, au Bode Museum à Berlin ou au Metropolitan Museum of art de New-York ? On n'en serait pas à la première absurdité chez nous. Encore que celle-ci devient un privilège, dès lors que tout le monde ne peut aller à Paris, Londres, Vienne...
Nombreux sont pourtant les Camerounais qui aimeraient visiter un musée. Et pour leur bonheur, un musée public, à Yaoundé, par exemple, un vrai, suffirait. Or, ce que l'on présente aujourd'hui comme tel n'en est pas un. C'est une coquille vide qui demande à être remplie.
Au pas où vont les choses cependant,, on peut douter que l'administration seule, le ministère de la Culture notamment, puisse y parvenir un jour. En tout cas, pas avant longtemps, très longtemps. Un doute que suggère par exemple la manière dont se déroule l'inventaire du patrimoine culturel qui aurait permis de découvrir, ici ou là dans un village, un vieil objet d'art susceptible d'être retenu pour un musée. Or, des années plus tard, on ne sait toujours pas où en est cette opération. Si bien qu'on peut penser que pour que l'ancien palais présidentiel devienne un véritable musée, une contribution multiforme des particuliers est nécessaire. Elle passe aussi bien par les idées à proposer que les dons et legs à faire. Mais cette générosité, il faut savoir la susciter. A propos, qu'est devenue la statue d'Afo Akom ? Pourquoi ne tire-t-on pas de l'oubli le musée particulier de feu le revérend Père Engelbert Mveng ?
Source : Quotidien Mutations
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