Mvondo, le nouveau Dg de ka Société de développement du Cacao était, en début de semaine, en tournée de remobilisation des planteurs dans les localités des envions de Kribi. Il a dû sursauter mardi dernier, en fin d’après midi lorsqu’un de ses collaborateurs lui a annoncé, au téléphone, qu’on venait de procéder, par les éléments du Droupment spécial d’intervention (Gso), à l’arrestation de son prédécesseur, Joseph Ingwatt II, à l’intérieur même des locaux de la Sodecao. Même les employés qui, il y a quelques mois encore, étaient sous la responsabilité de cet homme de grande stature n’en croyaient pas leurs yeux cet après midi là.
Même si, pour sauver son honneur, les éléments du Gso ont accepté sa supplique de ne pas monter dans le car de la police, mais de se faire escorté jusqu’aux locaux du Gso où il allait être gardé jusque tard dans la nuit, avant d’être relâché.
Mais qu’est ce qui a pu expliquer cet étrange épilogue ? selon nos informations puisées à bonne source aussi bien auprès de la gendarmerie que parmi quelques anciens collaborateurs du Dg déchu, tout aurait commencé il y a environ deux semaines lorsque, dans le cadre de l’apurement progressif des arriérés de salaires de cette société et pour permettre aux parents de commencer à préparer la prochaine rentrée scolaire, la tutelle financière a débloqué de l’argent correspondant à deux mois d’arriérés de salaires.
Les mois en question concernent la gestion de Ingwatt II qui, de facto, était aussi bénéficiaire de cette mesure.
Le problème c’est que, de l’avis de l’agent comptable, les choses n’étaient pas aussi simples. Ce dernier reprochait à l’ancien Dg de n’avoir jamais justifié, malgré son insistance, des sorties d’argent s’élevant à 70 millions de Francs Cfa. A l’époque, il aurait clairement indiqué à celui qui était son Dg, qu’il lui imputait cette somme qu’il devrait rembourser.
Cet à partir de cet argument qu’il décide donc de ne pas valider la somme correspondant au chèque à signer au bénéfice de Ingwatt II.
Dans une boîte qu’il contrôla jadis et où il a laissé plusieurs dévoués, la nouvelle lui parvient rapidement. Il entreprend aussitôt de faire une correspondance à l’actuel Dg, qui ne s’oppose pas au paiement du dû de son prédécesseur, avec qui il ne veut avoir aucun problème. Mais devant l’insistance de son agent comptable, il est obligé de s’en référer à sa hiérarchie administrative.
Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural est saisi à son tour qui, lui aussi, donne un avis favorable pour le paiement des arriérés de salaire de l’ancien Dg. Ce dernier n’a pas croisé les bras et a saisi, à son tour, le ministre délégué chargé du Budget qui, par l’entremise du Directeur général du Trésor, a demandé à l’agent comptable d’infléchir sa position et de procéder à la contre signature du chèque.
Querelle
C’est donc pendant que ces négociations de coulisses sont en cours que mardi dernier, dans l’après midi, le personnel de la Sodecao voit débarquer l’ancien patron, accompagné de quelques gros bras. Des salutations et des signes de tête ça et là, et il se dirige tout droit dans le bureau de l’agent comptable.
Les premières minutes de l’échange, diront quelques témoins aux enquêteurs, sont courtois. Mais le ton monte rapidement, rappelant une relation de travail qui a toujours été houleuse entre les deux. Et les coups de poing fusent ; Ils viennent, selon les témoins rapidement accourus sur le lieu de la scène, des gros bras qui accompagnent l’ex Dg, et tombent tous sur l’agent comptable.
La foule s’agrandit autour du bureau de l’agent comptable. Quelques employés, pour faire à la mode, prennent des photos de la rixe avec leurs téléphones portables. L’ancien patron, imperturbable, se comporte comme le maître des lieux, demandant aux uns et aux autres de ne pas disperser leurs énergies et de rejoindre leurs bureaux.
C’est l’un des employés qui appelle le 117. Des gendarmes en civil arrivent aussitôt après, et demandent aux uns et aux autres de se présenter pour identification. La seule personne à ne pas s’exécuter, qui s’étonne qu’on puisse lui demander de se présenter. C’est avec l’arrivée du Gso, appelé en renfort, qu’il accepté de se plier ; mais nie avoir commandité le passage à tabac de l’agent comptable.
Il faudra que, dans la foule amassée, des gens présentent des photos prises sur site pour confondre Joseph Ingwatt II. Qui acceptera d’aller répondre à la suite de l’interrogatoire au Gso, en compagnie des gros bras qui ne le quittent pas, et de l’agent comptable, qui montera sur une autre voiture..
Selon nos informations, l’ancien Dg de la Sodecao a été libéré ce même mardi tard dans la nuit, après que le procureur de la République ait été saisi et ait ouvert une enquête judiciaire. Qui promet assurément une suite à cette scabreuse affaire. Le personnel, dans l’intervalle, ne crachera pas sur le plaisir de toucher cette partie des arriérés de salaires qui sont pour eux le premier acte palpable de l’après point d’achèvement de l’initiative Ppte.
Quant à Joseph Ingwatt II, il a déjà remporté une première victoire. Selon nos informations, l’agent comptable de la Sodecao a été sommé de signer les chèques de l’ancien Dg. Ce qu’il aurait fait, et remis les documents à Joseph Ingwatt II. Sans autre forme de procès...
Source: Quotidien Mutations
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