Lundi 31 juillet 2006 au quartier Mvan à Yaoundé, au lieu dit gare routière, il est 11 heures. L’ambiance est celle de tous les jours. Le quotidien des lieux est aux discussions entre “ chargeurs ” s’arrachant les sacs des voyageurs. Devant l’une des agences de voyage, deux personnes accroupies, s’attellent à un travail. Ce sont des fonctionnaires du service des cadastres.
“ Nous sommes chargés de délimiter le patrimoine de la Mission d’aménagement et de gestion de la zone industrielle. Depuis quelques jours, nous sommes sur le terrain ”, confie l’un d’eux. Subitement, un responsable de l’agence surgit et les pourchasse. “ Il faut tout recommencer à zéro, parce que le principal point de repère était celui-ci ”, regrette un géomètre.
Une centaine d’hectares de terrain occupés illégalement intéresse les services du cadastre. La Magzi tient à récupérer ses terres prises d’assaut par de nombreuses sociétés et agences de voyage. Ces structures sont – pour certaines – en contrat de bail avec la Magzi.
D’autres structures (plus nombreuses) sont illégalement établies sur ce site.
Ce sont aussi des lieux de culte, tels que l’église presbytérienne Macédonie et la paroisse catholique Toussaint de Mvan (dont les travaux de construction sont presque achevés). De nombreuses maisons – à l’architecture impressionnante – sont également dans le collimateur de la Magzi.
Incertitude
Les occupants “ illégaux ” des terres appartenant à la Magzi expriment leur inquiétude. Non sans espérer du gouvernement un dédommagement conséquent. “ Je suis installée ici depuis 17 ans. Lorsque j’arrivais, on m’avait fait savoir que ce terrain avait un titre foncier. Mon mari est mort en me laissant avec 8 enfants. Si je suis déguerpie, ce sera tout simplement la mort ”, balbutie Mme Zé Jacqueline.
Elle ajoute : “ Nous espérons que le gouvernement trouvera où nous recaser et donnera de l’argent pour nous installer, car le chef de bloc nous a vendu des fiches à raison de 200 francs l’une, sur lesquelles nous allons livrer certaines informations concernant les dimensions de notre terrain, le nombre d’enfants en charge et autres. Je pense que c’est pour calculer les frais de dédommagement ”. Un autre riverain nouvellement installé dans sa maison réagit nerveusement en déterrant la borne placée dans sa cours par les géomètres.
Malgré la psychose provoquée par ces démolitions annoncées, les maisons continuent de sortir de terre sur le site quadrillée par la Magzi. “ Le sous-préfet avait dit à la réunion que ceux qui ont commencé les travaux peuvent les poursuivre. Mais il a demandé de ne plus vendre les parcelles restantes. C’est pour cela que je continue mes travaux. Je suis déjà à plus de deux millions de dépense. Comme on ne peut pas faire le bras de fer avec le gouvernement, je souhaite tout simplement qu’on nous dédommage.
Cela me permettra de me réinstaller ailleurs. Les gens chez qui j’ai acheté ce terrain ne m’ont pas informé qu’il y avait un problème avec la Magzi ”, déclare le sergent-chef de l’armée de l’air à la retraite Ongwa Onana Martin. Plus loin dans les marécages, les constructions ont germé pêle-mêle. Chacun se presse d’achever ses travaux. “ Rien ne pourra arriver. C’est du déjà entendu. Nous avons appris que deux des habitants de ce quartier ont négocié avec la Magzi et ont le droit de rester ici.
Ce sera un peu comme à la carrière où il n’y a plus un seul mètre inoccupé, alors que depuis le feu André Fouda, le gouvernement interdit aux populations de s’y installer ”, analyse un maçon occupé à élever un mur. Seulement, la détermination des responsables de la Magzi à récupérer leur patrimoine terrien laisse croire que les bulldozers pourraient y passer dans les prochains mois. Trois cents familles, selon les données statistiques issues du recensement conduit par le chef de quartier de Mvan nord, sont installées sur le site litigieux.
Source: Le Messager
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