Les élections présidentielles et législatives qui se sont déroulées dimanche dernier en République démocratique du Congo devaient constituer sa dernière mission d’importance. Georges Serre, nouvel ambassadeur de France au Cameroun selon diverses sources diplomatiques confidentielles, devrait donc quitter Kinshasa, pour rejoindre Yaoundé, son nouveau poste d’affectation, après avoir contribué " au retour de la démocratie " en RD Congo, pays qui est passé de l’influence belgo-française au giron de Washington, mais qui reste pour Paris un élément important de sa politique africaine.
La représentation diplomatique que va diriger Georges Serre dans la capitale camerounaise ne l’est pas moins. Mais, selon la Lettre de l’Océan indien, ce diplomate de 54 ans aurait préféré être affecté à Pretoria, en Afrique du Sud.
Au pays de Nelson Mandela, M. Serre aurait rajouté une ligne prestigieuse à son parcours professionnel mais il n’aurait pas retrouvé l’ambiance " francophile " qui règne dans l’administration à Yaoundé comme dans les cercles dirigeants et tout le pouvoir qui accompagne la fonction d’ambassadeur de l’ancienne puissance tutrice et coloniale. A ce sujet justement, celui que Brigitte Girardin, ministre français de la Coopération, a annoncé à Paul Biya au cours de sa visite au Cameroun, du 22 au 26 juin dernier, devrait tenir un rôle de surveillance dans l’exécution du contrat de désendettement et de développement (C2D), nouveau cadre général de la coopération entre le Cameroun et la France. Conclu le mois dernier, ce C2D est le plus important jamais signé par la France. " Il permettra au Cameroun de disposer de volumes d’aide de l’ordre de 65 à 70 milliards de FCFA, soit une centaine de millions d’euros par an - et d’un document-cadre de partenariat qui place le Cameroun en tête des pays bénéficiaires de [l’aide française] en Afrique subsaharienne avec plus de 570 millions d’euros pour la période 2006-2010 ", indique le Quai d’Orsay.
Entraver
Georges Serre agira-t-il de sorte que ce ballon d’oxygène profite principalement aux investisseurs français, premiers opérateurs économiques au Cameroun ? On peut le penser, au regard de la posture défensive et conservatrice adoptée par son prédécesseur, Jean François Valette, sur ce dossier, conformément à la tradition de la coopération française au Cameroun. Une chose est sûre, c’est que Serre devrait se sentir à l’aise dans ces dossiers. Lui, qui "préfère le qualificatif de " développeur " en raison de son séjour à l'Agence de coopération au développement (comme chargé de mission au Niger, de 1984 -1988 et conseiller technique du ministre Jacques Pelletier au début des années 1990) ", selon la Gazette de la Grande Ile, un journal de Madagascar, où l’ambassadeur a quelques attaches ancestrales.
Mais c’est de ce pays, comme de son expérience congolaise, que lui vient la réputation de conservateur. Durant la crise politique malgache de 2002, certains trouvaient sa posture de fonctionnaire du Quai d’Orsay trop proche de Didier Ratsiraka. Mais le " brillant Georges Serre " (dixit l’Express), ancien patron de la direction Afrique du ministère des Affaires étrangères, est aussi un " fin stratège " qui pourra tirer son épingle du jeu politique camerounais. Aussi pour ce chef de parti d’opposition contacté à Yaoundé, " Dans l’issue de la bataille pour l’après-Biya, la position de la France est extrêmement importante. Et il sera intéressant de voir dans quelle mesure, après avoir intégré par le biais de la Francophonie, le processus de démocratisation des élections engagé par le Commonwealth, Paris va l’encourager ou l’entraver. "
Source : Quotidien Mutations
|