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Les différents visages du tabagisme
(01/08/2006)
La semaine dernière, la British American Tobacco Cemac s’est engagée dans la lutte contre le tabagisme chez les jeunes.
Par Gaëlle Yomi

1- Les jeunes Camerounais accros de la cigarette

Samedi 22 juillet 2006. Il est environ 19 heures au quartier Dragage à Yaoundé. Huit garçons sont assis autour d'une table sur la véranda d'un bar. Ils sont tous des fumeurs. Ado, 19 ans, fume depuis l’âge de 10 ans. "J'ai commencé à fumer lorsque mes grands frères m'envoyaient acheter la cigarette et me demandaient de l’allumer.

J'ai goûté et c'était bon. Alors je fume depuis 1997. Je consomme en moyenne deux bâtons par jour", avance-t-il crânement. Ce jeune fumeur est-il conscient des dégâts du tabagisme sur lui-même et sur son entourage ? "Je sais que c'est dangereux ! ” déclare-t-il. Et de poursuivre : “ sur les paquets de cigarettes, il est marqué que la cigarette tue.

Mais qu'est-ce qui ne tue pas ici dehors ? Moi j'encourage mes petits frères à fumer, car la cigarette donne le courage, rend élégant et les filles aiment les garçons qui fument. A mes débuts, mes grands m'ont dit que lorsqu'on fume on devient un homme, un vrai… ", se vante-t-il.

Fritz, quant à lui, a 20 ans. Il a commencé à fumer voici trois ans. " Je fume pour me mettre à l’aise. Je ne me pose pas la question de savoir quels risques j'encours car je veux vivre à fond", lance-t-il. Sa consommation moyenne est de six à sept cigarettes par jour. Gérald Essomba est âgé de 21 ans et fume régulièrement depuis qu’il a 19 ans. " J’ai tiré mon premier bâton à 14 ans ” avoue-t-il.

Il “ fume pour le plaisir, car c'est un stimulant ”. Sa consommation moyenne est de deux cigarettes par jour. Conscient des effets néfastes du tabagisme, il sensibilise ses petits frères sur les méfaits du tabagisme. Surtout qu’il reconnaît la difficulté pour les fumeurs de se séparer de la cigarette. " J'ai essayé plus d'une dizaine de fois d’arrêter de fumer. Mais je n'arrive pas, je suis déjà accro…"

Paulo, le doyen de la bande est âgé de 23 ans. Il a commencé à fumer à l’âge de 19 ans. Selon lui, la cigarette rend puissant. “ Pendant mon enfance, mes aînés m'envoyaient acheter la cigarette et précisaient “ tu allumes. ” Or Comme dit l’adage, “ il n'y a pas de fumer sans feu ”, pour allumer il faut tirer. Lorsque tu tires, tu commences à fumée. Quand tu commences à fumer, soit tu prends goût soit tu ne prends pas goût. Il n’y a pas 36 solutions. J'ai pris goût et lorsque ça arrive qu'on ne vous mente pas on ne peut plus s'arrêter ”.

Il admet consommer au minimum quatre cigarettes par jour “ si je n'ai pas d'argent ” précise-t-il, en louant la solidarité qui existe entre les fumeurs. “ Je ne peux pas faire un jour sans fumer car entre fumeur, il y a une vraie solidarité. Lorsque tu es en manque on te dépanne. Je déconseille la cigarette à mes petits frères mais les jeunes Camerounais aiment tenter de nouvelles expériences. C'est bien ! Mais pour le tabagisme, quand on y entre, on en sort difficilement."

David est un ancien fumeur. " Je fumais dès l'âge de 17 ans juste pour frimer. Tous mes amis avec qui je marchais fumaient, et ils se moquaient de moi en me traitant de lâche parce que je ne fumais pas ”. Pour montrer qu’il est “ capable ”, le garçon a cédé au chantage. Pour que ses sœurs ne fassent pas comme lui, il se cachait dans sa chambre. “ En général, entre-nous les jeunes, on commence à fumer à 14 ans en cachette. Lorsque les parents s’en rendent compte, il est déjà trop tard" avoue-t-il. Depuis, David a arrêté de fumer. Sa force, il l’a puisée dans les messages publicitaires qui disent que le tabac tue. “ Je me suis dis que j'étais trop jeune pour continuer à risquer ma vie de la sorte. Je dois avouer que pendant les fêtes, je rechute souvent ”.




2- La responsabilité des parents

Les parents qui fument suscitent l’envie du tabac en leurs enfants. A la question de savoir s'ils sont conscients de transmettre cet amour de la fumée à leur progéniture, plusieurs répondent par l'affirmative. Rodrigue Kameni, père de deux enfants, déclare : " je sais qu’en fumant, ma femme et mes enfants fument aussi obligatoirement. Ils sont même plus exposés que moi. Mais, j'ai déjà tout essayé sans succès.

Je vous assure que je fais tout pour ne pas fumer en leur présence, mais c'est très difficile ”.

Médecin, Rosaline Ndongo avoue être “ l'une des premières personnes à demander aux jeunes de ne pas fumer ”. Pourtant, elle fume. “ Le vrai problème, c'est le milieu dans lequel on vit ” accuse-t-elle. “ Mon travail me stresse beaucoup. Je fume pour me “ dé stresser ”, mon mari fume aussi. C'est sûrement à cause de nous que notre fils de 17 ans Lionel fume ” se reproche-t-elle. Mal placés pour donner des leçons à leur rejeton, ces parents se limitent à lui faire savoir qu’ils n’ont pas commencé aussi tôt. “ C’est ce qu'on peut faire de mieux ”.


3- Du côté des vendeurs

En cette période de vacances, plusieurs jeunes enfants vendent les cigarettes pour préparer la prochaine rentrée scolaire. Serge Kadem a 12 ans. Vendeur ambulant de cigarettes, il allume souvent les cigarettes pour ses clients. “ J’ai demandé la permission à mon père qui a accepté que je le fasse ”. Selon ce dernier, “ allumer n'est pas fumer et comme je n'aime pas l'odeur, il a dit que c'est sûr que je ne serais pas fumeur.

Je suis content parce qu’ainsi, je ne perds pas les clients ”. Les débuts n’ont toutefois pas été faciles pour cet apprenti. “ Au début, je ne connaissais pas allumer, mais un père me l'a appris. Les premières fois, je m'étouffais un peu ” avoue-t-il.

Vendeur ambulant lui aussi, le petit Ulrich Ngamen, âgé de 14 ans, refuse d'allumer la cigarette des clients. Par crainte de devenir fumeur. Ainsi, “ Je perds beaucoup de clients. Mais je tiens à ma santé. Certains clients me demandent si je suis Bamiléké. Quand je dis oui, ils disent que je suis un faux Bamiléké, car je ne connais pas chercher l'argent".

A 22 ans, Serge Kemayou est un vendeur professionnel de cigarette. Installé au “ carrefour Régie ” à Yaoundé, il refuse catégoriquement d'allumer la cigarette à quiconque. Pour lui, les clients voulant se faire allumer leurs cigarettes sont mal intentionnés. “ Il y a un briquet à leur disposition, ils peuvent donc se débrouiller. Vendre la cigarette n'est pas synonyme de fumer ”, marmonne-t-il.

Le constat des manifestations du tabagisme chez les jeunes de moins de 18 ans est donc alarmant. En effet, la majorité de ces jeunes commencent à fumer à moins de 18 ans. La frime, le mimétisme sont autant de choses qui les motivent. La campagne de prévention du tabagisme chez les moins de 18 ans, lancée par la Bristish American Tobacco, va être difficile.


Source: Le Messager


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