Le drapeau national flotte bas à Abidjan et à Beyrouth. Depuis mercredi dernier, une trentaine de Camerounais squattent au centre d’accueil de l’Eglise apostolique de Cocody. Partis de Korhogo, le 18 courant, où ils ont passé près de sept mois à la prison centrale de la ville, ces candidats à l’immigration ont été remis à la force Licorne et au Cicr chargés de les remettre aux autorités camerounaises à Abidjan. Ce qui est fait grâce à l’ambassadeur du Cameroun en Côte d’Ivoire, qui, selon Blaise Magloire Lowé, un des rescapés, n’a ménagé aucun effort pour voler à leur secours.
Pour l’instant, le rapatriement au Cameroun des 28 infortunés n’est pas décidé. Ils devront attendre encore, “d’ici la semaine prochaine”, selon Blaise Magloire Lowé, pour qu’une délégation en provenance de Yaoundé, avec à sa tête Jean-Marie Atangana Mebara, le secrétaire général à la présidence de la République, vienne les chercher. Ils devront se contenter du relatif confort de leur nouvel abri. D’autant que “tout va bien, à part quelques convalescents ayant été victimes d’une infection au niveau des parties génitales du fait des mauvaises conditions de détention à Khorogo ”, selon Daniel Yombog, un des leurs.
A ce sujet, même les responsables de la représentation locale du Cameroun sont peu diserts. “L’ambassadeur n’est pas disponible”, s’est, à maintes reprises, entendu dire La Nouvelle Expression, à chacune de ses sollicitations du diplomate. Qui semble attendre aussi Yaoundé qu’il a informé, depuis belle lurette, de la situation. Mais depuis, aucun frémissement de sa hiérarchie n’a été perçu. D’autant que au niveau du ministère des Relations extérieures, où personne ne daigne même pas en parler, l’on soutient en avoir été seulement informé qu’à travers les journaux. Même le sieur Jules Lowé, dit n’avoir jamais été au courant de la mésaventure de son rejeton Blaise Magloire. Pourtant, c’est depuis sept mois que ce feuilleton dure.
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Le 27 janvier 2006, en effet, les 28 candidats camerounais à l’immigration - tous des hommes- sont “refoulés nuitamment, selon l’Apa, par les autorités maliennes” à la frontière Côte d’Ivoire-Mali dans la localité de Mbingué, et remis au commandant Fofié Kouakou des Forces nouvelles de Guillaume Soro. Ils sont incarcérés à la compagnie territoriale, puis à la prison centrale de Khorogo. C’est six mois après leur détention que la presse (La Nouvelle Expression du 8 juin 2006) en fait écho. Même là, aucune attitude du gouvernement ne sera ressentie. Finalement, grâce à l’entregent de l’ambassadeur du Cameroun en Côte d’Ivoire, Ngando et cie sont libérés, mardi le 09 juillet dernier, du pénitencier de Khorogo. Accueillis à l’esplanade de la préfecture de la ville, ils sont, selon l’Apa, conduits sous escorte du Cicr et de la force d’interposition française (Licorne) à Bouaké, à 629 km d’Abidjan, qu’il rallient finalement une semaine plus tard, dans l’indifférence totale des autorités de Yaoundé. Une autre preuve du dysfonctionnement de la diplomatie camerounaise qui se moque de la solidarité nationale.
Une inertie diplomatique qui s’exprime également en terre libanaise, où 300 Camerounais sont pris en tenailles par les tirs croisés des Israéliens et Libanais en guerre. L’information, relayée par le confrère Mutations, révèle que nos compatriotes résidant dans ce pays sont abandonnés à eux-mêmes pendant que les ressortissants d’autres pays d’Afrique, dont le Gabon et le Sénégal, sont évacués normalement. Pour la plupart femmes de ménage, nos compatriotes sont abandonnés par leurs patrons fuyant la guerre. A Beyrouth et ailleurs au Liban, certains Camerounais, selon Mutations, regardent avec envie les ressortissants du Gabon et du Sénégal s’en aller sous le couvert d’une opération marocaine à la demande de Dakar et de Libreville.
Pendant que les autres pays s’adossent sur les relations qu’ils entretiennent avec d’autres Etats pour faire évacuer leurs ressortissants, à Yaoundé, le ministre des Relations extérieures n’en a que dalle. Laurent Esso fait d’ailleurs partie de la délégation qui accompagne le chef de l’Etat en France
Source : La Nouvelle Expression
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