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Le système écarte les jeunes
(21/07/2006)
Au Cameroun, la politique fait peur. Quand un jeune s’y lance, il est considéré comme un enfant sacrifié ; celui qui connaîtra probablement une mort précoce.
Par Luther André MEKA
Au Cameroun, la politique fait peur. Quand un jeune s’y lance, il est considéré comme un enfant sacrifié ; celui qui connaîtra probablement une mort précoce. Eric Koua, étudiant en droit international, n’a jamais oublié les conseils de son grand père : “Quand j’entrais à l’université, il m’avait dit de ne jamais faire la politique. Elle est nuisible et les hommes qui s’y aventurent sans garde-fou périssent toujours”. Comme lui, de nombreux jeunes reçoivent de leurs parents des instructions de ne pas entrer en politique. Un jeune éduqué dans cette atmosphère, dévoile son inquiétude : “ Nos parents vivent encore dans leur tête à l’époque coloniale.”




" Les dirigeants du SDF n’acceptent pas l’innovation.”
" Les dirigeants du SDF n’acceptent pas l’innovation.”
S’appuyant sur ces pré-requis coloniaux, les dirigeants du Cameroun ont institutionnalisé un système qui ne donne véritablement pas la possibilité aux jeunes de s’exprimer sur le terrain politique. Les cadres de mobilisation sont constamment traqués et les espaces de concertation dévoyés. Ceux qui militent dans les associations semblent ne pas être convaincus de ce qu’ils recherchent : l’argent, par exemple, les détournent facilement des objectifs qu’ils se sont fixés. Car, généralement, ces associations de jeunes sont impulsées par des gouvernants et les jeunes viennent alors seulement les meubler.

La jeunesse comme une arme de combat

Rares sont les partis politiques de l’opposition qui ont des structures spécifiques pour la formation et l’émergence politique des jeunes. Dans le Sdf par exemple, il n’existe pas une structure pour jeunes. Le congrès de Yaoundé sous la diligence de Bernard Muna a proposé la création d’une ligue des jeunes pour leur permettre de s’exprimer et de s’épanouir. Mais Marcous Mboumbang II Mandeki, secrétaire provincial adjoint à la communication du Sdf pour le Littoral, reste sceptique : “ Le parti n’a pas de véritable politique de recrutement des jeunes. Le Sdf a des dirigeants conservateurs qui n’acceptent pas l’innovation.” Dans les partis comme l’Upc, l’Undp, l’Udc, la Dic, etc., on ne voit souvent que le principal leader. La voix de la jeunesse passe sous silence. Le président départemental de l’Udc, Cyrille Sam Mbaka, affirme qu’il n’y a pas de discrimination dans son parti. Tout le monde est intégré dans l’organe central. Dans l’Union des populations du Cameroun (Upc, tendance Mack-Kit) par contre, la responsable du département jeunesse affirme qu’ils “ n’ont pas les moyens de suivre au quotidien les activités des jeunes car ils ne bénéficient pas des financements occultes comme c’est le cas dans d’autres partis.”

Contrairement aux autres, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) fourmille de nombreux mouvements de jeunes. Mais ceux-ci sont à la solde de certains caciques du parti au pouvoir. Mécontent du fonctionnement de ce parti, Jean Ledoux Kinguè, militant jeune, affirme que “ la jeunesse est utilisée comme une arme. On fait intervenir les jeunes lorsqu’on est en guerre avec quelqu’un ou quand on veut défendre les intérêts d’un petit groupe. Mais quand il y a la paix, la joie, la jeunesse est utilisée comme un chien. C’est aujourd’hui le congrès, aucune réunion n’a été envisagée pour que les jeunes exposent leurs problèmes au congrès. Après, ils vont donner la parole aux marionnettes qui ne disent que ce qu’ils veulent entendre.”

La politique, chasse gardée des gouvernants

Dans l’un de ses discours à la jeunesse, dans les années de braise, Paul Biya avait jeté comme un pavé à la marre : “ La politique aux politiciens et l’école aux écoliers.” Consciemment ou pas, il avait renforcé l’idée de l’exclusion des jeunes de la politique. Selon certains observateurs, cette phrase est le fondement officiel de la marginalisation des jeunes dans le processus de prise de décision dans le régime du renouveau. La déclaration, en fait, venait couronner tout un processus de démobilisation bien huilée à la base.

Le coup de semonce fut sans doute l’éclatement de l’Université de Yaoundé qui s’était constitué en véritable menace politique pour le régime. Les jeunes avaient créé dans cette institution une instance de réflexion et de débat sous la dénomination “Le Parlement”. Ce groupe a été pourchassé et certains ont été contraints à l’exil. La décongestion de l’Université de Yaoundé apparaît donc comme un affaiblissement des jeunes dans leur esprit de mobilisation et de contestation. Selon Guy Songuè, politologue et coordinateur national de l’Institut d’enseignement général et diplomatique (Budapest, Hongrie), “ le gouvernement se comporte comme le chef de famille qui possède la lumière et est réfractaire d’avoir une autre lumière que la sienne”.

Cette hantise remonte certainement aux luttes d’indépendance des nationalistes camerounais. L’anecdote la plus célèbre est sans doute celle du haut-commissaire Roland Pré. Tel un Don Quichotte, ce fonctionnaire français matraquait et massacrait tout nationaliste qui revendiquait l’indépendance en s’opposant au système français. Devant une telle répression, certains hommes politiques ont même laissé leur peau. Le spectre de ce massacre farouche et sanguinolent n’a jamais quitté les Camerounais et joue en défaveur des jeunes passionnés de la politique.

Source : Le Messager






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