Entrée à l’Enam, intégration des instituteurs, salaires faramineux à des fonctionnaires, ministre indiscipliné... Le ministre de la Fonction publique affirme jouer la carte de la transparence.
Par Alexandre T. DJIMELI
Après le point de presse au cours duquel il a révélé la présence de 327 agents fictifs ayant émargé en juin 2006 au budget de son département ministériel, le ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative, Benjamin Amama, a, à nouveau rencontré la presse hier 18 juin à Yaoundé. Dans l’impossibilité de répondre individuellement aux supports qui lui avaient adressé des protocoles d’entretien pour des clarifications à l’issue du point de presse, il a préféré organiser un dialogue collectif. M. Amama s’est ainsi exprimé sur l’affaire du dernier concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam), l’intégration des instituteurs à la Fonction publique, le fonctionnement du Système de gestion intégré des personnels et de la solde (Sygipes), les salaires faramineux que touchent certains fonctionnaires et sa supposée indiscipline au sein du gouvernement.
Le ministre de la Fonction publique considère qu’il n’y a pas d’élève en première année de l’Enam pour le compte de l’année 2005/2006 puisqu’il n’a jamais validé les résultats du concours. Les actes d’intégration à la fonction publique de ceux-là qui devaient alors être des fonctionnaires stagiaires n’ont jamais été signés par M. Amama, encore moins leur immatriculation et leur prise en charge salariale. En effet, selon le ministre, le directeur général de l’Enam a outrepassé les dispositions réglementaires selon lesquelles c’est le ministre de la Fonction publique qui ouvre les concours administratifs et arrête les résultats. Pour le cas de l’Enam, le directeur général n’assure que l’organisation matérielle et l’initiative des résultats revient au ministre qui les signe : ce que le Dg a fait de lui-même. S’achemine-t-on vers une année blanche pour ces Camerounais, puisque le ministre affiche son intention de ne jamais signer leurs actes si les textes ne sont pas respectés ?
Refus de démissionner
Pour ce qui est des instituteurs, Benjamin Amama a reconnu qu’il y a problème aujourd’hui parce que le gouvernement a été amené à violer les textes réglementaires dans ce domaine. Il entend les respecter à la lettre, notamment pour ce qui est de l’intégration des uns comme fonctionnaires et du recrutement des autres comme contractuels. De même, il exhorte tout citoyen qui veut être fonctionnaire de toujours s’assurer que le concours auquel il se présente est ouvert par le ministre de la Fonction publique. Une manière de signifier que les élèves-maîtres qui seront recrutés à l’issue du concours que vient de lancer le ministre de l’Education de base ne pourront en aucun cas exiger une intégration comme fonctionnaire. Il aurait peut-être simplement suffi au ministre employeur de le contacter afin qu’ils conviennent des mesures à prendre pour éviter un nouveau problème des instituteurs qui s’annonce.
En ce qui concerne le Sygipes, M. Amama affirme qu’il s’est considérablement amélioré et rassure qu’il n’existe plus de dysfonctionnement. Il s’est néanmoins attardé sur la situation des curieux mandatements au niveau du Minefi qui accorde des salaires faramineux sans justificatifs à certains fonctionnaires. Benjamin Amama, ministre indiscipliné ? L’homme dit jouer la carte de la transparence dans un conteste où la majorité s’est accommodée du faux. “Je suis un fils de paysan et un pur produit de la République qui a tout fait pour moi. Je travaillerais en toute conscience tant que le chef de l’Etat me maintiendra sa confiance, pour aider les enfants de pauvres à devenir des hommes. Je ne démissionnerai donc pas de mes responsabilités.” L’intégralité de l’entretien avec le ministre de la Fonction publique sera publiée dans nos prochaines éditions.