Il lui restait six mois pour fêter son deuxième anniversaire. Le sort en a décidé autrement. Ou plutôt sa mère. C’est le ventre ballonné, la peau blanchie par l`eau et dégageant une odeur pestilentielle que le corps du petit Roy Faudel Noussi, un an et demi, a été retrouvé flottant sur le dos dans un cours au quartier Biyem-Assi à Yaoundé mardi 11 juillet dernier. C’est une enfant du quartier qui a fait la macabre découverte.
La présumée coupable de ce qui est reconnu par la gendarmerie comme un assassinat serait la mère de Roy Faudel. Selon des sources proches de la brigade de gendarmerie de Mendong où une enquête a été ouverte, la mère de Roy, Ernestine Djoufack, âgée d’une trentaine d’années est passée aux aveux complets. Le crime aurait eu lieu le vendredi 7 juillet. Les voisins affirment avoir vu la mère et l’enfant quitter la maison ce jour-là. Pour expliquer son forfait, l’étudiante de l’école normale de Yaoundé a présenté l’alibi d’une maladie mentale et des " bourreaux " qui la menaceraient. Selon un gendarme, la présumée coupable a expliqué que "ses bourreaux lui ont fait savoir que son enfant l`assassinera quand il sera grand".
Ce qui fait plancher la thèse de la peur de la mort qui l`aurait poussé au crime. Une psychose qu’une attitude agitée et loquace semble, à priori, confirmer. Thèse que corroborent les autres membres de sa famille dont certains notent des troubles mentaux depuis des mois. Un ami de la famille avoue d`ailleurs qu`Ernestine suivait depuis quelques temps un traitement à l`hôpital Jamot de Yaoundé. Une façon de prouver que l`incriminée serait victime d`un sort. Ce qui l`aurait conduite à agir inconsciemment sous une pression occulte.
Des affirmations qui ne concordent pas avec les avis des habitants du coin. Pour certains, il s’agit d’un acte "crapuleux prémédité`` d`autant plus que la meurtrière aurait soufflé ses intentions à une de ses copines. De l’avis d’une dame rencontrée sur les lieux, ``il y a lieu de s`interroger sur ces crises de folie qui n`affectent pas ses études``. Les gendarmes, quant à eux, penchent sur la thèse d’une déception amoureuse. Le père du petit Roy, militaire, aurait promis à sa mère de l’épouser. Or depuis quelque temps, il semble avoir changé d’avis.
Pour avoir des indices fiables, la gendarmerie a requis une expertise médicale pour vérifier l’état pschyatrique de Ernestine Djoufack, qui depuis, le 8 juillet, séjournait à l`hôpital des soeurs d`Efoulan.
C’est le 10 juillet qu’elle a été conduite à l`hôpital Jamot où, selon des faits établis, elle était médicalement prise en charge. C’est d’ailleurs là où elle se trouvait lors de la découverte du corps sans vie de son fils.
Toutefois, selon les gendarmes, s`il es t établi un déséquilibre mental de la part de la présumée criminelle, la procédure judiciaire s`arrêterait au niveau de l`enquête préliminaire. Seul le rapport d’autopsie pourra dire aux gendarmes si l’enfant a été tué avant d’être balancé dans l’eau ou s’il est mort par étouffement ou par noyade. Du côté de la famille, c`était le silence et la prudence absolus.
Source : Quotidien Mutations
|