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Méprise au Baccalauréat
(17/07/2006)
Des correcteurs de l'épreuve de français du bac camerounais ont pris le philosophe français Alain Finkielkraut, né en 1949, pour un auteur du XVIIIème siècle.
Par Alexandre T. Djiméli
Alain Finkielkraut
Alain Finkielkraut
Dans Le Messager n°2167 du 12 juillet 2006 en page 5, des enseignants de français convoqués pour la (re)correction du baccalauréat ont fait écrire que La défaite de la pensée, une œuvre d’Alain Finkielkraut de laquelle est extrait le texte d’étude proposé pour l’épreuve de langue au baccalauréat A4 cette année relève de la littérature du XIIIe siècle. Mais nous nous sommes rendus compte après coup que l’œuvre a été éditée chez Gallimard, coll. “Blanche”, en 1987. C’est donc bien le XXe siècle ! Et même, Finkielkraut n’est pas seulement un auteur du siècle dernier, c’est un penseur contemporain. Né à Paris en 1949, Alain Finkielkraut est le fils unique d'un maroquinier juif polonais déporté à Auschwitz. La défaite de la pensée marque le début de sa critique de “la barbarie du monde moderne”.

On le présente comme l’un des intellectuels français les plus importants de sa génération. Cet homme à l’esprit fécond a déjà publié une douzaine de livres, dont Le Juif imaginaire (1981), La sagesse de l'amour (1984), La Mémoire Vaine, du Crime Contre l'Humanité (1989), Le Mécontemporain (1992), Charles Péguy, Lecteur du Monde Moderne (1992), Comment peut-on être croate? (1992), L'ingratitude (1999), Au nom de l’autre : réflexion sur l’antisémitisme qui vient (2003). Enseignant de philosophie, il intervient beaucoup dans les débats contemporains. Le plus récent dont l’écho s’est ressenti à travers le monde entier c’est les émeutes dans les banlieues de France au dernier trimestre 2005.

Achille Mbembe, le chroniqueur du Messager, l’a d’ailleurs vivement critiqué à la suite de l’entrevue qu’il a accordée au journal israélien Ha'aretz le 18 novembre 2005. Pour Mbembe, “Alain Finkielkraut s'est expliqué, exactement à la manière d'un colon. Il l'a fait dans une sorte de vierge énergie - en saturant les mots, en recourant à une sorte de pléthore verbale, en provoquant une suffocation des images. D'où le caractère heurté, bégayant, abrupt, et finalement haineux de son propos.” A la suite de différentes critiques, il a d’ailleurs dû présenter des excuses aux communautés noire et arabe qu’il avait appelées à l’exclusion.

Des correcteurs persistent !

Après l’exercice de réminiscence qui nous a permis de clarifier l’indentité de Finkielkraut, nous avons à nouveau joint nos sources pour savoir si un autre auteur du même nom aurait existé au XVIIIe siècle. Ces derniers ont plutôt tenté de nous convaincre que le texte proposé aux élèves était bien du XVIIIe. Le même renseignement a été pris dans plusieurs centres et tous les correcteurs avaient la même réponse : “C’est comme cela que nous l’avons perçu car les références bibliographiques étaient insuffisantes.” En effet, justifient ces enseignants, le style du texte et le ton de l’auteur n’avaient rien de commun avec le XXe siècle. “Il renvoyait plutôt au siècle que nous avons indiqué au regard des caractéristiques littéraires du texte telles que nous l’enseignons à nos élèves”, expliquent-ils.

Ainsi, cette épreuve n’a pas bouleversé seulement les élèves mais les professeurs aussi. Pour le cas d’espèce, ces derniers n’ont pas été vigilants pour se rappeler qu’au cours de l’année 2005/2006, Finkielkraut était sous le feu des projecteurs du fait de ses positions philosophiques et politiques osées. Un élève qui avait régulièrement suivi l’actualité aurait pu se remémorer. On comprend pourquoi des candidats échouent parfois. Mais la responsabilité revient aux inspecteurs nationaux qui, en principe, devraient s’assurer que les épreuves ont toutes les informations et que les correcteurs et les élèves peuvent se repérer sans grande difficulté. C’est pourquoi certains soutiennent qu’avant même que les corrections ne soient reprises, ces inspecteurs devaient déjà être sanctionnés, au moins au plan administratif. Car même si l’erreur est humaine, il faut que quelqu’un paye quelque part.


Source : Le Messager






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