Le 12 juillet 1998, même si la France n'avait pas joué la finale, Jacques Chirac aurait certainement été présent au stade de France le jour de la clôture de la Coupe du monde 1998, en tant que chef de l'Etat du pays hôte.
Mais ce jour là, lui était venu comme supporter des Bleus, avec son maillot de la même couleur qu'il n'avait pas enfilé mais brandissait gaiement. Cette fois, le 1er juillet dernier à Francfort, il n'y avait pas de doute: c'est en sa qualité de premier supporter de l'Equipe de France que M. Chirac a pris place dans les tribunes, écharpe bleu-blanc-rouge au cou. Et son équipe s'est qualifiée pour les demi-finales en dominant le Brésil (1-0). Cela fait certainement un bon point marqué par le président de la République française, au plus bas dans les sondages avec la succession des affaires Clearstream et consorts.
En cas de victoire, on a généralement l'habitude de dire que c'est la présence du responsable politique numéro 1 du pays qui a porté chance à l'équipe. Pour ce qui concerne Jacques Chirac, nous pensons que s'il y a un gain politique de ses différentes sorties avec l'équipe de France, il ne l'a guère usurpé. Songez que ce chef d'Etat s'était déjà rendu au stade Geoffroy Guichard de Saint-Etienne pour le dernier match amical de préparation de l'équipe de France à ce Mondial 2006. C'est tout de même rare de voir un chef d'Etat se déplacer pour un match amical. Et puis, c'est toujours un risque pris pour l'homme politique parce qu'il n'y a aucune garantie qu'il y aura la victoire au bout.
Le président Chirac n'est pas le seul à se déployer dans les stades de football. Ici en Allemagne, la Chancelière Angela Merkel ne manque aucune rencontre de la Mannschaft, et on a vu avec quelle joie elle est tombée dans les bras de Franz Beckenbauer après la victoire de l'Allemagne sur l'Argentine en quart de finale! L'Afrique n'était pas en reste, avec la présence en Allemagne du président ghanéen John Kufuor, venu apporter tout son soutien aux Black Stars.
On peut juste s'étonner que tout ce beau monde ne soit pas encore à l'aise pour tomber le costume de chef d'Etat ou de gouvernement pour endosser le maillot authentique de leurs équipes de cœur, une tradition inaugurée en 1995 à l'occasion de la Coupe du monde de rugby et renouvelée en 1996 lors de la Coupe d'Afrique des nations de football qu'accueillit son pays par l'ex président sud-africain, le mythique Nelson Mandela. Avec le succès que l'on connaît. Mme Merkel s'éclaterait certainement davantage, par exemple, dans un maillot blanc de la Mannschaft que dans les tailleurs stricts solidement boutonnés avec lesquels elle se rend dans les stades de la Coupe du monde 2006.
Il est indéniable que la présence du responsable politique numéro 1 du pays est toujours susceptible de galvaniser les sportifs en présence sur l'aire de jeu. Paul Biya du Cameroun s'y était essayé avec bonheur en 1993 lors du dernier match éliminatoire de la World Cup 1994 à Yaoundé et déjà le 8 juin 1990 à Milan à l'occasion du match d'ouverture du Mondiale italien Argentine-Cameroun. Sa présence, à l'invitation de son homologue français, à France 98 eut moins d'impact positif sur les performances des Lions indomptables. Mais qui sait ce qui serait arrivé si le chef de l'Etat camerounais s'était rendu au stade Ahmadou Ahidjo ce fameux 8 octobre 2005 pour le dernier match qualificatif contre l'Egypte qui coûta au Cameroun sa présence à la Weltmeisterschaft 2006!
Source : Mutations
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