Combien sont-ils les Camerounais qui savent que Dieu leu a donné un mandat sur leur pays? Victor Tonye Bakot, archevèque de Yaoundé, déclarait ce samedi dans une cathédrale Notre Dame des Victoires pleine jusque sur ses parvis qu'il en est ainsi depuis la Genèse. " Remplissez la terre et soumettez-la ", a dit Dieu, selon la Bible, à Adam et Eve, les premiers homme et femme sur notre planète, conformément à la tradition biblique. Au lieu de cela, estimait le prélat, " c'est nous qui sommes soumis par la terre " dont les richesses ont aigri le coeur de certains qui s'accaparent de ce qui pourrait faire le bonheur de la communauté.
Dans un discours qui n'alternait pas de ton, le timbre Mgr Tonye Bakot est resté ferme durant quelque vingt minutes. Sans moments de répit, comme dans les psaumes pour implorer la miséricorde de Dieu, que les fidèles ont chantés avant son homélie. Il parlait aux jeunes diacres qui allaient être consacrés durant l'office, mais aussi aux Camerounais, notamment ceux entre " les mains de qui le Cameroun est tombé. comme l'homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho [selon l'évangile du jour] et qui était tombé aux mains de malfaiteurs qui le dépouillèrent et le rouèrent de coups, le laissant mourant sur le bord du chemin".
"Le Camerounais est tombé entre les mains de ses propres compatriotes. [...] C'est de notre Eglise que doivent sortir les bons samaritains", a-t-il indiqué. Le futur prêtre, prescrit l'archevèque, devra être capable, au-delà de prêcher la Bonne nouvelle, de délivrer l'homme des chaînes où l'ont enferré ceux pour qui l'on ne doit réussir que sous la couverture ésotérique des " fraters ", de la tricherie du faux ou des pratiques démoniaques "
Ces " innombrables êtres humains " malades, marginalisés, exclus, appauvris détonnent d'avec le beau pays de cocagne que décrit le prélat en parlant du Cameroun: " une terre où coulent le lait et le miel ". La misère et la pauvreté de ces " malheureux laissés sur le bord du chemin", sont les " pires maux de notre société ". Mais le prêtre catholique de demain devra être leur soutien dans la foi: " que la maison du Seigneur soit un refuge pour eux ". Une philosophie résumée en deux mots devra lui servir de guide: l'intelligence et la prudence.
Ingérence
C'est d'ailleurs la même prudence qui a conduit le prédicateur a relever, d'entrée de jeu, que l'on ne pourra reprocher à son discours d'être une ingérence dans les affaires de la cité, gérées par le gouvernement. Les leçons du Concile Vatican II, qui ont refondé l'Eglise catholique, ne disent-elles pas que " les joies et les espoirs des hommes, des pauvres surtout, sont aussi ceux des disciples du Christ "? Aussi a-t-il jugé qu'il est " parfaitement légitime ", du haut de sa cathèdre, de critiquer le système social, économique et politique qui gère le Cameroun.
Si tout le monde peut rester indifférent à la pauvreté des Camerounais, observera encore Mgr Tonye Bakot, cela ne peut être le cas des prêtres de son archidiocèse, ni des véritables disciples de Jésus de Nazareth.
D'où l'importance, selon lui, d'adopter une pastorale qui suivrait l'atteinte du point d'achèvement de l'initiative Ppte. " La misère de ce peuple venu vous soutenir est si grande qu'il vous faudra passer de la philosophie que vous avez apprise, à celle du développement.[...] Encouragez le travail, la réussite, I'intelligence. Combattez la peur ", dira-t-il pour résumer sa pensée.
Et si d'aventure les " fraters " venaient vous narguer en demandant: " Tu penses que c'est toi qui vas changer le Cameroun ? Qui était ton père ? " Mgr Tonye Bakot a recommandé à ses collaborateurs de toujours apporter une réponse qui puisse servir à briser le cercle de " la criminalisation du bien ". Dans l'assemblée, où se serraient des familles venues prier pour leurs enfants engagés sur le chemin du sacerdoce, on a approuvé d'un "A jamais", le " Louez soit Jésus-Christ " qui a clôt le prêche de l'archevêque.
Source : Mutations
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