Professionnels et parfois simples étudiants en médecine versent volontiers dans l’art du " fœtucide ". Difficile d’avoir des chiffres, évidemment. Aucun des praticiens donnant dans cette " spécialité " ne s’en vante sur la place publique. C’est généralement quand l’affaire tourne mal, quand une jeune fille meurt des suites d’une grosse hémorragie, que le phénomène se rappelle au souvenir du public. L’avortement clandestin ? Vous ne verrez jamais une petite annonce y relative dans les journaux mais en cas de demande, l’offre apparaîtra. Et pas forcément à la portée de toutes les bourses.
Schéma classique, qui rappellera peut-être à certain(e)s une histoire vécue : une jeune fille ayant fait de " mauvais calculs " se retrouve enceinte. La petite anxiété due au retard menstruel se mue, au fil des semaines, en certitude angoissante. Peur panique chez celle qui n’attend que les résultats du Bac pour filer à l’étranger, par exemple. Ou celle dont le père ne peut simplement pas accepter un tel affront. Commence alors la quête du sauveur qui la débarrassera du fœtus encombrant. C’est là que quelques " experts " sont au rebond.
Aiguillée par une " amie intime ", Mélanie N. a rencontré un médecin du service public. Ce dernier lui a donné rendez-vous à son domicile — un quartier quasiment à la périphérie de Yaoundé — et là, elle a pu constater que le praticien était plutôt bien installé. Et qu’elle ne serait pas sa seule patiente ce jour-là. C’est que le bonhomme avait une réputation bien établie dans le domaine — au point d’être recommandé par d’anciennes clientes. Une cinquantaine de mille environ et l’affaire était réglée.
Il faut dire que l’argent circule pas mal dans ce créneau — ce qui explique sans doute pourquoi des gens ayant juré de protéger la vie étouffent si aisément leurs remords. De source informée, les coûts aujourd’hui tournent autour de 70 à 80 mille francs. " Sans compter les antibiotiques ". Certaines jeunes filles pour qui ce taux est trop élevé se rabattent chez des étudiants en médecine. Là, bien vouloir prévoir quarante mille francs. " Trente mille, si la fille n’a vraiment rien ", raconte une ancienne étudiante. Dans les deux cas, inutile de rappeler que la pratique se fait aux risques et périls des femmes voulant se libérer de l’utérus. Une infirmière responsable de centre de santé privé explique qu’il peut en résulter des traumatismes et des lésions irréversibles pour l’appareil génital féminin. Il y a pire : l’année dernière, une élève a perdu la vie suite à un avortement pratiqué par un étudiant en médecine au quartier Bonamoussadi.
Source : Cameroon Tribune
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