Pouvez-vous nous décrire les circonstances de votre départ de l’agence “ Amour du Ndé voyage ” le vendredi 23 juin 2006 ?
J’étais à bord du véhicule avec David Djomo le “ chauffeur titulaire ” du car de marque coaster tel que indiqué sur le bordereau de voyage. Au volant, se trouvait plutôt le fils du propriétaire de l’agence de voyage “ Amour du Ndé voyages ”. C’était un jeune homme d’une vingtaine d’années. Avant le départ de l’agence, nous étions déjà en situation de surcharge, car il y avait environ 40 passagers dans le véhicule, les enfants inclus. Le départ s’est passé sans problème. Mais au niveau de Nkomkana (ndlr un quartier de Yaoundé), non loin du commissariat du 8ème arrondissement, il a failli heurter un taxi. Lorsque je lui ai dit d’aller doucement, il m’a rappelé qu’il était trop pressé et qu’il devait faire escale à Bangangté avant de se rendre à Douala. Par la même occasion, le “ chauffeur titulaire ” avec qui j’étais à bord m’a rappelé qu’il a l’habitude de conduire. Le voyage s’est poursuivi jusqu’au niveau du poste de prévention routière où le chauffeur a manifesté l’intention de dépasser un cortège funèbre. Une fois de plus, puisque je suis conducteur, je lui ai rappelé qu’une barrière de police se trouvait à quelques mètres et qu’il n’était pas utile de dépasser pour s’arrêter juste devant. Le chauffeur titulaire l’a sommé de rouler doucement pour être confondu au cortège et échapper au contrôle de police. Il s’est exécuté en nous rappelant qu’il avait encore deux places à faire occuper dans son véhicule, avant que les autres cars ne prennent les devants.
Et comment est arrivé ce drame qui a arraché la vie à une trentaine de personnes ?
Quelques kilomètres seulement après la barrière de la prévention routière, le chauffeur a lancé un débordement en troisième position et dans un virage. Malheureusement, lorsqu’il a retrouvé son côté normal, un camion “ Benne ” de 10 roues a surgi en face, à vive allure. Notre chauffeur a même tenté d’esquiver. Mais, comme il roulait à tombeau ouvert, il n’a pas pu contrôler le jeu du volant. C’est ainsi que le camion (transportant du sable) venant en face et celui que nous venions de dépasser nous ont pris en sandwich. J’étais coincé dans la ferraille. Un homme vivant dans les environs est venu rapidement avec une hache pour me sauver. La fracture que j’ai au bras gauche a été causée par cette hache.
Comment êtes-vous arrivé à la Fondation médicale Ad lucem d’ Efok et quel est le niveau de prise en charge ici ?
Juste après m’avoir extrait, on m’a conduit dans un autre car de marque coaster à ce centre hospitalier. Les médecins ont immédiatement engagé la prise en charge sans demander le moindre franc. Actuellement, c’est le gouvernement qui s’occupe de nous. Mais je dois grandement féliciter les médecins de cet hôpital car ils nous ont sauvés la vie sans demander au préalable l’argent. C’est ce que les autres hôpitaux doivent copier car la santé n’a pas de prix.
Source : Le Messager
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