...les allées et venues, dans la pièce faiblement éclairée, se faisaient sans entraves.
L’ambiance était en effet moins tendue que le 28 novembre 2003, lorsque le tribunal de grande instance (Tgi) du Mfoundi rendait le premier verdict dans le dossier de détournement de deniers publics au ministère des Postes et Télécommunication (Minpostel) au cours de l’exercice budgétaire 1997-1998. Un verdict sans pitié pour l’ex-ministre, Mounchipou Seidou, ses collaborateurs inculpés et des fournisseurs de services qui s’étaient vus condamner à des peines de prison allant jusqu’à 20 ans.
Hier, devant les visages angoissés des proches et parents des anciens responsables du Minpostel, la cour d’appel du Centre, composée des juges, Mme Mangué, M. Tabi et M. Mandeng, a finalement rendu son verdict après deux reports successifs.
L’ex-ministre, Mounchipou Seïdou, l’ex-directeur des Télécommunications, Dieudonné Angoula, l’ex-directeur adjoint des Affaires générales, Chrisppo Meli Ngninzeko, l’ex-chef de service des Infrastructures, Motapom ainsi que les prestataires de services, Nadine Ongolo, Emmanuel Bayiga et Ngou Jean, ont chacun écopé de la peine de 15 ans de prison ferme. Soit un allègement de 5 ans sur la peine initialement prononcée par le tribunal de grande instance et qu’ils purgent depuis à la prison centrale de Kondengui.
2,25 milliards Fcfa
En revanche, l’ex-contrôleur financier, Caroline Abah Abah acquittée en 2003 par le tribunal de grande instance pour faits non établis, a été déclarée coupable de complicité de détournement de deniers publics par la cour d’appel, rejoignant ainsi son adjoint, Pierre Njiki, qui avait déjà connu le même sort.
La peine de l’ex-contrôleur financier, qui n’était pas présente devant la barre hier, n’est cependant pas privative de liberté, elle est simplement condamnée à une peine d’amende et devra, solidairement avec les autres condamnés, payer les dommages et intérêts réclamés par le ministère des Postes et Télécommunications, partie civile dans ce procès. A ce sujet, la cour d’appel a accédé à la demande formulée par les avocats du Minpostel, visant à revoir à la hausse les dommages et intérêts alloués par le Tgi. Ceux-ci sont passés de la somme de 1 milliard Fcfa à 2,25 milliards Fcfa.
Plus que les autres condamnés, Nadine Ongolo, qui avait déjà défrayé la chronique pendant les débats en accusant ouvertement certains membres du gouvernement (Grégoire Owona et Emmanuel Edou) d’être responsables de tous ses malheurs, s’est à nouveau illustrée en manifestant bruyamment sa désapprobation à la lecture du verdict. "Donnez-moi de l’eau de javel" a-t-elle tempêté, indiquant sa volonté de se donner la mort, avant d’implorer la colère de Dieu contre ceux qu’elle considère comme ses bourreaux.
Plus discrets, les parents et proches du ministre Mounchipou se sont pour leur part contentés d’écraser quelques gouttes de larmes dans cour du palais de justice. Tandis que l’ex-ministre quittait, avec son flegme habituel, la salle d’audience pour rejoindre le pénitencier de Kondengui, ses avocats prenaient déjà l’engagement d’introduire un pourvoi en cassation, un ultime recours auquel les avocats de Caroline Abah comptent également faire pour essayer de la disculper.
Source: Quotidien Mutations
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